MAEL MORDHA (ie) - Damned With Dead (2013)
Label : Candlelight Records
Sortie du Scud : 9 septembre 2013
Pays : Irlande
Genre : Metal gaélique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 47 Mins
Dans l'ancienne Irlande, en l'an 998, le Roi de la province de Leinster, dénommé Mael Mórdha, mena une sanglante rébellion contre le Roi d'Irlande, Brian Ború. Les hostilités atteignirent le summum de la violence lors de la bataille de Cluain Tarbh, où tant de grands guerriers et de leaders de l'Ancienne Irlande accomplissaient leur destin, tandis que le vert pays irlandais fut bientôt rougi par le sang. 1000 ans plus tard, 5 guerriers commencent un autre combat, portés par cet héritage sanglant, et inspirés par leurs glorieux ainés. MAEL MORDHA se forme officiellement en 1998, et en dépit de ses 3 albums (Cluain Tarbh en 2005, Gealtacht Mael Mórdha en 2007 et Mannanàn en 2010), ce quintet irlandais souffre encore d'un certain anonymat.
Il faut dire que MAEL MORDHA, encore plus sur ce nouvel opus intitulé Damned With Dead, évolue dans l'ombre d'un précurseur du genre, un autre quintet à l'aura incomparable... Ce PRIMORDIAL mené par le charismatique Alan Averill Nemtheanga. Les deux groupes ont même publié ensemble un split-CD en 2005. Et la musique de MAEL MORDHA se rapproche sans scrupule du style pourtant atypique de PRIMORDIAL : des chansons qui lorgnent aisément vers les 7 minutes, la voix de Roibéard Ó Bogail qui s'élève comme les plus belles complaintes de Nemtheanga, des guitares aux harmonies toujours travaillées et souvent mélancoliques, un mid-tempo général qui ne varie pas des masses. L'introduction affolante de "Dawning Of The Grey" n'est qu'un leurre, alors que le titre ultime et éponyme flirte avec le Doom.
Il existe cependant quelques différences entre les deux combos. A l'inverse d'Alan Averill, le frontman de MAEL MORDHA ne se risque jamais dans un registre plus agressif, à l'exception peut-être de quelques growls sur "Damned With Dead". Mais il chante avec la même passion que son compatriote, on ne peut lui enlever ça, comme si ces gars-là étaient habités par leur Histoire, leur passé. Et puis le gusse est suffisamment occupé avec ses flûtes irlandaises qui ajoutent un certain charme folklorique à MAEL MORDHA, le temps des "Laudabiliter", "King Of The English" ou "The Sacking Of The Vedrafjord".
En revanche, point d'arpèges en guise d'introductions, même si les premières notes de "King Of The English" pompées sur "The Gathering Wilderness" de PRIMORDIAL, seront l'exception qui confirme la règle. MAEL MORDHA, dans l'idée de se démarquer, préfère privilégier d'autres éléments (comme la basse de Dave Murphy sur "All Eire Will Quake"). Même dans les breaks et le jeu du batteur Shane Cahill, difficile de ne pas penser au combo de Skerries et à son cogneur Simon O'Laoghaire. Quant aux guitares de Gerry Clince et Anthony Lindsay (qui aurait quitté le groupe depuis peu), si elles donnent l'impression de ne point insister sur une trame tragique récurrente, tout n'est qu'illusion, puisque ces harmonies très travaillées ("Dawning Of The Grey", "The Sacking Of The Vedrafjord") évoquent malgré tout une mélancolie bien familière. Le temps de quelques instants, on se surprend même à distinguer l'influence du vieux PARADISE LOST sur les lead et autres thèmes dramatiques d'un "All Eire Will Quake" ou d'un "Damned With Dead". Car là où MAEL MORDHA excelle et se met en marge, c'est dans l'utilisation inhabituelle (dans le genre) de phrasés bienvenus.
Ce que partagent également ces deux bandes irlandaises, c'est ce goût prononcé pour la tradition martiale, ce souffle épique qui pue l'odeur de la guerre et du sang qui sera versé. Au hasard, l'instrumental "A Dirge" relate cette ambiance militaire et funéraire, celle qui guide les guerriers avant d'aller mourir sur un champ de bataille. Il n'y aura point de guerre entre PRIMORDIAL et MAEL MORDHA, le genre étant encore assez dépourvu de grands groupes, d'autant que ces deux là vont bientôt avoir l'occasion de tourner ensemble. Et on espère que le groupe de Roibéard Ó Bogail saura tirer son épingle du jeu : des morceaux comme "King Of The English" et son refrain merveilleux ne peuvent laisser indifférent. Damned With Dead contient quelques ratés ("Bloody Alice" sonne comme un vieux MAIDEN ringard), mais sa signature récente (Février 2013) sur le label Candlelight Records devrait permettre à MAEL MORDHA de s'inspirer du parcours exemplaire de son modèle à peine dissimulé.
Ajouté : Vendredi 07 Mars 2014 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Mael Mórdha Website Hits: 5922
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