REAPTER (it) - M.I.N.D (2013)
Label : Buil2kill Records
Sortie du Scud : 1er avril 2013
Pays : Italie
Genre : Thrash / Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 39 Mins
Il est frappant de constater que dans une ville comme Rome, ô combien ancestrale et chargée d'Histoire mais désespérément crasseuse, poussiéreuse et jonchée de déchets humains, certains entament en musique un semblant de spring cleaning. Il est frappant de constater que depuis des années, au cœur du Thrash Metal, style ô combien ancestral et chargé d'Histoire mais désespérément soumis aux conventions et sujet à l'entartrage, certains cherchent à lui offrir une seconde jeunesse. Eternelle ? REAPTER cumule les bizarreries, les paramètres peu orthodoxes, les coïncidences de caniveau, comme de vouloir passer un coup de Swiffer sur une musique qui, à mon humble avis (et n'y voyez aucun sous-entendu vaseux), mérite un bon coup de Karcher. Le tout dans une capitale italienne, camaïeu de couleurs ternes ou brûlées par un soleil de plomb, l'antihéros de Madame Doubtfire.
Pardonnez cet ersatz de hors-sujet. Je ne me suis pas encore remis des émotions collectées dans la cité aux sept collines et derrière cette prose à deux balles, un seul constat. Avec M.I.N.D, son premier album (paru en 2010 mais réédité en 2013 par Buil2kill Records), REAPTER fait dans le Revival Thrash à l'européenne. "A l'européenne" parce que HAVOK, VEKTOR, MUNICIPAL WASTE, WARBRINGER et les autres n'en sont pas. Et au final, qu'il est méritant ce Thrash Metal. De SLAYER à METALLICA, d'ANTHRAX à OVERKILL, les Italiens ont emmagasiné, suffisamment pour rendre leur disque hautement crédible. Avec "Zarathustra", REAPTER commence par se donner une bonne conscience philosophique. Référence nietzschéenne à l'appui, nos malfrats se lancent dans une course contre la montre sans merci. Et bizarrement, s'ils ont effectivement choisi de donner une seconde jeunesse au Thrash, on remarquera surtout dans un premiers temps leur côté old-school ("Self-Destruction"). Ce n'est qu'à l'arrivée d'une chanson comme "Carnage", très martiale et Heavy, que les Italiens dévoilent leur visage le plus évolutif. Respectueux des consignes, parfois même un peu trop ("Speak My Name"), on leur préférera la douce folie d'un "Run For Glory" à la cadence robotique mais au groove assumé. C'est principalement dans ces moments légers, qui se jouent de l'institution, que M.I.N.D prend un virage stupéfiant et décape son style de prédilection. Sans forcément en faire trop, fort d'un chanteur au timbre naturel, se permettant même une petite power-balade ("Pain"), ce premier essai fait un bien fou. Il confirme surtout la tendance qui fait de ces groupes émergents talentueux une bonne raison de ne plus se limiter aux classiques. Car REAPTER n'est pas un faire-valoir, une voiture-balai ou un second couteau. C'est un pur groupe qui cristallise sa passion en musique et qui n'a pas pour ambition de ressortir un Master Of Puppets, un Bonded By Blood ou un Rust In Peace 2.0. A l'endroit où des formations comme EVILE ou VIOLATOR semblent avoir trois trains de retard, eux légitiment leur place à grands coups de fraîcheur, d'idées neuves et d'allant. L'album se terminera un peu prématurément et trop brutalement à mon goût avec un "Sea Storm" ultra-mélodique, un poil épique, comme pour achever de nous convaincre que ces Transalpins ne boudent jamais la moindre oscillation stylistique, tout en restant profondément fidèles au patrimoine de "La Baie".
Pour avoir constaté de mes propres yeux (et oreilles) que les VEKTOR, SSS, GAMA BOMB et compagnie font actuellement très bonne figure aux côtés d'un Dave Mustaine en état de délabrement avancé (pour ne pas dire en phase terminale, par respect pour tous les cancéreux de ce monde), je préfère cent fois chouchouter un groupe comme REAPTER. Ce n'est pas une question d'être "true"ou que sais-je et loin de moi l'idée de vouloir minimiser l'aura d'un MEGADETH ou d'un METALLICA. Mais avec des albums comme M.I.N.D entre les mains, qui transpirent l'effort, la perspicacité et la lucidité, il ne peut en être autrement. Le futur est là, pas dans le rétro.
Ajouté : Samedi 08 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Reapter Website Hits: 6038
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