WATAIN (se) - Erik Danielsson (Juin-2013/VF-EV)
Je me sens toujours coupée du monde quand j’écoute WATAIN. C’est une sorte d’expérience magique, dangereuse et surnaturelle, rare et difficile à expliquer. J’ai eu l’honneur de discuter avec Erik, chanteur et bassiste du groupe pour lui en demander plus sur le processus d’enregistrement et de création de leurs chansons, principalement pour leur petit dernier, The Wild Hunt. Ses réponses attestent du côté sombre et magique qu’on retrouve dans leur musique...
Line-up : E. (chant), H. (batterie) P. (guitare), S. (guitare), A. (basse)
Discographie : Go Fuck Your Jewish « God » (demo – 1998), Black Metal Sacrifice (live album – 1999), The Essence Of Black Purity (EP – 1999), Rabid Death’s Curse (album – 2000), The Ritual Macabre (live album – 2001), The Misanthropic Ceremonies (split – 2001), Promo 2002 (demo – 2002), Puzzlez Ov Flesh (demo – 2002), Casus Luciferi (album – 2003), Sworn To The Dark (album – 2007), Reaping Death (EP – 2010), Lawless Darkness (album – 2010), Opus Diaboli (DVD – 2012), The Wild Hunt (album – 2013)
Traduction : Stef.
Metal-Impact. Cher Erik, c’est un grand plaisir de te voir ici ! J’ai entendu dire que le processus pour votre nouvel album, The Wild Hunt, avait duré 4 mois ! Comment tu te sens maintenant, ici au Hellfest, après cette longue période d’enregistrements ?
Erik Danielsson. Oui, 4 mois ! Et c’est très long. Pour moi, c’est extraordinaire, premièrement, de sortir de chez moi et de parler de cet album plutôt que de lutter avec l’enregistrement. C’est un très bon feeling. C’est toujours étrange quand tu enregistres un nouvel album, c’est un processus souvent douloureux. C’est comme un accouchement. Donc je me sens très bien maintenant que je réalise qu’on l’a fait.
MI. Le dernier album, Lawless Darkness avait reçu de supers retours ! Ça a été dur de travailler sur le nouveau ?
Erik. On essaye de ne pas trop penser à ça parce que pour moi, écrire de la musique et travailler avec le groupe est quelque chose de très intime. WATAIN, c’est vraiment notre univers, notre vie et peu importe ce qu’on fait en studio ou en salle de répètes, c’est très éloigné de la presse ou des attentes des fans. C’est quelque chose qui se produit dans nos cœurs. La pression est aussi interne, pas seulement externe.
MI. De nos jours, tu dois être engagé dans la partie business de la musique pour pouvoir être écouté ! Dans certains groupes, le Black Metal est basé sur une atmosphère purement underground, sans être limité par un label ou des histoires de business ! Comment te sens-tu vis-à-vis de cela ?
Erik. Nous exprimons nos purs feelings dans l’album et pendant nos concerts. C’est un facteur très important pour nous. C’est quelque chose que nous pouvons faire sans que personne n’interfère. Le reste, ce n’est que du bonus. Et j’aime ça, j’aime parler de cet album parce qu’il signifie tellement pour moi. Et je n’ai jamais eu de problèmes avec ça. Tu sais, certains sont très différents et ils n’aiment pas aller à la rencontre des gens, ils n’aiment pas parler à la presse. Je respecte cela mais pour moi, ça n’a jamais été un problème. Si tu ne maitrises pas ça ou si au moins une personne dans le groupe ne fait pas ce job, alors tu es foutu.
MI. Peux-tu nous en dire plus à propos du nouvel album, The Wild Hunt.
Erik. La première chose que les gens disent c’est que cet album est très très différent de ce qu’on a fait dans le passé. Je peux le comprendre. On a travaillé sur beaucoup de nouvelles idées. Et en même temps, c’est un album honnête. C’est vraiment nous, coupant notre poitrine, s’arrachant le cœur et le posant sur la table. Et pour moi, ce disque, c’est ça. C’est toujours compliqué de comparer un album avec un autre parce que chacun représente autre chose. Chaque album à son histoire, son sens et un nouveau chapitre est forcément différent du précédent. Tu sais, comparer les albums, la façon dont ils sonnent, c’est le genre de truc qui appartient aux gens. On fait ce qu’on a à faire et c’est personnel d’en parler.
MI. Pour moi, c’est ça la logique de WATAIN. Vous voulez toujours surpasser les limites de votre création ! Chaque album est différent !
