ANNIHILATOR (ca) - Jeff Waters (Juin-2013)
ANNIHILATOR s'est formé il y a pratiquement trente ans (en 1984 très exactement) et nous vient du Canada, plus précisément d'Ottawa. Ils font partie des vétérans qui ont réussi à traverser les décennies sans jamais se renier, bien au contraire ! Ils appartiennent au club très fermé des légendes du Thrash au même titre que METALLICA, EXODUS, MEGADETH ou encore TESTAMENT. Impossible de passer à côté d'ANNIHILATOR ! Si leur parcours n'a pas été aussi glorieux que certains de leurs confrères c'est certainement dû au fait qu'ils ne sont pas issus de la côte ouest des Etats-Unis. Pourtant, ils ont réussi à graver quelques pépites indispensables à tout Metalleux qui se respecte. Leur histoire débute au début des années 80 lorsque Jeff Waters décide de s'allier à John Bates afin de faire un peu de bruit dans les chaumières canadiennes. Ils produiront trois démos qui leur permettront tout juste de se faire remarquer sur la scène locale. Mais la véritable aventure débutera en 1987 lorsque Jeff Waters quittera Ottawa pour Vancouver, un choix qui sera décisif pour la suite de sa carrière. Exit John Bates, notre ami Jeff choisira Randy Rampage, ancien bassiste chez D.O.A, comme chanteur et signera rapidement un contrat avec le label Roadrunner. Pendant deux longues années, il se consacrera à l'enregistrement d'Alice In Hell, un album qui allait devenir une des pierres angulaires du Thrash Metal. Un véritable chef d'œuvre qui, aujourd'hui encore, fait référence. Le succès sera immédiat et les ventes s'envoleront alors que le combo met les USA à feu et à sang aux cotés de TESTAMENT. Malheureusement Randy Rampage quittera le gang au retour des la tournée, préférant se consacrer à un travail plus stable. Jeff ne baissera pas les bras et dénichera la perle rare avec Coburn Pharr, issus tout droit du mythique OMEN. Ils enregistrent ensemble un autre classique Never, Neverland, qui déboule dans les bacs en 1990. Là encore c'est une réussite totale qui s'inscrit sans équivoque au panthéon du Metal. Un must qui va leur permettre de sévir aux quatre coins du monde et d'ouvrir en Europe pour JUDAS PRIEST sur le Painkiller Tour aux cotés d'un petit groupe qui commence à faire parler de lui, PANTERA. Nos lascars signeront dans la foulée un contrat avec Sony aux USA. Tout semble donc se passer au mieux pour nos canadiens et on se demande qui pourrait les empêcher d'atteindre les sommets. Mais Coburn Pharr quitte le navire après cette tournée d'anthologie ! Il sera remplacé pendant un laps de temps par Aaron Randall qui assurera les parties vocales du troisième opus, Set The World On Fire, qui s'avérera nettement plus commercial, sans doute pour conquérir le marché US. Ce sera un flop et ANNIHILATOR se fera jeter par Roadrunner, victime de la vague Grunge qui déferle sur la planète. Jeff Waters se retrouvera seul et décidera d'enregistrer King Of The Kill par lui-même, assurant à la fois le chant, les guitares, la basse et la production. Un challenge monumental qu'il passera haut la main. C'est d'ailleurs à cette époque qu'il construira son propre studio, le Watersound Studio dans lequel il enregistrera toutes les futures galettes. On n'est jamais mieux servi que par soi même deviendra sa devise puisqu'il en sera de même pour Refresh The Demon qui sort en 1996, suivi l'année suivante de Remains. Sa carrière semble alors en déroute et notre buveur de sirop d'érable décide alors de réunir le line-up de Alice In Hell pour produire Criteria For A Black Widow qui marque un véritable retour aux sources, du grand ANNIHILATOR qui sera salué par la critique. Toutefois, les problèmes vont s'amonceler et la tournée sonnera le glas de la réunion triomphale. Les musiciens quitteront un à un le vaisseau et seront remplacés par différentes