ERESIS (FRA) - Shedding Madness (2013)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 13 mai 2013
Pays : France
Genre : Metal Progressif épique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 74 Mins
La reine des étoiles est tombée dans la capitale. Elle vagabondait de constellation en constellation, à la recherche d'âmes et d'oreilles à convertir, quand son pied buta sur l'antenne de la Tour Eiffel. Et sans autre forme de procès, elle investit la ville, fait infuser son aura dans les rues du vieux Paris, touchant au passage des contingents de touristes asiatiques prêts à vendre père et mère pour une photo au musée du quai Branly. Lentement, ERESIS va toucher terre. Derrière ce nom signifiant "Reine des étoiles" en sumérien, cinq musiciens. Derrière leur premier album, Shedding Madness, 8 titres, 74 minutes. Je vous laisse faire le calcul. Avec un rapport de 9 minutes par morceau, c'est désormais limpide, à tel point que j'en suis arrivé à une conclusion absolument édifiante ! ERESIS n'est pas un groupe de Grind. Conscient de ne pouvoir collecter davantage de certitudes, je me suis lancé à l'aveugle dans cet opus, en oubliant bêtement de faire mes valises.
Shedding Madness est un voyage et à l'heure où la rentrée approche, il n'était pas prévu d'en faire un autre. C'était sans compter sur la volonté primaire du quintette de nous dépayser. Mission totalement accomplie, même s'il a fallu du temps. Du haut de ses 74 minutes, ce premier opus demande énormément d'investissement, de concentration. Il faut suivre le rythme poétique imposé par ces mecs qui, vous l'aurez surement deviné, exercent dans un Metal progressif complètement épique et échevelé. Mise à part la rencontre avec Nicolas Cudorge, dont le timbre de voix profond a quelque chose de très théâtral, un peu façon Broadway, il ne se passe pourtant pas grand-chose durant les premières minutes. L'entame me semble un peu timide, trop décousue et volatile pour marquer les esprits. Le premier vrai choc s'appelle "Through The Eyes Of Gods". Rythmique posée, mélodies épiques, vocalises larmoyantes (cette pointe à 4'38 !), pour la première fois, ERESIS retient mon attention, m'invite sur son nuage. Et à partir de ce moment, Shedding Madness ne cessera de prendre de l'ampleur, de gagner en intensité, au point de nous faire totalement oublier la couleur des murs de la pièce dans laquelle on se trouve. C'est comme un avion au décollage. On prend de la vitesse et à l'instant T, on se retrouve collé au fond de son siège, l'estomac en vrac, le sol s'éloignant avec une prodigieuse rapidité. Et même si "Tales Of The Green Fairy – The Customer" sera une composition plus apaisée, plus soft, même si "Masters Of The Invisible" fait dans une alchimie un peu moyenâgeuse avant de s'emballer sur des motifs jazzy, même si "The Aynans" ressemble à la quintessence de l'entité ERESIS, on ne peut s'ôter de l'esprit l'idée que la musique ces Parisiens est une invitation à la rêverie, à l'introspection. Plusieurs nuances techniques, plusieurs aspérités vocales, un lot incroyable d'influences, d'accélérations, de décélérations, le tout enrobé dans un cirrus Rock Prog. L'effort collectif est définitivement à saluer même si, sans se mentir, la performance illuminée d'un garçon comme Nicolas Cudorge sera particulièrement remarquée.
Sous couvert de textes mêlant ésotérisme et mystique, d'une musique intelligente et composée (ce mot reprend un peu de sa signification première sur cet album), ERESIS vient de célébrer une union heureuse. Oui, c'est du Metal au sens très progressif du terme, mais joué dans ces conditions, avec cette envie, cette chaleur, ce talent, on en oublierait presque la notion du temps. ERESIS guide nos pas vers quelque chose d'infiniment poétique et stellaire, qui n'a simplement plus grand-chose à voir avec le Metal.
Ajouté : Mardi 11 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Eresis Website Hits: 6480
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