DEATH (usa) - Leprosy (1988)
Label : Combat Records
Sortie du Scud : 16 novembre 1988
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 39 Mins
L’année 2012 arrive à son terme et avec elle, les premières gelées. Penser qu’un disque de DEATH, le groupe, saura dégivrer l’atmosphère est une prophétie que Nostradamus n’aurait osé soumettre. Pourtant, plus de vingt ans après avoir fait l’actualité avec les Scream Bloody Gore et autres Human, le nom de Schuldiner est plus que jamais ancré dans les mœurs. Pour son influence, surement. Pour son destin, encore plus. Et régulièrement, des groupes du monde entier remuent le couteau dans la plaie au gré d’hommages plus efficaces les uns que les autres. Le dernier en date ? Un split entre les Suisses de CALCINED et les polonais de REGICIDE DECEASE (voir par ailleurs). Leprosy, à l’instar de ses six autres frères et sœurs, est indélébile. Succédant au bouleversant Scream Bloody Gore de 1987, il est considéré comme le premier vrai chef-d’œuvre complet des Floridiens et la scène Death actuelle, sans le vouloir, n’a de cesse de nous rappeler l’importance d’un tel héritage. D’où la chronique tardive, mais néanmoins essentielle.
Maladif. N’y voyez aucun trait d’esprit, mais Leprosy est définitivement un album de malade. Il n’y a plus rien, à l’heure actuelle, qui parvienne à sonner comme un « Forgotten Past », un « Born Dead », un « Pull The Plug ». On cherche à s’en approcher, à toucher du bout des doigts ce miracle sans jamais l’atteindre. Oui, Thrufel, l’ancien guitariste de YATTERING a eu raison quand il m’a confié que « les plus grands albums de Death Metal ont déjà été écrits » et assurément, celui-ci en fait partie. Beaucoup plus habillé, beaucoup plus malin et beaucoup plus pulpeux que son prédécesseur, ce deuxième album bénéficie d’une production étonnamment fluide pour l’époque mais surtout, il se démarque par l’intensité et l’épanouissement d’un Death Metal moins rigide que celui exprimé sur Scream Bloody Gore. Sans aucuns moyens, sans aucuns repères, Leprosy est très certainement l’une des premières évolutions stylistiques pour un Death Metal qui se nuance lui-même d’apparats Heavy, de rythmiques en filigrane, d’une vélocité toute relative et d’une très grande intelligence dans l’écriture. La voix de Chuck, son riffing, si complémentaire avec celui de Rick Rozz, le jeu de batterie particulier de Bill Andrew, tout ça c’est du folklore, des détails qui, mis bout-à-bout, ont forgé la légende. Ça leur collera éternellement à la peau, comme le tubercule colle à la peau du lépreux. Il y a les faits. Il y a le symbole. Vingt-quatre ans après sa sortie, je préfère retenir de cet opus son côté précurseur, visionnaire et cet ésotérisme qui opère toujours, peu importe la situation. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les groupes modernes refusent le progrès technologique pour assumer leurs connivences avec cet album. Quelque chose en Leprosy relève du mystique, du culte. Il est vorace, vif d’esprit, un peu cachotier mais en même temps terriblement partageur. L’engagement et la conviction sont deux notions qu’on retrouve constamment dans la voix de damné de Chuck et qui trahissent ses véritables intentions, en dépit du Death Metal sérieux, parfois antipathique qu’il a composé. Je mentirais si je disais que j’ai tout compris de cet album qui, écoute après écoute, n’en finit pas de me surprendre. Il y a toujours des surbrillances inattendues qui se mettent en évidence et on n’a pas fini d’en faire le tour. Personne.
Leprosy ne nous lâchera donc jamais. Un an après Scream Bloody Gore, il est déjà un tournant dans la carrière de DEATH. Tout y est peaufiné, calculé pour s’éloigner au maximum du minimalisme de son aïeul sans se départir de la rigidité d’un style dont ils solidifieront les bases. Dix ans après son décès, Schuldiner serait certainement flatté de savoir que la cohésion qu’il vociférait sans s’en rendre compte sur « Born Dead » en 1988 est toujours d’actualité. Il ne s’imaginait pas que la moindre note qu’il jouait serait perçue vingt ans plus tard comme un legs d’une infinie richesse par une communauté qui grandit de jours en jours. Il était trop jeune. Toute sa vie, il aura été trop jeune. Pour comprendre, pour mourir. Et il n’y avait que le temps qui passe pour lui offrir un pareil ex-voto.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Death Website Hits: 9410
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