Quelle charmante idée, deux semaines après la fin du Ramadan 2012, que d'avoir sorti cet EP avec cette pochette. Soit les coreux de MARTYR DEFILED ont la vanne un peu osée, soit ils ont trop regardé Saw. L'un dans l'autre, il y a un problème, et je ne me doutais pas que le leur était aussi profond. Ma rencontre avec ces anglais remonte à 2010, du temps d'un premier album (Collusion) assez intermittent et brouillon. Cependant, je n'ai pas oublié "Archae", je n'ai pas oublié ce frisson, distillé par une conclusion trop poétique et sincère pour un disque de Brutal Death / Deathcore franchement moyen. Et comme la mode est aux EP, en bons suiveurs, MARTYR DEFILED y est allé de son petit coup d'essai avec In Shadows, toujours sous la houlette de Siege Of Amida Records mais sans Dave Parker (guitare) et Alex Micklewritght (batterie), remplacés respectivement par David Trees et Richard Duffin. Et à part son côté stérile, le seul point commun entre les deux sorties susnommées sera le smoking qui habille le porc de la pochette, toujours pas repassé pour l'occasion. Même leur logo "historique" n'aura pas résisté au temps du changement.

Changement. Le mot est peut-être un peu fort, car Dieu sait que de passer du Brutal Death au Deathcore n'est pas un changement très spectaculaire. Quoique, dans le cas de MARTYR DEFILED, la scission est quand même flagrante. Une grande place est désormais consacrée aux breakdowns, plaque tournante de cette galette. Ils sont servis à toutes les sauces, éparpillés comme de vulgaires cadavres dans les ruines du train qui reliait Madrid à Saint-Jacques-de-Compostelle (paix à leur âme, évidement). De temps en temps, un motif mélodique très artificiel vient enfreindre la loi n°1 de notre combo : ne pas se montrer trop créatif. C'est le cas sur "Black Mesa" mais aussi sur une "r/Evolution" complètement inoffensive et téléphonée. "Vultures" redresse brièvement la barre avec l'improbable James Dexter invité au micro (peut-être celui qui sévit chez DEMORALISER ?) mais c'était trop vite oublier la règle n°2 : on change de guitariste et de batteur, mais pas de finalité. A ce titre, les riffs sont comme ils ont toujours été : tristes, prévisibles et entendus des centaines de fois. La batterie, quant à elle, conserve son synthétisme et ses patterns robotiques. Mieux encore, ce nouveau batteur est un poil moins besogneux que son prédécesseur, ce qui n'aide assurément pas In Shadows à trouver un rythme. 22 minutes pour 7 titres, des morceaux pas toujours mauvais mais rarement plaisants, un micro-virage stylistique qui n'était peut-être pas à envisager maintenant et c'est tous les espoirs placés en MARTYR DEFILED qui s'envolent. Car assurément, à l'image d'ANNOTATIONS FOR AN AUTOPSY, ces Anglais auront choisi la mauvaise voie et ne s'y désolidariseront pas de sitôt. Le maigre intérêt, la bribe de pertinence aperçue sur Collusion via "Archae" n'a plus de raison d'être et à vrai dire, on s'y attendait un peu.

Sans aller jusqu'à dire que ce syndrome de l'EP foiré est un signe de fatalité, la progression (ou plutôt régression) affichée par ce groupe est bien symbolique de ce qui arrive au Deathcore. De plus en plus de formations issues de la scène Brutal Death veulent s'y faire une place sans même comprendre que ce style que j'ai adoré mais qui s'essouffle n'est plus un eldorado. En attendant, on pourra facilement faire l'impasse sur In Shadows sans ressentir le moindre manque.