INHUMATE (FRA) - Frédéric Anton (Juil-2013)
C'est au détour d'une très belle après-midi strasbourgeoise que j'ai eu la chance de vivre l'une de mes interviews les plus intenses. Confortablement lové au cœur d'une charmante terrasse de la Petite France, j'ai donné rendez-vous à Fréderic Anton, membre fondateur et bassiste d'INHUMATE depuis 1990 pour un entretien à la saveur toute particulière. En effet, il y a 11 ans, en février 2002, Fred était le premier à accorder une interview à notre webzine. C'était à l'époque pour promouvoir la sortie de Growth, leur troisième album. Alors à l'occasion de la sortie du pénultième volet de leur heptalogie, Expulsed, il nous était tout simplement impossible de ne pas venir aux nouvelles de notre parrain. Et c'est toujours avec cette franchise et cette intégrité que Fred a bien voulu répondre à nos questions. Attention, entretien piquant.
Line-up : Christophe Knecht (chant), Damien (guitare), Frédéric Anton (basse), Yannick Giess (batterie)
Discographie : Abstract Suffering (demo – 1993), Grind Your Soul (demo – 1995), Funeral March / Inhumate (split – 1995), Internal Life (album – 1996), Ex-Pulsion (album – 1997), Slaughter Of Innocence (split – 1998), Inhumate / Gorefield (split – 1998), Inhumate / Trauma-Team ! (split – 1998), Sanguinary / Inhumate (split – 1999), Growth (album – 2000), Alienation Mental / Inhumate (split – 2001), Vaginal Incest / Inhumate (split – 2003), Life (album – 2004), At War With Inhumate (DVD – 2007), S Is For Sludgesicle (split – 2008), Depression / Inhumate (split – 2008), The 5th Season (album – 2009), Expulsed (album – 2013)
M-I Interviews du groupe : Frédéric Anton (Fév-2002), Frédéric Anton (Juil-2004), Frédéric Anton (Juil-2013)
Metal-Impact. Salut Fred ! Je suis très heureux de te rencontrer à l'occasion de ce nouvel entretien pour Metal-Impact. Neuf ans se sont écoulés depuis ta dernière interview pour notre webzine, à l'époque c'était pour promouvoir la sortie de Growth. Qu'est ce qui a changé pour toi et pour INHUMATE depuis toutes ces années ?
Frédéric Anton. Bon bah déjà salut ! On va commencer par le commencement (rires). Qu'est ce qui a changé ? Pour moi dans ma vie privée plein de choses mais ça ne regarde personne. Pour le groupe, le plus important depuis Growth ; on va dire que c'est le changement de guitariste. C'est le changement majeur. David était chez nous de 1990 à 2007 donc 17 ans et en 2007 ou 2008, dans ces eaux là, Damien est arrivé. Le grand changement entre Growth et maintenant c'est surtout ça, ce changement de guitariste. Ensuite il y a ce qui en découle, c'est-à-dire la musique.
MI. Est-ce que justement Damien vous a apporté un style de second souffle ?
Fred. Au niveau de la musique, je laisse les gens libres d'écouter, d'en tirer les conclusions et d'en juger par eux-mêmes. En tout cas pour nous, en tant que groupe, oui, évidement, c'est du sang neuf. C'est même du sang neuf au sens propre car il a dix ans de moins. Ça joue aussi. Il nous a foutu un coup de pied au cul. Peut-être qu'on était un peu en train de s'encroûter. C'est du sang neuf aussi en sens figuré, ça a été un coup de fouet. Quant à la composition, le meilleur moyen de connaître son influence est d'écouter The 5th Season qui a été composé à moitié par David et à moitié par Damien. Je ne sais pas si les gens arriveront à faire la distinction entre les titres sachant qu'ils sont mélangés sur le disque. Puis il faut aussi comparer avec notre dernier, Expulsed. Je pense que la différence est flagrante.
MI. Tu t'appelles Frédéric Anton donc tu sais peut-être que tu es l'homonyme d'un grand chef cuisinier, 3 étoiles au guide Michelin. Considères-tu le Grind un peu comme de la cuisine et INHUMATE comme du Grind 3 étoiles ?
Fred. Alors le cuisinier évidement que je le connais. Je me suis déjà moi-même « auto-googlisé » et je suis tombé sur lui. Il a moins de cheveux que moi (rires). Finalement c'est pas mal qu'il y ait ce mec là comme ça quand on me « googlise » on ne me trouve pas. Pour le boulot c'est intéressant (rires). Ensuite, entre Grind et cuisine, je ne sais pas… Je ne suis pas du tout fin gourmet… Je ne fais pas de lien entre les deux. Quant aux Grind 3 étoiles, je ne sais pas, je laisse les gens juger.
