THE DEVIL WEARS PRADA (usa) - 8:18 (2013)
Label : Roadrunner Records
Sortie du Scud : 17 septembre 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 44 Mins
Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez, car on donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il croit avoir. (Luc, 8:18)
J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. (Romains, 8:18)
Je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m'a envoyé rend témoignage de moi. (Jean, 8:18)
Avec moi sont la richesse et la gloire, les biens durables et la justice.(Proverbes, 8:18)
Moi aussi, j'agirai avec fureur. Mon œil sera sans pitié, et je n'aurai point de miséricorde ; quand ils crieront à haute voix à mes oreilles, je ne les écouterai pas. (Ezéchiel, 8:18)
J'aurais aimé leur dédier celle qui vient du livre d'Ezéchiel, mais je crains que la vraie raison pour laquelle THE DEVIL WEARS PRADA a intitulé son nouvel album 8:18 ne soit pas exactement celle-là. Comme vous pouvez le constater, vous avez l'embarras du choix pour tenter de comprendre pourquoi. Pourquoi, après deux ans d'un silence désagréablement rompu par le médiocre live Dead & Alive, les Américains nous reviennent avec un cinquième opus teinté d'intentions bibliques. Cela a toujours été plus ou moins le cas, depuis l'époque d'un Plagues béni des dieux ou d'un With Roots Above And Branches Below, dont l'efficacité clinique symbolise la période post-intellectualisation de ce Metalcore / Deathcore aux relents nacrés de Taft Power Gel. Puis vint Dead Throne, le début de la fin ou la fin du début, c'est selon. Un virage organique et binoclard au cœur d'un univers stéréotypé, annoncé avec beaucoup de splendeur sur l'EP Zombie (2010) par le biais de morceaux devenus phares, "Outnumbered" en tête de peloton.
Pour la première fois depuis sept ans, l'ombre d'un changement faisait bruisser la surface du sol. Pour la première fois depuis sept ans, un album de THE DEVIL WEARS PRADA sortira sans que James Baney, leur claviériste historique, n'y soit impliqué. Johnathan Gering a pris les synthés sur cette sortie, sans que sa participation de haut-vol ne remette en cause sa non-intégration au sein de TDWP. Pas encore. Pas tout de suite. Il faut d'abord que 8:18 prouve sa rentabilité, que le teenager sudoripare qui a frappé du pied sur "Hey John, What's Your Name Again ?" comprenne pourquoi il adhère avec tant d'insistance à des morceaux comme "Martyrs", "Rumors" ou "Transgress", radicalement différents. Nul doute que s'il en prend conscience, il se sentira suffisamment armé pour affronter une lecture détachée des Saintes Ecritures. En bonne vieille vache à lait, juteuse et productive, la formation n'a pas hésité à faire dans la grivoiserie. Les vieilles ficelles (chant clair de Jeremy DePoyster, râles gutturaux de Mike Hranica, breakdowns noyés sous les samples) enlacent une nouvelle façon de construire, plus mathématique, plus ésotérique. L'illusion de la maturité est là, la descente meurtrière vers le monde de la Pop Music aussi. J'ai lu quelque part que WE CAME AS ROMANS avait linkin-parkisé son dernier effort, Tracing Back Roots. Je trouve que le néologisme s'applique avec encore plus de singularité à 8:18. On ne parle pas que de musique, de notes, d'accords, on parle de démarche. Les mélodies sont faciles, les rythmes accessibles, les sucres ajoutés. Et toujours avec le même feeling, la même vista, le même culot (impertinence ?), THE DEVIL WEARS PRADA rendra son album profondément magnétique. Vapeurs new-yorkaises de Post-Hardcore sur l'éponyme, refrain entêtant sur "Rumors", vol par-delà les étoiles sur la très arrangée "Care More", nervosité de circonstance sur "Number Eleven", on ne compte plus les détails, les humeurs, les paradoxes qui font de cet enregistrement une œuvre solide, ponctuellement magique, et forcément, puisqu'il s'agit d'eux, un brin superficielle.
Vous croyez toujours en leur bonne foi, en ce concept miséricordieux de talent à la portée de chacun ? Réveillez-vous, THE DEVIL WEARS PRADA ne fait qu'emprunter un chemin post-cérébral-façon-mon-cœur-saigne, sauf qu'à chaque fois, ils ravivent la petite lumière vacillante qui menace de s'éteindre, et que cette lumière éclairerait suffisamment Jerusalem's Lot de nuit pour en chasser sa population atypique. Produit de plastique mais émotions viscérales, 8:18 n'en finira pas de prendre le contre-pied de ceux qui attendaient enfin un vrai mauvais album pour demander le divorce.
Ajouté : Lundi 21 Avril 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Devil Wears Prada Website Hits: 6032
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