guest pour assurer les dernières dates ! Jeff, une fois de plus, continuera sa route en solitaire réussissant toujours à sauver les meubles avec des opus de qualité comme Carnival Diablos (2001) ou Walking The Fury (2002) dont le chant sera assuré par Joe Comeau. Ces va et vient permanent auront des conséquences catastrophiques, ANNIHILATOR sera condamné à ne donner que très peu de concerts durant plusieurs années. Il faudra l'arrivée du sauveur Dave Padden pour qu'ANNIHILATOR redresse la barre. All For You sortira en 2004 suivi dans la foulée par Schizo DeLuxe, deux manifestes Thrash impitoyables qui remettront les pendules à l'heure. Cette fois-ci, Jeff Waters a trouvé le maillon manquant et enregistre METAL, un disque avec une pléiade d'invités prestigieux qui viendront lui prêter main forte : Jeff Loumis NEVERMORE, DANKO JONES, Michael Amott et Angela Gossow de ARCH ENEMY ou encore Corey Beaulieu de TRIVIUM pour n'en citer que quelques uns. Un véritable hommage rendu à Jeff Waters qui a eu une influence déterminante sur leur musique. Cette année sera fastueuse, ANNIHILATOR reviendra sévir pour une longue série de concerts sur les terres européennes. En 2010, l'opus éponyme ANNIHILATOR ne fait que confirmer l'efficacité légendaire du gang à la feuille d'érable qui sera invité au Hellfest la même année. Il en profitera pour écumer les festivals au cours de l'été. Cerise sur le gâteau, ils se produiront de nouveau au Canada ainsi que dans le nord des Etats-Unis après 18 ans d'absence, un signe qui ne trompe pas. Fort de cette nouvelle stabilité le duo artistique se remet à l'ouvrage et enregistre Feast, une nouvelle bombe Thrashisante des plus redoutables ! Face à un tel opus, Metal Impact se devait de faire le point avec le Maître Jeff Waters sur ces 29 années dévouées au service du Metal. Un vrai sacerdoce q'il a défendu contre vents et marées sans jamais abandonner malgré les nombreuses difficultés. C'est un guitariste fatigué mais heureux d'être dans la capitale pour parler de son nouveau petit qui se prête au jeu des questions/réponses. Magnéto Jeff, c'est à toi !
Line-up : Jeff Waters (chant/guitare/basse), Dave Padden (chant/guitare), Alberto ”All” Campuzano (basse), Mike Harshaw (batterie)
Discographie : Phantasmagoria (1986), Alice In Hell (1989), Never,Neverland (1990), Set The World On Fire (1993), Bag Or Ticks (1994), King Of The Kill (1994), Refresh The Demon (1996), In Command Live 1989-1990 (1996), Remains (1997), Criteria For A Black Widow (1999), Carnival Diablos (2001), Waking The Fury (2002), Double Live Annihilation (2003), All For You (2004), Best Of Annihilator (2004), Schizo Deluxe (2005), Metal (2007), Annihilator (2010), Feast (2013)
M-I Interviews du groupe : Jeff Waters (Avril-2010/VF-EV), Jeff Waters Jeff Waters (Juin-2013)
Traduction / Retranscription : Erick Laulit
Metal-Impact. Tu as joué au Hellfest il y a trois ans, t'en rappelles-tu ?
Jeff Waters. Bien sur que je m'en souviens. Je me rappelle avoir adoré l'affiche le jour où on a joué car il y avait beaucoup d'artistes et de nombreux styles différents qui étaient représentés, c'est un peu la marque de fabrique du Hellfest, c'est ce qui fait son charme. Il y avait TWISTED SISTER, SLASH, ALICE COOPER, et tellement d'autres qui étaient là plus tôt dans la journée donc c'est un bon festival et les fans sont vraiment géniaux.
MI. Tu aimes jouer dans les festivals ?
Jeff. Oui ! Je les apprécie tous ! J'aime jouer live que ce soit dans des petits clubs Metal réellement merdique jusqu'au top des concerts ou dans des festivals Rock en Suède ou en France comme au Hellfest, ils sont tous déments, on s'y amuse beaucoup.
MI. Tu reviens d'une tournée en Amérique du sud, Brésil, Pérou, Chili, Argentine...
Jeff. Oui !
MI. Comment était-ce de jouer en Amérique du Sud ?