MI. Votre sixième album, Expulsed est sorti il y a tout juste un mois. Comment tu te sens vis-à-vis de ça ? Est-ce que tu réalises le chemin accompli par le groupe depuis Internal Life ?
Fred. Oh que oui, le chemin parcouru, je peux te dire qu'on le réalise ! C'est l'occasion ou jamais de rentrer dans les anecdotes. On est entrés en studio et je précise que c'est le même mec qui nous enregistre depuis les démos donc depuis 1993. A l'époque il enregistrait avec un vieux truc à bande, le truc analogique où il fallait appuyer avec le pied pour l'arrêter. Maintenant il a le matos hyper moderne, enfin bref. Donc à l'époque d'Internal Life on se pointe au studio, c'était en 1996. On est prêts, on arrive, on fait les premières sessions. Il n'était pas content de nous. Il nous a dit « bon les mecs ça joue mal, cassez-vous, allez bosser et revenez » (rires). On s'est fait virés du studio, on est retournés au local de répète et on a tout rebossé au métronome pendant 6 mois. Ça s'est passé comme ça et du coup l'album a pris près d'un an pour être enregistré. Et ce qui est rigolo c'est que Expulsed, on voulait le faire en 15 jours et finalement si tu regardes les dates dans le livret, tu vois qu'on est restés 11 mois au studio, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons (rires). Il y a une différence. Je suppose qu'on joue un tout petit peu mieux. On est loin d'être des virtuoses mais on joue un tout petit peu mieux. Ceci étant, les choses sont toujours aussi dures. Le temps a passé. Ce n'est pas parce qu'on fait du Grind qu'on le fait en deux jours comme AGATHOCLES. On peut quand même rester 11 mois dans un putain de studio en 2013.
MI. Avec Internal Life, vous vous étiez lancé à l'époque dans une heptalogie, donc une suite de sept albums qui semblait assez ambitieuse. As-tu déjà une pointe de nostalgie du fait que cette série arrive doucement à son terme ?
Fred. Nostalgie non parce qu'il faut quand même avouer qu'hier c'était ambitieux mais qu'on est en train de le mener à terme. Ce n'est pas fini, il en reste un mais apriori, il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas. Ce qui risque d'être un peu angoissant, c'est que moi, après INHUMATE, j'arrête la musique. Je commence un peu à avoir le corps qui fatigue. C'est pas que ce n'est pas intéressant mais j'ai autre chose aussi dans ma vie et hélas, ça prend quand même beaucoup de temps. Donc nostalgie je dirais non mais plutôt une angoisse de la fin, plus qu'une nostalgie du début. Nostalgie… Le mot ne me convient pas.
MI. Peux-tu nous confirmer que le dernier album de cette saga s'appellera Eternal Life ? Quelle est la symbolique qui se cache derrière ce titre aux intonations presque religieuses ?
Fred. La symbolique, elle porte déjà sur les noms de tous les albums. Le premier c'était Internal Life donc « La Vie Intérieure ». Le quatrième au milieu c'était Life donc on reprend le mot « Life » et on le place au centre du cycle. Le dernier c'est Eternal Life, donc « La Vie Eternelle » à la fin du cycle. Le mot « Life » revient trois fois. Quant aux intonations religieuses… Je ne sais pas…
MI. « La Vie Eternelle », c'est quand même quelque chose qui évoque la religion…
Fred. Oui alors elle est éternelle dans le sens où finalement ce concept, il raconte une vie. Quel est l'être dont on raconte la vie ? Nous même on ne sait pas trop mais on a fini par se demander si finalement on ne racontait pas la vie d'une entité qui s'appelle INHUMATE, qui est faite de quatre composantes et cette entité prendrait vie sur scène. En dehors de la scène, elle n'existe pas, sauf par les albums. Les répètes, c'est juste du travail, ce n'est pas intéressant. Quand on est sur scène, c'est là que l'entité INHUMATE prend vraiment vie. Finalement, on a raconté toute la vie d'INHUMATE sur ces sept albums. Ensuite, la vie sera éternelle parce qu'INHUMATE sera éternel. Les sept albums seront gravés. Le son restera pour toujours, il sera éternel. Ce n'est pas religieux, c'est plutôt philosophique…
MI. Et que se passera t-il une fois l'heptalogie terminée ? Est-ce que ça signifiera la fin d'INHUMATE ou au contraire, un renouveau, peut-être un nouveau concept ?
