DEEP PURPLE (uk) - Now What ?! (2013)
Label : EarMusic
Sortie du Scud : 26 avril 2013
Pays : Angleterre
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 60 Mins
Pour une fois, je n’ai pas cherché la coïncidence. Et chroniquer le dernier DEEP PURPLE juste après 13 de BLACK SABBATH est une démarche sciemment étudiée…
Posons les bases. Je suis né en 1971, et techniquement, si mon grand frère eut été fan de Heavy Metal, j’aurais pu connaître ces deux groupe, on time.
Mais non (mais merci quand même pour les BEATLES…). Alors, j’ai commencé à découvrir leur musique sur le tard, dans les années 80, durant une décennie qui ne les a pas épargnés.
Soit, rien ne sert de revenir là dessus, le passé est le passé.
Et justement, ces deux groupes en savent quelque chose. Peut on être et avoir été ? Oui, et ils ont répondu à cette légitime interrogation de façon collégiale en 2013.
Car leurs derniers albums respectifs méritent toute votre attention. Et à l’instar de son quasi-homologue ténébreux, DEEP PURPLE est en forme, en grande forme. Ils se sont partagé la scène Hard Rock/Heavy Metal durant les 70’s, et ils recommencent aujourd’hui. Je parlais de légendes dans ma chronique précédente, et la corrélation artistique entre 13 et Now What ?! est plus qu’évidente. Respect des codes de l’époque, tout en piochant dans la base de données initiale, rester actuel tout en assumant son propre legs, c’est justement le propre des légendes, des vraies.
Ok, PURPLE se l’est joué sécurité. Avec le grand sorcier Bob Ezrin à la prod’ (Alice Cooper, Lou Reed, KISS, AEROSMITH, PINK FLOYD, et PURPLE bien sur, j’en rajoute une couche ?), le son est à la hauteur de la réputation du quintette, il n’y avait aucun souci à se faire la dessus. Overdubs parfaits, clarté des aigus, profondeur des basses, tout y est, et bien plus. Mais pour qu’un enrobage apporte la touche finale à un dessert, encore faut il que celui-ci soit parfait. Now What ?! ne l’est pas dans une certaine mesure (il n’est pas encore à la hauteur d’In Rock ou de Machine Head, mais il me parait difficile de prétendre les égaler un jour), mais pour un groupe qui accuse quarante cinq ans d’existence au compteur, et pléthore d’albums et de tournées mémorables, il est un signe indéniable de grande forme et surtout, d’envie de jouer, de joie de composer et de proposer quelque chose de neuf.
C’est bien sur une constante pour PURPLE, depuis la naissance du line up mark VIII en 2002. Pas un mauvais album, pas un faux pas. Respect.
Et comme d’habitude, outre les talents individuels qu’on peut quand même encore souligner (Ian Paice… En dira t’on un jour trop à son sujet ?), Now What ?! est truffé de pépites qui oscillent entre un Hard Rock teinté de Pop et de Psychédélisme, et un progressif de premier tonneau. Et de fait, ce nouvel effort est clairement scindé en deux, et c’est « Above And Beyond » qui sert de césure. Mais au final, rien à jeter ? C’est un fait.
Steve Morse n’a jamais été Blackmore, mais n’a jamais prétendu l’être. Pas de riff qui s’incruste, pas de délié extravagant, peu d’arabesques virevoltantes, mais un jeu solide, profond, tantôt groovy, tantôt Heavy, toujours aux teintes bluesy, et c’est un régal.
La rythmique Paice/Glover tourne toujours à plein régime (le funky « Body Line », trop évident pour beaucoup de critiques est pourtant un bonheur de smooth funk…), à tel point qu’on se demande s’ils ne seraient pas capables de jouer le même pattern tout en dormant profondément.
Ian a toujours ce grain inimitable, ce gosier généreux, aux accents parfois goguenards, qui accentue encore plus le second degré décalé des textes (« Vincent Price », il n’y a qu’eux pour pondre un truc pareil…), et Don Airey n’a plus rien à prouver depuis longtemps. Il a accompagné tant de formations que son CV doit maintenant compter autant de pages que le bottin du 94.
