POWERWOLF (de) - Preachers Of The Night (2013)
Label : Napalm Records
Sortie du Scud : 19 juillet 2013
Pays : Allemagne
Genre : Heavy Power Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 46 Mins
Alléluia. Amen. En ce mois de juillet 2013, l'heure est plutôt à la détente, aux doigts de pieds en éventail, au sable chaud qui brûle la voute plantaire qu'aux cérémonies liturgiques. Pourtant, les cinq prophètes de POWERWOLF n'ont pas l'esprit farniente. Pire encore, avec la sortie de leur cinquième album, Preachers Of The Night, ils nous convient de force à un office absolument immanquable. Ce n'est pas tant une histoire de foi, c'est une histoire de communion, de foule, de musique, et quelle musique ! Depuis son Bible Of The Beast de 2009, les loups ont changé de dimension. Considéré par certains comme un faire-valoir, le combo allemand a su construire autour de lui une image céleste qui l'a propulsé dans le c(h)œur de certains (dont le mien), parmi les meilleurs groupes de Heavy Metal moderne. Associant à sa musique un visuel symbo-logique tournant autour de l'Eglise catholique, de ses rites, de ses codes, POWERWOLF a déjà marqué de son empreinte, de sa griffe, le Metal. Preachers Of The Night, cinquième sacrement placé sous l'égide de l'onction des malades, fera assurément quelques miracles. Feuille de messe.
Accueil : Fort d'un "Amen & Attack" percutant, POWERWOLF rompt d'emblée avec son cycle des introductions fantasques et mystiques. Point de "Prelude To Purgatory" ou d'"Agnus Dei". Ici, l'office démarre plutôt brutalement avec leur inévitable touche lycanthropique, un avant-propos en bon latin dicté de la voix de maître d'Attila Dorn. Pour autant, ce premier morceau, bien que dynamique et simpliste avec son refrain basique, n'atteint pas l'immédiate transcendance d'un "Sanctified With Dynamite". Une ombre de faux-départ plane déjà sur Preachers Of The Night.
Pardon : Parmi les nombreux temps forts qui garniront cet opus, "Secrets Of The Sacristy" est indiscutablement le premier. Il lève par la même occasion le voile sur mes premiers doutes. Très théâtral, très organique, il se rappelle au bon souvenir d'un "Seven Deadly Saints" surjoué, la grandiloquence en plus. Rythmiquement, si le départ est canon, le contenu m'a laissé un peu plus sur ma fin avant de me combler d'ivresse au cours d'une dernière minute sur laquelle l'association solo-pont-refrain fait un véritable tabac !
Psaume : Beaucoup plus Heavy et tempérée, "Coleus Sanctus" est l'archétype de la compo qui va crescendo. C'est aussi le moment de repérer la finesse du jeu de Roel Van Helden, un batteur qui accompagne la doublette Matthew et Charles Greywolf (aux guitares) à la perfection. Comme souvent, POWERWOLF nous gratifie en bout de course d'un passage plus posé avant de mettre les bouchées doubles, accentuant par la même occasion ce côté royal et majestueux, même si le titre en lui-même n'a rien d'exceptionnel.
Acclamation : Sorte de "We Drink Your Blood" revisité, "Sacred & Wild" n'aura pas mis longtemps à faire ses preuves. C'est simple, plus je l'écoute, plus je suis convaincu qu'avec cette composition, POWERWOLF vient de sortir l'un des trois meilleurs titres de son répertoire. Tout y est : refrain à scander, couplets martiaux, l'orgue enflammé de Falk Maria, break mystérieux, petite mélodie de boite à musique, solo aussi court qu'intense et conclusion sous forme de feu d'artifice. Et le hasard de l'organisation de la tracklist fait plutôt bien les choses, car je n'aurais acclamé aucune autre chanson comme j'ai acclamé ce brulant "Sacred & Wild".