Fred. C'est plus dur à expliquer maintenant qu'il y a 5 ans (rires). Il y a 5 ans c'était absolument clair. Au septième, tout s'arrête. Point. Maintenant, plus ça approche, plus c'est dur. C'est ce que je disais avant. Apriori, je dis bien apriori, après le septième, il n'y aura plus d'album d'INHUMATE. Ça c'est sûr. On n'enregistrera plus rien. On fera des concerts et un jour on fixera une date pour le dernier concert et ce dernier concert achevé, le groupe s'arrêtera. Voilà. Ensuite, ce que fera chacun d'entre nous, je n'en sais rien. Pour moi, c'est à peu près clair, j'arrête la musique. Enfin j'arrête de jouer, je ne quitte pas la scène. Les autres feront ce qu'ils veulent mais en tout cas le nom d'INHUMATE ne sera pas repris par untel ou untel. Ça par contre c'est clair pour tout le monde, on ne reviendra pas dessus. Il n'y aura pas d'INHUMATE avec un membre en moins ou quoique ce soit de ce type. C'est sûr. Mais bon, peut-être que les autres continueront… Peut-être que moi aussi d'ailleurs (rires). Mais pas avec INHUMATE.
MI. Pour en revenir à Expulsed, penses-tu qu'il s'agisse du meilleur album jamais écrit par INHUMATE ?
Fred. C'est la réponse que j'aurai faite après chaque album mais oui, je pense que c'est le meilleur. Plus encore que les précédents au moment de leurs sorties respectives. On a vraiment chiadé sur la composition, sur les paroles. Il suffit de regarder le livret, lire les paroles, même si on ne comprend rien sur le disque. Je connais la rengaine, « on ne comprends rien ». D'accord, on est bien d'accords qu'on ne comprend rien. La voix, de toute façon, elle est rythmique, elle n'est pas là pour faire des vocalises. On s'en branle de ça. Par contre il y a quand même des paroles. Tout le monde peut les lire. On a fait un vrai travail dessus. Il y a des acrostiches, des vers, etc… Sur le visuel du livret aussi on s'est bien emmerdés pour cette image qui se déplie. Les gens comprendront quand ils le verront. Je pense que cet album a été travaillé le plus qu'on pouvait, sur tous les aspects possibles. Oui, je pense que c'est notre disque le plus abouti.
MI. J'ai ramené la chronique que j'ai faite d'Expulsed, je vais te laisser le temps de la lire et après j'aimerais que tu me dises ce que tu en penses, si tu es d'accord, pas d'accord ou si tu as des choses à rajouter.
Fred. Bon alors le d'accord ou pas d'accord, ce n'est pas moi qui critique. Je ne peux qu'acquiescer. Ce sont les chroniqueurs qui font leur boulot. La première chose qui me plait c'est la référence à l'inspecteur Derrick (rires). Je suis un fan absolu. Par contre, depuis que j'ai appris qu'il avait un passé nazi, je l'aime moins. Ensuite, sur le reste de la chronique, il n'y a pas d'erreurs, tout est juste. Tu parles de détresse, « une détresse s'échappe de l'album ». Je ne comprends pas bien. Pourquoi une détresse ? La détresse c'est quand ça ne va plus, quand on est mal…
MI. Justement, est-ce qu'il n'y a sincèrement aucune détresse dans cette album ? Personnellement, j'ai ressenti des sentiments très intenses, graves, quelque chose qui te prend aux tripes et qui est dur à encaisser. C'est dans cet esprit que j'ai employé ce terme.
Fred. D'accord. Oui, pourquoi pas après tout ? La détresse, ça m'évoque de la tristesse alors que nous on a une vision de la musique qui est toute autre. Je ne suis pas du tout dans la musique dite d'ambiance. Je ne comprends pas quand on me dit « tel titre dégage une ambiance, des sentiments »… Pour moi la musique, ce n'est pas ça et c'est justement ce que m'évoque le mot détresse. Après je parle pour moi, je ne parle pas au nom des autres. Pour moi INHUMATE c'est la rage. Tu cites TREPAN'DEAD. TREPAN'DEAD c'est la rage. INHUMATE c'est toutes les tripes dehors. On n'est pas là pour avoir des sentiments. On a ça dans la vraie vie, avec une vraie femme. Là ce sont de vrais sentiments.