Jeff. On y a été trois fois en un an. Alors cela représente un grand nombre de concerts et une longue période passée sur place. La plupart des groupes y passent une année entière puis ils reviennent deux ans après. Nous, on s'y est rendu car il y avait une forte demande des fans qui désiraient vraiment nous voir sur scène et le promoteur a dit : "Vous devez encore revenir". Donc on est repartis jouer là bas, on a joué dans des lieux dans lesquels nous n'avions jamais donné de shows : Lima au Pérou, Bogota en Colombie, ce sont des fans énormes.
MI. Cela représente-t-il des expériences différentes comparé aux concerts que tu donnes en Europe ?
Jeff. Pas trop concernant le public, je veux dire beaucoup de gens disent que les fans sud-américains sont les meilleurs mais ils sont les bons comme partout où on va ! La foule est parfaite et certains publics dans des pays, des villes en Amérique latine sont similaires à ceux qui existent en Europe. Dans certaines villes, les fans sont très bruyants, ils chantent toutes les paroles. Dans d'autres, ils te regardent, ils sourient, ils écoutent, mais ils apprécient le show et connaissent toutes les chansons aussi. Ca dépend, Buenos-Aires est toujours une ville qui bouge beaucoup, AC/DC y a enregistré sont blu ray dvd Live At River Plate et tu peux y voir son public extraordinaire dans ce concert complètement dingue, ils sont fous d'une manière positive et fantastique. C'est pareil, il y a des hauts et des bas mais ils paraissent tous aimer le Heavy Metal, ils le montrent juste d'une manière différente. On a donné un show au Venezuela, en périphérie de Caracas dans une petite ville du nom de Merida et la foule était très fatiguée car il faisait très chaud. Du coup le festival était glacial car tout le monde était en trempé de sueur. Ils étaient tous épuisés. Quand on a enfin joué aux alentour de 22h00, ils étaient si fatigués qu'ils n'ont pas sautés partout en criant comme des fous et on a appris par la suite qu'ils étaient complètement éreintés en raison du temps qui était pourri mais ils ont apprécié le show. Tout le monde l'a regardé et s'est amusé, ce fut juste parfait. Mais par la suite nous avons joué dans un autre endroit, la foule n'était pas si éprouvée que cela, il y faisait meilleur et ils se sont éclatés aussi, donc tous les publics sont bien, absolument tous.
MI. Je sais que tu es un grand fan de SLAYER, quelle fut ta réaction quand tu as appris le décès de Jeff Hanneman ?
Jeff. J'avais rencontré Jeff quelques fois à des concerts mais je ne lui ai jamais réellement parlé, je côtoyais Kerry King et Tom Araya, Gary Holt et Dave Lombardo mais je n'ai jamais vraiment eu la chance d'avoir de vraies relations avec Jeff Hanneman car il paraissait un peu timide. Il te serrait la main, te disait bonjour puis disparaissait en courant ! [Rires] ... En backstage, il courait en permanence, il était toujours là à se faufiler à toute vitesse à travers les coulisses du lieu du concert avec une Heineken à la main. Mais il n'a jamais... mais je pense que parfois il lui été difficile de créer un lien avec des personnes qu'il ne connaissait pas. Mais quand il est décédé... Non, je ne le connaissais pas. Mais lorsqu'il est décédé, j'ai eu mes moments comme plusieurs milliers d'autres guitaristes ont eu probablement, ces instants où tu t'assoies et tu réalises que beaucoup de chansons et de riffs qui ont influencés ANNIHILATOR provenaient de SLAYER et je savais que cela signifiait qu'au moins la moitié ou plus de ses riffs étaient de Jeff Hanneman. Alors oui, il était comme Lars Ulrich, James Hetfield, Kirk Hammett de METALLICA. Pour SLAYER, c'était Jeff Hanneman, Kerry King et Dave Lombardo et même Paul Bostaph ainsi que Tom Araya. Ils ont une telle influence sur la scène musicale, pas que sur le Thrash ou le Speed Metal mais sur toute la musique en général.
MI. Comment vois-tu le futur de SLAYER sans Jeff Hanneman ?