Erik. Je suis si heureux que tu dises ça. WATAIN c’est ma vie, c’est ce que je fais depuis que j’ai 16 ans. Ça va faire 15 ans maintenant. C’est à la fois impossible et ça ne suscite aucune inspiration de faire la même chose encore et encore. Pour moi, c’est un voyage tu sais, c’est vraiment The Wild Hunt et c’est ce qu’on avait à faire. Tu atteins à chaque fois de nouveaux endroits. Tu atteins à chaque fois de nouvelles expériences et ça se traduit dans ce que tu fais en tant qu’artiste. Ca rend ton travail important et ça te permet de créer à chaque fois de nouvelles choses.
MI. Pourrais-tu nous en dire plus à propos du processus de production de ce nouvel album ?
Erik. Cette fois, nous avons décidé qu’on serait en studio pour 4 mois. On sentait qu’on était prêts et ça a pris 4 mois pour enregistrer, c’est très long. Donc on a décidé d’aller enregistrer dans 4 endroits différents. Chacun d’eux était situé à l’extérieur de la ville, loin de tout. Nous avions besoin d’être détachés du monde. On voulait être seuls avec nous-mêmes. C’était comme de vivre dans un monastère. J’aime travailler de cette façon parce qu’au bout d’un moment, ça devient une expérience très spirituelle. Quand tu te concentres sur le même objectif chaque jour et que tu es proche des gens que tu considères comme tes frères, ça devient une expérience hypnotique. Et sans rien autour de toi, tu te sens au milieu de nulle part. C’était un processus qui nous a apporté de l’inspiration mais c’était également très douloureux. Comme de briser nos os et de souffrir, vraiment. C’est ainsi qu’il doit en être pour WATAIN et je pense qu’on ressent que l’album n’a pas été enregistré dans un studio en pleine ville. C’était une aventure et j’espère que ça s’entend sur l’album.
MI. Vous préférez tourner avec d’autres groupes de Black Metal ou avec des groupes qui sont totalement différents de vous ?
Erik. Nous avons fait une priorité de ne pas trop tourner avec d’autres groupes de Black Metal. Parce que je pense que quand tu vas à un concert de WATAIN, ce qu’on fait sur scène… Tu sais, si c’était un groupe comme MARDUK, je pense que ce serait de trop que d’avoir deux groupes de Black Metal pour une seule nuit. Pour moi en tout cas. J’ai toujours pensé que ce serait plus intéressant que de jouer avec des groupes au style musical différent du notre. On a tourné avec CELTIC FROST qui, je pense, était le groupe parfait pour jouer avec nous. Et maintenant, nous espérons faire la tournée avec un groupe suédois qui s’appelle INSOLITUDE. A la base, c’était un groupe de Heavy Metal plutôt classique mais maintenant, ils évoluent dans une direction… Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est un groupe sombre, dangereux et je pense que les gens seront choqués de voir ça en live. Donc je les apprécie vraiment. J’aime tourner avec des groupes sombres et dangereux mais pas nécessairement des groupes de Black Metal.
MI. J’ai entendu parler de cette tournée avec KREATOR et CELTIC FROST...
Erik. Ouais, c’était très intéressant. Je veux dire, j’adore les vieux KREATOR. Pour nous c’était très sympa aussi de tourner avec CELTIC FROST. KREATOR a été super. Ils ont toujours cette énergie et ce old Metal power auquel WATAIN est également attaché. Mais on a surtout apprécié CELTIC FROST. Ils nous ont invité sur cette tournée et c’était juste parfait. Néanmoins, la meilleure tournée reste celle effectuée avec DISSECTION en 2004. Il ne pouvait y avoir plus significatif pour nous.
MI. Comment choisissez vous votre setlist en concert ?
Erik. Bien sûr, nous voulons que le public soit à fond dans ce qu’on fait. Nous voulons créer une atmosphère sauvage et on garde ça en tête au moment de choisir la setlist. Nous évaluons la façon dont les gens réagissent à certaines chansons. On essaye de faire différentes setlists nuit après nuit. Tout dépend de notre état d’esprit, de l’état d’esprit du public, de la salle où nous jouons. Le Hellfest est un festival différent parce que quand nous y jouons, nous avons une grosse affluence et peut-être 20% des gens sont des blackeux, les autres sont des gens venus vivre une expérience forte. Il suffit alors d’aller sur scène et de voir comment ça se goupille.
