PURIFY THE HORROR (uk) - Untitled (2013)
Label : Sociopathic Sound Recordings / Dissected Records
Sortie du Scud : 30 juillet 2013
Pays : Angleterre
Genre : Grind Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 19 Mins
Oui je sais bien, c'est l'été. L'époque est à la détente, au sourire de circonstance, à la légèreté, aux loisirs, le sable, la mer, la campagne, l'amour, les fleurs, les petits chiens... Seul souci, j'emmerde l'été. Je déteste cette saison pourrie durant laquelle des touristes en short ou robes à imprimés envahissent nos régions pour y répandre leurs effluves "congés payés", au mépris de toute convenance, politesse, savoir vivre, etc...
J'ai envie systématiquement de crever les ballons des gosses et de leur enfoncer la tête sous l'eau, d'enterrer vivant des blaireaux sales et impolis sous le monceau de leurs propres immondices, et d'insulter les conducteurs à loisir pour avoir provoqué des bouchons et pollué mon air.
Et en plus, l'été, je le passe à Paris. Alors, ma haine est décuplée. Et dans ce cas, il me faut absolument trouver un exutoire, quel qu'il soit.
Et en ce lundi chômé et un peu plus frais qu'à l'habitude, je l'ai trouvé. Enfin il m'est tombé dessus en quelque sorte. Et s'il faut traverser la manche pour en découvrir l'origine, vous pouvez rester en notre belle France pour en apprécier les effets.
A propos d'effets, PURIFY THE HORROR en use de beaucoup. Ce trio constitué de figures bien connues de l'underground a choisi en premier lieu de se la jouer conceptuel, et d'arborer de splendides masques de cochons, "pour respecter l'esprit Grind originel". Soit. D'autres l'ont fait avant eux, et je ne peux d'ailleurs m'empêcher de dresser un parallèle avec les ineffables INTENSE MUTILATION, qui partageaient le même sens de la dérision, et la même tendance à brasser les courants pour devenir inclassables.
Car les trois olibrius de PURIFY THE HORROR sont bien trop futés pour se vautrer intégralement dans une fange déjà bien salie par leurs aînés. Grind certes ils sont, mais loin d'en faire le moteur principal de leur musique, ils le distordent, le modulent, pour aboutir à un résultat personnel, décadent, à base de Hardcore crade, de sonorités parfois Indus, d'accélérations impromptues et de lignes vocales souillées.
Brouet ? Bordel non cadré ? C'est parfois vrai, mais ces tendances donnent à leur "musique" une saveur particulière qui les rend uniques. Et cette dualité entre la concision du projet et sa forme libre entraîne un décalage savoureux qui transforme cet EP sans titre en une entité unique, comme si un blitzkrieg soudain venait ravager votre intérieur dans laisser aucune trace.
Douze titres, moins de vingt minutes, l'essentiel est dit, rapidement, d'une façon péremptoire un peu chaotique, mais le message passe. La tradition certes, mais dans une certaine mesure. Pas question de répéter des discours emphatiques déjà énoncés il y a des décennies. Car malgré un patronyme peu engageant, PURIFY THE HORROR n'en oublie pas pour autant de diluer son propos dans une bonne dose d'humour, très second degré. A l'image des INFECTIOUS GROOVES, ils parsèment le début de leur projet d'interventions téléphoniques hilarantes ("It's pigmate !" "Pigmate ?" "Yeah, pig !"), histoire de bien clarifier les choses, intermèdes qui dynamisent l'ensemble et lui ajoutent une note mordante et bon enfant, à l'image de leur boucan si personnel.
Car loin de tout écraser sur son passage, PTH se ménage des pauses Heavy du plus bel effet ("Kill Them All", véritable rouleau compresseur), alterne les rythmes/ambiances à outrance dans un véritable bain orgasmique et bouillonnant ("Give Me Your Money" qui fait passer CRYPTIC SLAUGHTER pour une joyeuse bande de neurasthéniques en déambulateur), flirte à la lisière de la folie pure avec l'esprit d'un Death décharné ("Wearing The Crown", dissonant au possible), évoque autant MACHINE HEAD que DAGOBA ("Future & Fantasy", qui harmonise avant de partir en couille...), et se finit sur les trottoirs de la haine dans une cacophonie fulgurante ("The Resistance", ténu comme un furoncle sur une épaule). Et si les trois activistes préparent la "Révolution Grind", ces pamphlets sonnent comme des hymnes aptes à fédérer beaucoup de fidèles.
Bien sur, Untitled est parsemé de fulgurances Grind du plus bel effet, qui passent à peine la barre de la minute, mais comment faire autrement... Faut il prendre cet album pour ce qu'il est ? Mais faudrait il déjà savoir ce qu'il est...
Une récréation ? Un délire entre potes ? Le désir de faire tomber les barrières ? S'amuser entre gens de bonne compagnie ?
Un peu tout ça sans doute, et dans une atmosphère de détente totale et d'hystérie "connective". Car c'est sans aucun doute le lien qui unit le groupe à son public qui rend cet EP atypique. Le sentiment de participer à quelque chose de différent, de faire partie d'une bande, sans même savoir qui la compose. Et surtout, d'écouter une des concrétisations possibles de la furie sonore, non linéaire, stimulante, qui vous donne des envies de tout fracasser pour tout rebâtir sur de solides bases.
Et d'aller choper un de ces putains de gamins sur la plage pour lui faire comprendre que la prochaine fois qu'il envoie son ballon sur la tronche de quelqu'un, il finira bouffé par les crabes.
Ajouté : Lundi 23 Septembre 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Purify The Horror Website Hits: 7416
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