Jeff. J'ai un top 10 dans ma tête ! Mais mon top 3 c'est numéro 1 : SLAYER, numéro 2 : Van Halen et numéro 3 : AC/DC. Cela m'a pris plusieurs années pour trouver mais je désirais faire ma propre liste de favoris, juste pour voir dans quel ordre sont mes artistes préférés. Si quelqu'un doit remplacer Jeff Hanneman, je crois que Gary Holt est le meilleur choix possible car il est parfait pour ça ! Je pense que je voudrais toujours voir SLAYER sur scène mais si je dois me payer un album de SLAYER et dépenser mon argent, comme je le fais toujours, j'espère que Kerry King va s'assoir et passer du bon temps à écrire. Je souhaite qu'il ait une bonne énergie directrice pour créer de nouveau et qu'il inclue peut-être Gary Holt à l'écriture. Je crois que tant que Tom Araya sera en bonne santé et bien physiquement, tout ira bien pour eux. Je serai encore et toujours leur fan numéro 1, dans ce cas je continuerai à acheter les t-shirt et les CD pour sûr. Mon opinion personnelle en tant que fan est telle que je pense qu'il est important pour l'un des compositeurs principaux de perpétuer ce qu'ils ont fait de mieux. Car il n'y a pas que Jeff Hanneman, il y a aussi Kerry King. Je pense qu'il est fondamental pour Kerry King de décider s'il va ou non écrire un autre album et en composer toutes les chansons. Peut-être qu'en mémoire de Jeff Hanneman il s'assiéra et posera sur le papier sa meilleure musique car il le peut j'en suis certain. Il est aussi important que Jeff Hanneman l'était et j'adore plusieurs morceaux de Kerry King, ils sont juste fantastiques. Mais je les soutiens, je veux qu'ils le fassent, j'ai vraiment très envie qu'ils composent encore une tuerie d'album.
MI. Peut être qu'ils vont t'appeler comme Dave Mustaine l'a fait à une certaine époque ? [Rires] ...
Jeff. Oui. [Rires] ... Mais je pense que Gary Holt est parfait, juste comme Marty Friedman était le choix idéal pour MEGADETH. Ils ont pris la bonne décision.
MI. C'est une belle histoire avec MEGADETH, en 1989 Dave Mustaine t'a appelé pour jouer avec lui et tu as répondu non, c'est surprenant ! [Rires] ...
Jeff. Bien, je lui ai juste dit très poliment et avec tout le respect du non. Je n'ai pas dit : "Noooon !" (Il mime en hurlant un non virulent).
MI. Oui je suppose, c'était une blague ! [Rires] ...
Jeff. Oui, je sais. [Rires] ... C'est un rêve quand quelqu'un d'aussi légendaire et influant que Dave Mustaine, aussi bon à la guitare solo qu'en rythmique et doué d'un énorme talent d'écriture te demande de jouer avec lui. Quand quelqu'un comme lui t'appelle au téléphone en te demandant si tu désires auditionner pour son groupe, c'est énorme ! Mais c'était en 1989, je venais de faire mon premier album qui s'appelle Alice In Hell et à ce moment là tout a été très vite et je suis parti jouer au quatre coins de la planète, je sentais qu'il se passait vraiment quelque chose donc j'ai choisi de ne pas accepter. C'était le début de ma carrière je ne pouvais pas tout lâcher. Mais il a fait le bon choix avec Marty Friedman, ça a donné d'ailleurs naissance à un opus culte Rust In Peace, pour moi il était le choix parfait. Après je n'ai pas parlé à Dave durant près de dix ans ou même plus de dix ans. En fin de compte je l'ai rencontré et j'ai réussi à lui parler et maintenant on sort de temps en temps faire la fête, on parle parfois de choses et d'autres, c'est un ami, un mec bien et des fois il me dit : "Hey, Jeff tu ne voudrais pas passer j'ai un problème avec mon guitariste" [Rires] ... Et je fais une tête du genre... (Il prend un regard dubitatif) [Rires] ... (ndi : Dave Mustaine lui a proposé de rejoindre MEGADETH en 2004, il a de nouveau refusé). Le lendemain je sais ce qu'il va se décider et que tout reviendra à la normale. Alors c'est drôle [Rires] ... Surtout c'est un type extra.