MI. Mais ce personnage qui arrive presque au bout de sa vie, est-ce qu'il ne ressent pas une forme de détresse qui pourrait avoir été involontairement traduite en musique ?
Fred. Ce personnage, comme je disais, c'est peut-être l'entité INHUMATE. C'est un personnage qui n'a pas plus de valeur que ça. Ce n'est pas un personnage de papier mais c'est un personnage de vent, de concerts, de décibels. Il n'a pas d'âme. Le seul but qu'il a, c'est celui de transmettre la folie. Le cœur du Grind, c'est la folie, ça vient des tripes, c'est la violence, un instinct musical extrême loin de toutes prérogatives, pensées politiques ou sentimentales. C'est pourquoi « détresse » ne me convient pas. Ce personnage n'est pas déçu, il avance, il va être éternel. Une fois que t'es éternel, t'as plus de sentiment. Mais ensuite, si tu ressens une détresse, pourquoi pas. On accepte parfaitement cette interprétation. Tu parles aussi de « quelque chose de psychologique, écrasant, insupportable, qu'on ne retrouvait pas avant ». Là-dessus je suis d'accord. On retrouve quelque chose qu'il n'y avait pas sur le précédent. On retrouve l'énergie, la violence qui vient de l'entité INHUMATE et elle est exacerbée sur cet album, d'où la question d'avant ; est-ce que c'est le meilleur ? Oui, je pense, de par cet aspect là. J'aimerais aussi parler un petit peu des groupes cités. BLOCKHEADS, la référence du Grindcore français. Ce sont nos vieux potes même si nos chemins se sont définitivement séparés depuis leur signature chez Relapse. Ils ont choisi une voie qui est vraiment différente de la notre. Chacun son chemin. Ça ne nous empêchera pas de nous croiser. D'ailleurs on se voit fin août en République Tchèque. TREPAN'DEAD, eux sont à mon avis le groupe de Grind français de l'avenir. Par contre je suis un peu triste quand je vois le peu d'encouragements et de soutien qu'ils ont. C'est vrai qu'il y a aussi l'évolution de la scène qui fait que c'est de plus en plus dur de percer avec les nouvelles technologies. Se faire connaître sur Facebook, putain c'est quand même compliqué ! RATBOMB ils sont un petit peu jeunes. On en reparlera dans cinq ou six ans s'ils sont encore là. Pour l'instant je ne sais pas trop. INFEST c'est très très bien mais pareil que pour TREPAN'DEAD, le problème c'est qu'il n'y a pas de résonnance. C'est vraiment incroyable que les groupes n'arrivent pas à percer. Puis pour en revenir à ta chronique, j'aime bien le « sans arômes artificiels ni sucres ajoutés » (rires) ! C'est ton univers professionnel qui interfère sur tes écrits. Plus sérieusement, la chronique me plaît. Elle parle un petit peu de la musique, elle a un petit côté décalé mais pas trop. J'ai eu une chronique de Thrashocore, ils ont fait un papier que je trouve un peu trop décalé. Ils font ce qu'ils veulent, je ne critique pas mais il ne faut pas non plus tomber dans la littérature. Il faut parler de l'album. J'aime bien aussi l'expression « tas de cendres », c'est vachement bon ça, j'aime beaucoup !
MI. C'est le titre « Cendres » qui m'a inspiré cette expression !
Fred. Ok, je vois. C'est vrai que ce titre fait un peu « tas de cendres » au milieu (rires). Alors tu dis que ce titre est « étonnamment accessible ». Moi j'ai une question pour le chroniqueur s'il veut bien me répondre. Je disais avant que je n'aimais pas trop les sentiments mais forcément, quand c'est lent, ça dégage quelque chose. Quels sont les sentiments, qu'est ce qu'on a comme impression en écoutant ça ?