Niveau chansons, comme je le disais, c’est le quasi sans faute. Et si l’album débute avec une chanson en demie teinte, la encore, aucune coïncidence. En effet, « A Simple Song », malgré l’aveu de hasard de son titre, est l’accroche parfaite et le résumé parfait d’un album placé sous le signe ambivalent de la spontanéité réfléchie. Possible ? Oui. On sait DEEP PURPLE amateurs de jams (« Après Vous » en est un exemple parmi tant d’autres), mais il n’empêche que la plupart du temps, ils savent parfaitement où ils vont.
Alors, outre le « Body Line » pré cité, nous avons droit à notre lot de compos directes et plaisantes. « Weirdistan » et son chant doublé et traité, délicieusement teinté de Pop Psyché, au refrain enchanteur sur lequel les "It’s beautiful" de Gillan se posent en douceur, « Hell To Pay », simplement Hard Rock, mais de premier choix, énergique et entraînant, la semi ballade lancée en éclaireur « All the Time in the World », qui coule le long des oreilles sans pour autant cracher sur les arrangements 80’s, ou encore l’irrésistible « Vincent Price », preuve que le PURPLE n’a rien perdu de son sens de l’humour, mis en exergue dans cette parodie gothique à déguster ! (« It’s so good to be afraid, Vincent Price is back again »…Tu m’étonnes Ian !).
Mais Now What ?! Sait aussi se faire désirer, aime se faire amadouer avant de changer de route brusquement, et ainsi, exige des efforts d’écoute. Nombre de morceaux sont à décortiquer, à analyser, et se teintent de progressif 70’s. « Above And Beyond » bien sur, au clavier pompeux mais pas pompier, au climat sombre, à la rythmique capricieuse et au chant habité. Et pourtant, le tout vous porte sans forcer, grâce à une mélodie superbe, et des fulgurances harmoniques. La patte des grands !
« Uncommon Man » et son intro à la PINK FLOYD des grands jours (vous avez dit Bob Ezrin ?) cumulant pointes de guitare spatiale, toms vengeurs et claviers éthérés est aussi un des moments forts du disque. Car après quasiment trois minutes de mise en jambe, le groupe explose dans un fracas Hard progressif digne de leurs meilleures saillies. Quarante cinq ans de carrière ? Presque soixante dix ans pour les rescapés du Mark IV ? Vous plaisantez les gars…Quel est le secret de votre forme ? L’amour de la musique ? Le fun ? Les deux ? Quoiqu’il en soit, bien des jeunots devraient en prendre de la graine…
Même les bœufs sont inspirés, comme le prouve « Après Vous »…C’est sidérant. Des mecs capables de s’amuser comme ça et quand même sortir une chanson aussi bonne…A ce niveau là de talent, les questions fusent. Pacte avec le diable ? DEEP PURPLE vs FAUST ? Tout est possible avec les deux Ian, Roger, Steve et Don. A quoi bon discuter ? Et Roger, cette basse lancinante et envoûtante sur le pont, d’où la sors-tu ?
Il est quand même incroyable de constater à quel point DEEP PURPLE sait rester pertinent, avec un premier album sorti en 1968… Certes, les musiciens auront valsé, mais si des instrumentistes de la trempe de Bolin, Coverdale, Hughes, Turner et autres ont un jour poussé la porte du château PURPLE, ça n’est pas pour rien. L’exigence en tout dilettantisme. Le perfectionnisme tranquille. Quels que soient les antonymes que vous accolerez, aucune association ne sera de trop pour eux. Association ? Le terme leur va mal. Parlons plutôt de potes, car la cohésion dégagée par tous les albums du Mark VIII font montre d’une aisance qui le confine à l’amitié dans le plaisir.
Le plaisir tiens… Qui pourrait quantifier celui que le PURPLE nous donne depuis tant d’années ?
Mais avec eux, il n’est pas question de quantité, mais de qualité. Sans la chercher. Parce qu’ils l’ont en eux. Comme le talent.
Les légendes ne meurent jamais, je le disais…
Ajouté : Mercredi 31 Juillet 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Deep Purple Website Hits: 10706
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