MI. Comment as-tu travaillé sur Feast, est-il similaire au dernier ?
Jeff. La seule différence qui existe c'est que pour ce disque on a attendu trois ans sans écrire le moindre titre, ça ne m'était plus arrivé depuis l'adolescence. Avec Dave Padden, mon chanteur et guitariste, je pense qu'on a juste tenté d'être le plus débordés possible, le plus en tournée et de faire le plus de festivals et de shows spéciaux comme 70 000 Tons Of Metal. On avait envie de jouer partout comme en Amérique du Sud, dans des festivals d'Amérique latine. J'ai aussi effectué des essais pour Gibson et j'ai participé à des démonstrations de guitares à travers le monde. J'ai produit, non ! J'ai mixé et masterisé pour de nombreux groupes dans mon studio et donné pleins de shows d'ANNIHILATOR. La seule chose qu'on se soit dite, c'était de n'écrire aucun morceau et de ne pas se rendre en studio avant un long moment. Tout ça nous a pris un temps fou. C'était une bonne idée car quand nous sommes finalement rentrés en studio en janvier 2013, tout s'est très bien passé. J'ai appelé Dave et je lui ai dis. "Prend un vol jusqu'à chez moi et enregistrons un nouvel album". On était comme de jeunes gamins, on a bu beaucoup de café, on était totalement en osmose. Il y avait beaucoup d'adrénaline et d'énergie qui circulaient. On s'est démenés, on a écris et enregistré les morceaux en trois mois. Normalement cela nous en prend cinq, mais nous étions si investis lors de la composition que tout a été très rapide. En plus, on a enregistré quinze titres pour un cd bonus qui devrait accompagner Feast, c'est un cadeau pour nos fans en quelque sorte.
MI. Pourquoi avoir choisi de réenregistrer des anciens titres de votre répertoire ?
Jeff. Pourquoi ?
MI. Oui, car ça pourrait être un risque dans le sens où ces réenregistrements ne pourraient pas plaire à certains fans de la première heure ?
Jeff. C'est toujours un risque, en fait ça ne marche jamais la plupart du temps. Tu perds des fans ou tu reçois des critiques négatives et la presse ne t'épargne pas en disant que c'est une mauvaise idée. Pour cette raison je n'ai jamais voulu réenregistrer aucun ancien morceau mais il y a aussi une autre cause qui m'a freiné, il faut savoir que peu importe ce que dit un artiste en fait, ce ne sera jamais aussi bon que les versions originales, peut-être qu'avec la technologie et les studios maintenant, le son pourrait être mieux mais la performance, la globalité du mixe, cet ensemble, c'est impossible de le retrouver. Tu ne peux pas capturer ce feeling que tu avais autrefois, c'est impensable. Donc, Dave et moi savions que c'était inconcevable de faire mieux ou même pareil. On a essayé simplement de s'en rapprocher en réalisant de bonnes versions. Je n'ai jamais voulu le faire car j'ai les réenregistrements d'EXODUS, TESTAMENT et de SCORPIONS, certains sont bien mais d'autre moins. Dave avait un bon souvenir de Metal, un opus qu'on avait sorti en 2007 où il y avait tout un tas d'invités car tout d'un coup ANNIHILATOR a commencé à vendre plus de CD et ça a continué, depuis 2010 on en vend davantage ! Ce qui est étrange car la plupart des groupes passent d'un carton à une descente dans les ventes après coup. Dave a constaté que les fans qui venaient à nos concerts et achetaient nos CD étaient des gosses, ils ont treize, vingt-deux, vingt-cinq ans et ils nous disent souvent durant les tournées qu'ils ne peuvent pas se procurer nos anciennes chansons et nos vieux albums. Alors Dave m'a demandé : "Mais pourquoi ne ferions nous pas des reprises de titres que nous voudrions jouer en live et qui sont sur nos anciens disques". Et j'ai dit non ! Aucune chance et il m'a répondu : "Non, non, non ce n'est pas ce que je voulais dire, on ne va pas le sortir comme un double CD de reprises d'anciens morceaux, propose-le en téléchargement gratuit sur notre site web ou offre le