J’aime les âmes pertinentes, j’aime les petits malins. Et donc, quelque part, j’aime déjà F.O.D.T. Pas parce que ce groupe d’un goût original tape plus ou moins dans le Metalcore, mais parce qu’ils ont compris comment capter l’attention. Par un concept, une idée, une babiole qui devient vite signifiante. Tout le monde n’aime pas forcément les tribulations masquées de Corey Taylor et des siens, c’est un fait. Mais à ceux qui pourraient se désolidariser de ce projet pour des raisons purement musicales, le visuel macabre, les gueules de cyber-slasher de l’hyperespace à dreadlocks fluo, la marginalité d’un tel décorum, tout ça est susceptible de faire changer d’avis. Car des fans de films d’horreur, il y en a forcément parmi vous. Des pervers sexuels maniaco-sadiques aussi. Et il y a des gens dont le bon sens trahit des pulsions douteuses. F.O.D.T s’adresse à tous ceux-là, car leur univers est aussi glauque que barré. Entre fantasmes et perversions sanglantes, ce groupe bourguigno-rhodanien a fait le choix de la musique pour exutoire. First Oppressor Death Terror est ce premier coup de hache qui a fendu une nuit d’octobre 2011.

Si le visuel est donc fantasque, la musique est elle, plus terre-à-terre. Une incohérence ? Une faute de goût ? Pas vraiment. D’ailleurs, comment peut-on blâmer pareille personnalité quand on sait que SLIPKNOT a fait des ravages avec des ficelles similaires ? Ce n’est au final pas répréhensible, d’autant que dans son genre, le Metal de F.O.D.T tient bien la route. Le vieux con de soixante balais, bloqué sexuellement depuis l’avènement d’Ian Gillan et les préceptes de méditation transcendantale inculqués jadis par Donovan détournera assurément les yeux de cette œuvre trop moderne pour lui. Ceux qui ne chient pas sur un peu de fraicheur et de modernité resteront aux aguets. Car il y a quelque chose dans cet EP d’intriguant, de poignant. Ce mélange de Metalcore contemporain, de Néo Metal un peu tribal sur les bords, de Punk thrashy boosté aux hormones est séduisant bien qu’un peu plastifié. On reconnaît dans le jeu de Kabaal (guitare) cette manie de faire vriller les cordes, de rendre le riff souple et percutant sans lui ôter son dynamisme primaire. Oui, c’est primaire, un peu bestial, mal assuré et trop fougueux. Mais c’est bourré de testostérone et de glandes sudoripares que même le plus avant-gardistes des produits de la gamme Narta ne saurait contrôler. Quatre titres, chacun ayant son caractère de cochon, chacun complétant l’autre. First Oppressor Death Terror est donc un essai cohérent, fluide qui véhicule des émotions, même s’il est dans le fond rempli d’une facilité inhérente au Metalcore d’aujourd’hui et de demain. On tripe avec eux au rythme de la jugulaire sectionnée qui expulse le sang selon le battement cardiaque. C’est dire que pour provoquer de telles comparaisons, le quatuor ne manque pas de ressources. Ce que j’aime le plus au final, c’est que cet EP est logique et qu’il est bourré de second degré. On trouvera forcément à redire sur la voix caricaturale de Butcher, camaïeu de beuglements et de susurres, sur les breaks intimistes un peu simplistes, sur la première partie d’« Azylum », plus marrante que flippante. Mais la bonne volonté qui habite ce 4-titres prend le dessus et nous rappelle en bout de course qu’avant d’être un groupe débutant, F.O.D.T est un groupe pertinent et globalement original.

Musicalement, c’était ma came quand je découvrais la brutalité extrême de MARILYN MANSON et que le summum de l’amusement était pour moi de faire un loup-loup-la-galette dans la cour de récré. Et plus je me rapproche du vieux con dépeint ci-dessus, plus j’aborde ce genre de performance avec nostalgie, sans jamais oublier de saluer l’intégrité d’un tel groupe, qui manifestement s’éclate dans ce qu’il fait. Et ce, au-delà de toute exigence technico-artistique. Messieurs, restez grotesque !