MI. WATAIN est devenu une très grande influence pour tant de gens au sein de la scène Black Metal. Est-ce que tu as un message pour eux ?
Erik. Tu sais, ce qu’on fait avec WATAIN ne se produit que dans le monde de WATAIN. Nous connaissons la recette, nous savons ce que nous faisons et c’est la chose la plus importante. Nous posons ça sur la table pour que les gens relatent cette expérience de la façon qu’ils veulent. WATAIN est quelque chose de très puissant, un concept très fort. Ce n’est pas quelque chose qu’il faut imposer à quelqu’un d’autre. WATAIN, c’est plus que ça, c’est la liberté, c’est se libérer l’esprit, briser les chaines. Je ne pense pas qu’on puisse forcer les gens à faire ça, mais je pense que WATAIN peut être un pas dans cette direction. Peut-être qu’on peut réveiller un peu les gens, les faire aller dans cette direction. Si on peut faire ça, super, et je serais fier de ça mais ça ne sera jamais notre profit. Notre profit, c’est de faire ça pour nous, de nous libérer.
MI. Que prévoit WATAIN pour le futur ?
Erik. On a bâti WATAIN dans le but de nous exclure du reste du monde. Et d’avoir notre place, où nous pouvons être libres, faire grandir ce feu, créer nos propres règles, vivre en harmonie avec nos propres règles… Le but, c’est de rendre ce monde plus fort, plus brûlant, plus puissant. Je vois WATAIN comme un feu et plus il y aura d’arbres, plus grandiose sera l’incendie. J’adore voir ce feu grandir, ça me donne une raison de vivre. Pour moi, la vie en général n’a pas beaucoup de valeur. Je pense que la mort est bien plus intéressante que la vie, vraiment. Mais WATAIN est pour moi cette chose que rend ma vie moins pénible à vivre. C’est la seule raison pour laquelle je suis encore ici.
MI. Merci beaucoup pour cette interview et meilleurs vœux à WATAIN !
Erik. Merci.
==================== ENGLISH VERSION ====================
Metal-Impact. Dear Erik, such a big pleasure to have you here! I heard the process of the new album The Wild Hunt took 4 months! How you feel now, being here in Hellfest, after this long period of recording?
Erik Danielsson. Yes, 4 month ! And that's a very long time. For me it's so nice, firstable to get away from home and talk about the album instead of struggling with recording you know. It's a very good feeling. You know it's always weird when you record a new album, it's a very painful process all the time. It's like giving birth. So it's feels very good now when I started to realize that we really make it.
MI. The last album Lawless Darkness had such great feedback! Was it hard to start working on new one?
Erik. We try not to think so much about that. Because for me, writing music and working with our band is something that happen within very close to wall. WATAIN is really our world and it's our life and whatever we do in studio or in rehearsal room, that's so far away from the press or the fans expectation and that's something that happens in the heart. The pressure is always from the inside, not only from the outside you know.
MI. Nowadays, you have to be engage to the business part of music to be able to be heard! In other bands, Black Metal music is based on pure underground atmosphere without being limited in kind of label stuff or these business part! How you feel about that?
Erik. We express our pure feelings in the album and in live shows and that is really a part that is important to me. That is something that we can do without anyone coming and trying to do something. The rest is about that kind of worldly things that you have to deal with it. And I like it, I like talking about the album cause it means so much to me. And I never really had a problem with that. You know, the other guys are really different and they don't like to meet people, they don't like to talk to press so much. I respect that but for me it's never really been a problem. It’s something that if you don't know how to do that or at least one person in the band who could be able to do that, you're fucked.
MI. Can you tell us more about the new album, The Wild Hunt?
Erik. The first thing that most people say is that it's a very very different album from what we've done in the past. I can’t see why. We have taken in quite a lot of new ideas. But at the same time, it's such a honest album. It's really us, cutting open our chest, ripping out the heart and put it on the table. And for me that's what it is. And for us it's always hard to compare album to album because each album represent different things. Every album have it's story on it's own. And a new chapter is completely different than the old chapter. You know, it's kind of thing that is more up to other people say how it sounds compare to the last one. We do what we do and it's kind of personal thing to talk about really.
MI. I mean for me it's the logic of WATAIN. I mean you guys always wanted to pass the limit of your creation! Each album are different!