Prière universelle : Le moment le plus long d'une messe coïncide bizarrement avec le moment le plus long de cet album. Même si avec "Kreuzfeuer", POWERWOLF renoue pour la première fois avec ses origines germaniques, le tempo lourd et hypnotique généré par ce morceau est assurément un temps creux au cœur de Preachers Of The Night. C'en est même plutôt surprenant, car j'étais convaincu qu'en réintroduisant la langue de Goethe dans son œuvre (langue ô combien efficace quand on sait la manier), les loups allaient frapper un grand coup !
Credo : Complètement imprévisible et surfaite, "Cardinal Sin" renoue avec le POWERWOLF classique. La plupart du temps efficace mais rarement inoubliable pour le commun des mortels. Avec ses faux-airs "Secrets Of The Sacristy", elle suffira à faire redémarrer l'album sur des bases plus classiques, avec son refrain sombre et ténébreux et ses rythmiques affamées.
Offertoire : A l'image de "Phantom Of The Funeral" sur Blood Of The Saints, "In The Name Of God" sera le titre le plus anecdotique de cet opus. Drôle de croisement entre "Midnight Messiah" et "All We Need Is Blood", il sera la transition entre l'eucharistie et le recueillement, le moment où l'on pourra se permettre de faire vagabonder son esprit sans avoir l'impression d'avoir manqué un morceau de l'intrigue.
Sanctus : On le sait, POWERWOLF a, comme RAMMSTEIN ("Moskau"), un sérieux penchant pour la Russie. Après avoir sorti "Moscow After Dark" sur Bible Of The Beast, la meute s'attaque à un monument de la littérature fantastique russe : Les Sentinelles De La Nuit ("Nochnoi Dozor"), épopée fantaisiste regroupant magiciens, vampires, loups-garous, sorcières et succubes. Et d'emblée, ce morceau qui fait effectivement très "pays de l'Est", prend à la gorge avec son riff simple et son refrain envolé. A ce moment, on ne le sait pas encore, mais les Allemands vont perpétuer leur habitude d'un final en beauté (ou presque).
Agnus : Considéré par certains comme une piste de remplissage, je reste convaincu que "Lust For Blood" est une création mal comprise. Certes, POWERWOLF n'y fait pas de miracle et évolue sur une sorte de faux-rythme, mais les chœurs sont présents et le refrain, tout en retenue, est parmi les plus entêtants de ce CD. Parfait pour aider le Christ à expier le péché de l'humanité.
Communion : Quel chrétien digne de ce nom ne rêve pas d'accueillir le Seigneur dans son âme ? C'est généralement ce qui se fait de façon très imagée lors de la communion, un moment d'une rare intensité spirituelle pour ceux qui y croient. Et moi, je crois que le morceau choisi pour accompagner cette quête fait partie des meilleurs compositions de Preachers Of The Night, juste derrière "Sacred & Wild". Le solo de guitare final est très intense, de même que le court couplet qui précède le refrain et qui revient avec insistance. Attila Dorn est au top de sa théâtralité et fait d'"Extatum Et Oratum", une des rares compos à surnager.
Envoi : Pas de surprise. Tout comme "Ira Sancti (When The Saints Are Going Wild)" ou la superbe "Wolves Against The World", POWERWOLF nous gratifie pour conclure d'une balade longue et lente, sans réelle profondeur. Un moment plus spirituel que technique qui est très en-dessous de ce qu'ils ont pour habitude de faire et assez décevant au moment de renvoyer les fidèles dans le monde réel.
Avec Preachers Of The Night, les teutons s'inscrivent dans la continuité de Blood Of The Saints, parvenant même à égaler ce glorieux prédécesseur en termes de créativité et de technicité. Certes, certaines propositions seront moins marquantes ("In The Name Of God (Deus Vult)", "Kreuzfeuer"), beaucoup plus superficielles, mais POWERWOLF, par le biais de "Sacred & Wild" et de "Extatum Et Oratum", prouve aussi qu'il est définitivement l'un des meilleurs groupes de Heavy actuellement, capable d'écrire hymne sur hymne et de cacher le tout derrière une imagerie divine et une bonne dose de cynisme et de pompeux. La messe est dite, alors pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ?
Ajouté : Mardi 11 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Powerwolf Website Hits: 15140
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