comme CD bonus avec Feast". Mais je n'étais toujours pas convaincu. Mais la compagnie de disque a trouvé que c'était une bonne idée car c'était un plus et pas un cd a part entière vendu séparément, c'était juste pour s'amuser en proposant quelque chose en supplément de Feast. Si tu ne l'aimes pas tu peux toujours poser ton café dessus ! [Rires] ... Mais encore une fois, c'était pour le plaisir et une bonne idée car les jeunes fans vont pouvoir apprécier les anciennes chansons que nous interprétons en live, cette fois-ci avec Dave Padden au chant. C'était également un challenge pour moi car après la réécoute de Never Neverland et Alice In Hell, j'ai constaté qu'il y avait quelques passages de guitare que j'ai interprété de façon rapide et qui étaient très réfléchis dirais-je. A l'époque je construisais un solo que je concevais étapes après étapes, toutes les cinq secondes j'y revenais. Maintenant j'enregistre en continuité quand je fais des lead guitars, ce qui fait qu'il y a plus de feeling mais à l'époque c'était beaucoup plus mathématique comme travail et certainement plus froid. Je me suis rendu compte que c'était extrêmement difficile d'appréhender ce style à nouveau mais j'ai beaucoup apprécié. Ma façon de jouer maintenant est meilleure et plus rapide mais à l'époque j'avais une orientation différente.
MI. Aujourd'hui il y a une stabilité au sein d'ANNIHILATOR comparé à l'instabilité qui régnait au sein du groupe au début ?
Jeff. Voilà ce qui arrive quand tu as plusieurs chanteurs qui se succèdent dans un groupe. Avec ANNIHILATOR on en a eu cinq je crois, c'était donc impossible d'avoir une stabilité. Dave Padden et moi parlions de tout ça et nous avons chacun nos vocalistes préférés et le truc c'est qu'il ne peut pas chanter comme eux et ces types étaient parfaits pour la période où ils ont enregistré ces disques, ce qui est cool. Alors c'est vrai que nous hésitions, Dave Padden me disait souvent : "Non, c'est impossible de le refaire", Dave était un peu inquiet aussi parce que c'est un fan de tous ceux qui assurés les parties vocales chez ANNIHILATOR, alors on les a abordé tout ça sans stress, on s'est dit : "faisons le en s'amusant ce ne sera pas aussi bon que les originaux c'est sur mais au moins il n'y aura par conséquent aucune pression à ressentir". On a donc prit du bon temps et on s'est bien amusé.
MI. C'est une longue collaboration entre Dave Padden et toi, vous êtes le noyau dur de ANNIHILATOR !
Jeff. Dix ans !
MI. Dix ans ! C'est incroyable comparé au début de ANNIHILATOR.
Jeff. Nous sommes au lit depuis dix ans [Rires] ... Mais depuis environ cinq ans, je réalise qu'il est plus un partenaire à part entière, je lui demande ses idées et son opinion sur tout. C'est important pour moi de savoir ce qu'il pense et lui de son côté m'appelle en permanence en m'indiquant ce qu'il aime ou bien en me proposant ses dernières innovations ou trouvailles. On ne fonctionne pas comme le projet de Jeff Waters mais comme le groupe de Dave Padden et Jeff Waters vraiment et ça depuis de nombreuses années ! Donc, oui c'est devenu un membre à part entière de ANNIHILATOR et je pense qu'il est là pour le reste de notre carrière, assurément, car on s'entend bien, on se complète totalement.
MI. Maintenant tu as une stabilité que tu n'as jamais eue auparavant ?
Jeff. Bien sur, depuis environ dix ans et grâce à cela nous avons pu réaliser cinq galettes.
MI. Alors rendez-vous à Paris dans 10 ans avec un nouveau cd ! [Rires] ...
Jeff. [Rires] ... Oui, je l'espère.
MI. Merci beaucoup.
Jeff. Merci, ce fut un honneur et ça a été très agréable de te parler.
MI. Merci Ce fut un grand plaisir pour moi aussi.
Jeff. Cool, merci beaucoup (en français).
Ajouté : Mercredi 06 Novembre 2013 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Annihilator Website Hits: 14562
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