MI. Personnellement, j'ai eu l'impression d'écouter un vrai morceau. Un morceau plus accessible de par le rythme qui est en rupture total avec le reste de l'album. C'est une pause inattendue au cœur d'un disque qui est à fond de A à Z. Il se passe quelque chose, tu découvres par hasard ce titre plus lent alors que tu ne t'y attends pas du tout. D'ailleurs j'aurais voulu savoir pourquoi ce titre ? Ce n'était pas innocent…
Fred. Pourquoi ? Oh putain, pourquoi ce titre ? Ce n'est pas innocent, effectivement. Ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas un titre de concert. On serait incapable de le refaire car il est à moitié improvisé. Il y a ce côté sorti de nulle part. Ça fait longtemps qu'on voulait faire un titre lent. On avait essayé sur The 5th Season, c'était “It's Back” qui est plus lent mais qui reste quand même du INHUMATE pur sucre. Et pour cet album, on voulait faire ce titre lent, on l'a fait et je me demandais ce qu'on pouvait bien en dire parce qu'il nous semble en dehors de l'archétype du titre Grind lent. Un titre Grind lent, c'est sur les premiers NAPALM DEATH, ces trucs qui tournent en boucle. Maintenant, qu'est-ce qui l'a motivé en dehors du fait de vouloir faire un titre lent ? C'est une bonne question à laquelle il va falloir que je réfléchisse (rires). Sincèrement je ne sais pas. Pour finir, j'aime bien quand tu écris « Christophe est suffisamment lucide pour beugler we are INHUMATE histoire qu'on s'en souvienne encore un peu ». Bah oui, il faut s'en souvenir. Je crois qu'on n'a jamais dit ça parce que ça fait présomptueux mais bon, c'est le moment de se lâcher. On a pensé qu'au bout du sixième album, on pouvait le dire avec une certaine fierté. C'est le premier titre de l'album. Oui, nous sommes INHUMATE. MOTÖRHEAD l'a dit, « We Are Motörhead ». On le dit aussi, « We Are INHUMATE ». Eux en sont fiers, bah nous aussi !
MI. Tu avais déclaré en 2004 qu'« INHUMATE ne quittera jamais l'underground ». Est-ce que vous êtes toujours dans le même état d'esprit, même après avoir acquis une certaine notoriété dans le milieu ?
Fred. Oui, même si j'ai l'impression que le sens du mot « underground » a un peu évolué avec le temps. On garde cette mentalité, cette idée là. Pour une simple et bonne raison : l'autoproduction. On reste en autoproduction. On l'a toujours dit, on l'a toujours fait. On ne signera jamais chez un label. Il suffit de voir ce qui se passe avec BLOCKHEADS. On était en parallèle pendant presque 20 ans, à quelques décalages près, et là, avec la signature sur Relapse, ils ont décollé. Ce n'est pas compliqué à comprendre. Nous on sait qu'on ne signera jamais donc on ne décollera jamais mais on assume. We are INHUMATE.
MI. Comment tu expliques que vous n'avez jamais été intéressés par le fait de toucher plus de monde par le biais d'un label ?
Fred. Bah après faut voir ce qu'on veut. Nous on ne fait pas de la musique pour toucher le monde ou pour être plus célèbre ou pour l'argent. On fait de la musique par passion et cette passion nous impose ça. C'est une éthique, une façon de voir les choses. Par exemple, on ne demande pas de cachet. Quand on va jouer loin, on demande juste le prix de l'avion et pas un centime de plus. Ça aussi c'est une éthique. Y a des gens qui trouvent ça cher 400€ pour nous faire venir. Bah oui c'est cher mais faut louer une camionnette, etc… Nous on ne touche rien, on n'a jamais touché un centime. Si on était signés sur un label, on perdrait le monopole du pressage des disques et de tout le reste. Forcément il faudrait rentrer du fric à un moment où à un autre, forcément il faudrait demander des cachets et forcément il y aurait des jeux d'argent qui entreraient en compte. Et ça, on n'a pas envie de le gérer parce que notre seule vocation, c'est le plaisir. Et derrière ce plaisir là, il n'y a pas de message. On n'est pas un groupe engagé, on n'est pas un groupe politique, on n'est pas un groupe de gore ou de porno ou de je-ne-sais-quoi. On fait que de la musique, c'est tout. Après elle est ce qu'elle est mais ça s'appelle quand même de la musique. Les gens peuvent dire que c'est du bruit mais je te garantis qu'on ne fait pas onze mois de studio pour faire du bruit. On est comme on est. Et autre chose aussi pour en revenir à l'underground. Il n'y a pas longtemps j'étais en contact avec Christian d'Adipocere, un ex-gros label. Il est parti au Hellfest et il me dit « tiens, à propos du Hellfest, ça vous dirait pas d'y jouer » ? Bah si, bien sûr que ça nous dirait d'y jouer ! Et il ajoute « oui mais peut-être que ça colle pas avec la philosophie du groupe ». Mais bien évidement que si on nous propose, on ira. Moi j'ai demandé une fois, je n'ai pas eu de réponse. Je ne vais pas les supplier pour aller y jouer. On ne me répond pas on ne me répond pas, terminé. Le jour où on nous le propose, si les conditions sont acceptables, on ira. Si elles ne le sont pas, on refusera. On sera peut-être le premier groupe à le faire mais à ce moment on fera de la pub autour. C'est comme ça, c'est ça être underground. J'ai déjà eu des échos de MUMAKIL et de BLOCKHEADS qui ne sont pas revenus enchantés de l'accueil qu'on leur a fait là-bas. S'il faut accepter ça parce que ça nous permet de jouer dans un grand festival, bah nous on dit non et on préfère jouer devant moins de monde, on préfère être moins connus, on préfère vendre moins de disques mais au moins on aura la sensation d'avoir été intègres. Attention, je ne dis pas que MUMAKIL et BLOCKHEADS ne le sont pas mais nous, c'est notre vision des choses, c'est ainsi. Si on nous propose le Hellfest, ce sera évidement oui mais à nos conditions. Faut pas qu'on paye pour y aller, faut pas qu'on nous file un pauvre sandwich et qu'on nous fasse jouer à dix heures du matin et nous disant que de toute façon vous faites du Grind, c'est du bruit, vous êtes pas signés, vous faites de la merde. A ce moment-là, la merde elle ne va pas au Hellfest. Voilà, c'était ma petite parenthèse underground (rires).
