THE INTERSPHERE (de) - Relations In The Unseen (2014)
Label : Long Branch Records
Sortie du Scud : 10 mars 2014
Pays : Allemagne
Genre : Alternatif progressif
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 47 Mins
J'ai déjà chroniqué en ces colonnes le second album des allemands de THE INTERSPHERE, et j'en avais dit tout le bien que j'en pensais. Entre temps est sorti Hold On, Liberty!, qui confirmait les espoirs placés en eux, et me voici face aujourd'hui à leur quatrième effort, Relations In The Unseen qui ne fait qu'entériner l'opinion positive que j'avais d'eux.
Imprévisibles, THE INTERSPHERE le sont assurément. Ils aiment la concision, et refusent plus de cinquante minutes d'enregistrement, mais sont pourtant si volubiles et versatiles. Ils mangent à tous les râteliers, mais ne donnent jamais le sentiment d'être des crève la faim de l'inspiration. Ils sont puissants, mais pas agressifs. Mélodiques, mais pas mielleux. Ils animent au sein d'un même morceau un cirque bigarré, mais sont concentrés sur l'essentiel. En gros, ils restent les électrons libres que j'ai connu il y a deux ans, et que j'ai adorés.
Et sous un artwork impeccable une fois de plus signé Pierre Schmidt, ils nous délivrent une collection de hits en puissance, qui associent avec une adresse incroyable des refrains mémorisables, des arrangements savants, des couplets tout sauf évidents, et une ligne de conduite qui refuse toute catégorisation. Lorsqu'on écoute Relations In The Unseen, on pense Pop, Rock, Alternatif (Dieu, que je hais ce mot...), Hard même parfois, mais surtout, on pense musique, danse, énergie, exutoire. Un exutoire à la grisaille quotidienne qu'ils chassent d'un revers de chorus addictif, d'un passage Punk incongru, ou d'une ligne vocale doucereuse et enchanteresse. Cet album pourrait rythmer nos journées, tant il passe par une multitude d'émotions complémentaires, et creuse le sillon d'un manque de communication du à une ignorance profonde d'autrui.
Sans verser dans le concept, la communication et la connaissance de l'autre sont les deux thématiques ce cet album, qui explore les points commun entre chacun d'entre nous, points communs le plus souvent ignorés. Car sans le savoir, nous partageons des choses, et principalement j'en suis sur, l'affection que l'on portera à cet album simple, mais beaucoup plus fouillé qu'il n'y parait.
Tout comme Interspheres >< Atmospheres, Relations In The Unseen refuse les conventions et les structures Pop/Rock de base, sans pour autant tomber dans l'expérimentation. Les membres de THE INTERSPHERE sont beaucoup trop intelligents pour tomber dans le piège, et restent constamment à la lisière, sur cette ligne fine qui sépare le standardisé du fouillis créatif. Et de bout en bout, ce nouvel album fascine, divertit, stimule, en proposant des chansons pures, aux harmonies travaillées, dont le secret n'appartient qu'à ses concepteurs. Si le moteur Rock tourne à plein régime, les nappes harmoniques ne sont jamais loin. Si la mélodie se fait reine, les soudaines montées d'adrénaline surgissent tout à coup. Si le propos semble trop précieux, la rigueur Punk transperce la carapace. Et il n'est pas anodin de commencer un album avec un pamphlet aussi immédiatement Pop/Rock que "Relations In The Unseen", et de l'achever par une perle dentelée comme "Golden Mean"...
Ces deux extrêmes vous placent au centre de l'univers du groupe. Un groupe qui cherche toujours une approche différente, qui veut bien faire du Rock, mais en trouvant une entrée cachée, qui cisèle l'harmonie, mais en une découpe personnelle et inédite. Qui souffle le chaud et le froid, qui refuse de laisser l'auditeur tomber dans la torpeur, ou la routine.
De toute cette nouvelle génération de groupes qui reprennent à leur compte l'héritage des 90's, THE INTERSPHERE sont les seuls à s'éloigner d'un modèle proto-teen qui ne leur convient pas.
Lorsque la tonalité se veut Pop, comme sur "Thanks For Nothing", ils s'arrangent toujours pour dynamiser le tout d'un rythme qui s'emballe et cherche la figure inédite, ou d'un riff costaud sorti de nulle part. Lorsque les guitares se font aériennes, la basse et la batterie viennent épaissir le propos et l'alourdir pour ne jamais laisser le morceau verser dans le trop plein de sentimentalisme ("Out Of Phase"). J'avais déjà souligné lors de ma précédente chronique tout le talent de percussionniste (je n'emploie pas le terme batteur à dessein...) de Moritz Müller, et je confirme ici tout le bien que je pense de lui. Mais chaque musicien apporte sa pierre à l'édifice, par l'utilisation de son instrument bien sur, mais aussi par ces choeurs superbes qui enjolivent bien des titres et qui ne sont jamais gratuits.
Bien que non conceptuel, Relations In The Unseen se prend dans sa globalité. Il est difficile d'en extraire un segment, tant tous les morceaux sont forts et possèdent leur identité propre. Mais outre les morceaux déjà cités, j'ai particulièrement apprécié "Origin Unknown" pour ses harmonies acides et son tempo lourd qui pourtant vous fait décoller, "Tonight" pour sa Pop assumée et son côté MADINA LAKE adulte, "Joker" pour sa basse bondissante et son refrain digne du Top 20, et "The Ones We Never Knew" pour son petit piano d'intro si puéril et son ambiance spatiale.
Heavy ? Non. Hard ? rarement. Mais qu'importent les qualificatifs, qu'importent les catégories, car THE INTERSPHERE se moque des cloisonnements, et n'utilise les ingrédients que pour la richesse qu'ils peuvent apporter à l'ensemble.
Alors peu importe que la frontière entre le Rock et la Pop soit souvent franchie, peu importe que ce groupe et cet album n'aient pas grand chose à faire ici, tant la musique proposée est riche, précieuse, et mérite d'être écoutée, réécoutée, comprise, assimilée et retransmise.
Je vous donne les clés, à vous d'ouvrir la porte ou non. Il faut parfois savoir s'évader de son monde, pour rencontrer ceux qui vivent à l'extérieur, et comparer ses envies, ses buts, ses points communs. Et Relations In The Unseen pourrait en être un, partagé par des milliers de personnes.
Ajouté : Dimanche 27 Juillet 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Intersphere Website Hits: 11026
|