Erik. I'm so glad that you tell that. WATAIN is my life and it's what I was doing when I was 16 years old. For 15 years now you know. And it's impossible and totally uninspiring to us to do the same things over and over again. For me it's a journey you know, it's really The Wild Hunt and that's what we have been doing you know. You always reach new places. You always have new experiences and it has to translate into what you do as an artist and that's what keeps that important that it always go on and on and on and there is always new things.
MI. Could you explain more about the process of producing this new album?
Erik. This time we decided that we gonna be in studio for 4 month. We felt that we were ready and that takes 4 month to record and that's a very long time. So what we decided to do was that we were going to use 4 different places for recording. All of them were outside of cities like far away from everything. Because we needed to be detached from the world. We wanted to be completely by ourselves. But it was really like living in a monastery. I like working that way because it becomes after a while very spiritual experience you know. When you focus on the same thing everyday, and you are really close to people who are like your brothers, it becomes almost kind of hypnotic experience after a while. And with nothings around and you are just in the middle of nothing. It's very inspiring process but it's also very painful process at the same time. Like opening our bones and suffering, really. For WATAIN that's the way or WATAIN should be done. And I think you can hear that on the album like it was not recorded on a studio in a city. It was an adventure and I hope it can be also heard in the album.
MI. You guys prefer to tour with other Black Metal bands or with bands who are different than you?
Erik. You know, we have always made a pretty big point to not always touring with other Black Metal bands. Because I think that when you go to concert with WATAIN, what we do on stage is… You know, if they would be a band like MARDUK, I think it's to much when you have two Black Metal bands on the same night, for me personally. I've always think it's more interesting to tour with bands that are different. We toured with CELTIC FROST which I think, it was the perfect band for us to tour with. And now we are hoping to do the tour with a band called INSOLITUDE from Sweden. INSOLITUDE used to be more like a classic Heavy Metal band but now they are moving in a direction that I don't even know how to explain it. Really dark and dangerous band that I think people would be chock they see them live. So I really like it. I like to tour with bands that are very dark and dangerous but not necessarily Black Metal bands.
MI. I just heard about you guys touring with KREATOR and CELTIC FROST.
Erik. Yeah, it was interesting. I mean, I love the old KREATOR. For us it was pretty much touring with CELTIC FROST in the first place you know. KREATOR was great cause they still have the energies and that old metal power that WATAIN is also very much about. But specially CELTIC FROST on that tour, they invited to us to come on the tour and it was just perfect. The best tour that we've had ever done was with DISSECTION which was in 2004 and it can not get more special than that for us.
MI. How you choose your setlist?
Erik. We always want of course the audience to be apart of what we do. We want to create a wild atmosphere and of course, we keep that in mind when we chose our setlist how to be. We see how people react to certain songs. We always try to make the setlist night by night. How we feel, and how the audience seems and what kind of place it is. Hellfest is a different festival because when we play, we have a big crowed and maybe 20 percent of that are Black metallers, the rest are people who come to have a great experience. So it's just about going on the stage and see what happens.
MI. WATAIN became a big influence for so many people who are into Black Metal. Do you have any message for them?
Erik. You know, what we do with WATAIN is something that happens in the world of WATAIN. We know the ingredient, we know what we are doing and for us is the most important thing that we can ever be apart of. But then, we put it on the table for people to relate to in anyway that they want. WATAIN is a very powerful thing, it's a very strong concept. But it's not something that you can force upon someone else you know. WATAIN is very much about one thing. It's about freedom and liberating your spirit. Breaking free off the chains. I don't think that we can make people do that, but I think that WATAIN can be a step in that direction. Maybe we can wake people up a little bit and make them go in that direction. If we can do that, great, and I would be proud of that but it's never gonna be our gain. Our gain is to do that for ourselves and to liberate ourselves and become free.
MI. What WATAIN planned for the future?
Erik. You know, for me, we built WATAIN in order to shut out the rest of the world. And to have our own place where we could be free and we can make our fire grow and create our own rules and live our lives according to our own rules. And the plane is to making stronger and stronger this world. To make it more and more firing and powerful. The way I see WATAIN is like a fire and the more wood that we put on this fire, the greater that fire become. And love seeing that fire growing and it gives me a reason to live you know. Cause to me, life in general is not something that I value much. You know, I think death is much more interesting than life really. But WATAIN for me is the thing that makes my life worth living and it's the only reason that I'm still here you know.
MI. Thank you so much for the interview. Best wishes for WATAIN.
Erik. Thank you.
Ajouté : Vendredi 09 Août 2013 Intervieweur : Nelly Lien en relation: Watain Website Hits: 15964
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