LE BAL DES ENRAGES (FRA) - Le Grand Retour (2013)
Label : At(h)ome
Sortie du Scud : 22 avril 2013
Pays : France
Genre : Punk Rock Metal
Type : Live
Playtime : 18 Titres - 69 Mins
DVD présent avec le CD
Quand on veut piquer son chien, on dit qu’il a la rage. J’ai vingt belles seringues pour vingt beaux enragés. On peut être fiers d’eux, autant que l’Amérique est fière de son traditionnel bal de fin d’année. Nous, on a LE BAL DES ENRAGÉS et personne ne saurait être assez fou pour jouer la prom queen, à moins d’avoir vingt trous de balle. La plus grande gang bang party de 2013 était sur les routes en février. De Lyon à Colmar, de Val d’Ajol à Paris, de Brest à Caen en passant par Allonnes et Saint-Brieuc, ce sont 8 villes qui ont accueilli ce groupe qui n’en est pas vraiment un. Et pour cause, LE BAL DES ENRAGÉS, ce sont déjà trois formations existantes réunies : TAGADA JONES, LOFOFORA et PARABELLUM, plus quelques figures de la scène française, comme Stef Buriez de LOUDBLAST, Poun de BLACK BOMB A, Vx 69 de PUNISH YOURSELF. Un joyeux bordel donc. Pour être franc, ce genre de réunion fantaisiste ne m’intéresse que très peu, du moins musicalement. Il y a trop de facteurs à prendre en compte, trop de « qui fait quoi et à quel moment » pour qu’on puisse savourer en toute décontraction. Sans oublier que LE BAL DES ENRAGÉS est un groupe de reprises et que par conséquent, l’intérêt du CD live est limité, au contraire de son pendant visuel qui donnera forcément envie d’aller les voir sur scène, l’endroit même où ce projet prend toute son ampleur.
CD LIVE :
C’est donc par l’objet le plus « dispensable » que démarre cette analyse. Je vais avoir plus ou moins le même jugement que pour le dernier CD live que j’ai écouté, à savoir le Dead & Alive de THE DEVIL WEARS PRADA. C’est d’une tristesse assez infinie sans l’image. Bien sûr, on ressent un univers, on perçoit un concept dès la reprise, modeste, de « L’Empereur Tomato Ketchup » des BERU. Il y a un engouement assez évident autour de ces premiers instants, un répondant du public à l’appel de la burlesque Klodia Sparkling. Mais qu’est-ce qu’on peut se sentir éloigné du délire si on ne fait pas l’effort de rentrer dedans… A titre purement personnel, je trouve qu’un groupe comme BAWDY FESTIVAL, qui avait la même silhouette scénique, le même esprit clownesque / forain, s’est mieux démerdé que ces mecs d’expérience pour nous embarquer au cœur du pit sur leur live Into The Weird Side. Ici, LE BAL DES ENRAGÉS se contente de balayer les grands noms de la scène Punk, Rock et Metal en réinterprétant différents standards, comme le « My Generation » des WHO, le « Beautiful People » de MARILYN MANSON, le « Tostaky » de NOIR DÉSIR, le « Ring Of Fire » de Johnny Cash, le « Chop Suey » de SYSTEM OF A DOWN, l’« Enter Sandman » de METALLICA, le « Refuse / Resist » de SEPULTURA et l’« Antisocial » de TRUST. Ces différentes références sont évidement légitimes, même si aucun réajustement n’est réellement effectué, sans parler d’une éventuelle plus-value, inexistante. Sur ce que dévoile ce CD live, LE BAL DES ENRAGÉS est un groupe de reprises tout à fait banal, qui manie l’humour avec autant de pincettes qu’un bûcheron pour couper ses stères de bois et dont les reprises ne font pas sauter au plafond. Pire encore, si les covers du « Feuer Frei ! » de RAMMSTEIN, du « Killing In The Name » de RAGE AGAINST THE MACHINE, du « Ace Of Spades » de MOTÖRHEAD, du « I Wanna Be Your Dog » d’IGGY POP & THE STOOGES, du « Walk » de PANTERA, du « Territorial Pissing » de NIRVANA ou du « Fire » de feu Jimi Hendrix (qui n’ont pas été retenues pour ce grand retour audio) sont du même acabit, on n’a tout simplement pas très envie de les entendre. Mais je sais. Je sais que cette rondelle est une peccadille qui est nécessaire quand on a pour projet de sortir un live. C’est inévitable, il fallait passer par là. Et par-dessus tout, je sais que ça ne représente en rien l’entité du BAL DES ENRAGÉS, qui n’a aucun intérêt à vouloir distinguer le visuel de la musique.
DVD LIVE :
L’action, elle est ici, incontestablement ! C’est à ce moment précis de l’expérience que le sens du projet prend toute son importance. Les enragés ont l’excellente idée d’entrecouper leurs performances live de petits films qui racontent, au travers d’interviews de ses membres, d’instants clefs de la tournée, l’origine du projet, la mise en place de ce travail de titan, l’organisation inhérente à un dessein aussi ambitieux. C’est tout ce dont j’avais besoin pour comprendre qu’est ce qui pousse trois groupes majeurs de la scène française à partager une si petite scène. Ainsi, on découvre un Poun vivace au micro sur « Killing In The Name » accompagné d’un faux flic pour le sortir de son stage diving ou un Schultz de PARABELLUM qui martyrise la langue allemande sur le « Feuer Frei ! » de RAMMSTEIN. Autant de détails qui échappent forcément à la version audio et qui renforcent la croustillance d’un DVD qui devient progressivement un journal intime auquel on s’attache. LE BAL DES ENRAGÉS s’impose avec beaucoup de naturel comme un groupe qu’on a envie de découvrir et ça tombe plutôt bien puisqu’ils seront au Hellfest 2013. L’occasion sera donc rêvée pour juger un spectacle que Le Grand Retour rend assez attractif. Le plus drôle dans tout ça, c’est que ce sont (presque) les mêmes reprises, les mêmes choix que sur le CD mais qu’avec l’ambiance, le jeu de lumière, la présence scénique des musiciens et de Klodia Sparkling, on oublie la médiocrité de certains de ces détournements. Par ailleurs, voir les line-up de PARABELLUM, de LOFO et de TAGADA JONES être éclatés pour former sporadiquement de nouveaux groupes est assez savoureux. Tout cette générosité ne suffit cependant pas à effacer le côté un peu caricatural du mouvement Punk qu’on retrouve en backstage, LE BAL DES ENRAGÉS faisant fréquemment l’apologie de la picole, de la clope et de la chanson paillarde à grands renforts de moments caca-prout mais aussi, soyons honnêtes, d’instants de lucidité appréciables parmi toutes ces vapeurs d’éthanol.
Aussi, au moment de résumer Le Grand Retour, je me souviendrais surtout de ce concentré d’énergumènes qui font au quotidien le charme de la scène Punk / Rock française. On les connaît plus ou moins tous, on sait qu’ils sont soit cons, soit bourrés, parfois les deux, mais respect. Respect pour la complexité du projet proposé, pour cette passion commune qui perle comme la sueur sur le front de Stef Buriez, pour cette intrusion au cœur d’un tour-bus qui nous épargne les odeurs et pour ce sympathique objet qui donne forcément envie quand on le regarde (et pas quand on l’écoute) de se mettre sur son 31 pour le bal.
Ajouté : Mercredi 31 Juillet 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Le Bal Des Enragés Website Hits: 10680
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