MI. J'aimerais revenir un instant sur les paroles de cet album. Vous écrivez des choses comme, je vous cite, « sous le gras gisent les os, pour toi, Ô Zeus, à moi, vif fenouil ». Est-ce que ce type de paroles est une sorte de littérature potagère un peu philosophique ou au contraire, est-ce que c'est juste pour le fun ?
Fred. (Rires) ! J'aime bien le « potagère ». Y a rien à faire, la cuisine revient toujours. Non, ce n'est pas que pour le fun. On est deux lettrés dans le groupe. Moi je suis prof de français et Christophe était en thèse de littérature. C'est lui qui écrit les paroles donc ça finit bien par transparaitre. Quand on est lettré et qu'on s'implique un peu dans les choses, forcément, ça ressort. Un peu comme toi avec les aromes artificiels, le potager et Frédéric Anton (rires). Quand ça nous tient à cœur, on mélange un peu les genres. Ce qui se passe là, c'est sérieux. On n'est pas les GRONIBARD du Grind poétique.
MI. Donc tu conseilles aux gens de chercher un peu de par eux-mêmes la signification de ces paroles ?
Fred. Oui, je pense qu'il faut un peu chercher. Faut rentrer dans le truc. Après, si les gens ne rentrent pas dedans, ce n'est pas très grave non plus…
MI. On retrouve dans la mise en forme de vos paroles un procédé généralement inhérent à la poésie et qui s'appelle l'acrostiche, c'est-à-dire la première lettre de chaque vers qui forme un mot. Alors justement, y a-t-il une forme de poésie dans la conception des paroles chez INHUMATE ?
Fred. Pour avoir plus de détails, il faudrait que tu demandes à Christophe. C'est lui qui écrit les paroles. Une forme de conception poétique ? Je pense que oui, forcément. Il y a quand même le principe de l'acrostiche et tous les titres se terminent par le même mot. Donc oui, c'est une forme de conception poétique parce que quand il y a un travail sur les mots, il y a forcément poésie. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Il y a une forme de poésie, effectivement.
MI. Quelle place ont les paroles au sein d'un groupe de Grind comme INHUMATE ? Est-il réellement indispensable de se casser la tête pour écrire de tels textes alors que trois quarts des gens s'arrêteront aux coutures purement musicales de cet album ?
Fred. Alors oui, pour nous ça a une vraie importance. Ça rejoint un petit peu l'éthique parce que dans cette éthique, il y a plein de choses. Ce serait très compliqué à expliquer et je pense que j'en oublierais la moitié mais pour rebondir sur ce que tu as dit par rapport à l'album, dans notre conception de la musique, il y a le fait d'envoyer l'album. On envoie le disque aux chroniqueurs. On ne leur envoie par un lien MP3 ou machin, on leur envoie le vrai disque. Ça, ça rentre dans l'étique. Il y a aussi le fait de bosser la musique, les paroles et plein d'autres choses que les gens ne voient pas et ne verront jamais. Par exemple, dans le livret et dans les paroles, il y a plein de petits détails qui réfèrent aux autres albums, qui font des liens entres eux, les paroles se renvoient, certains dans le concept, d'autres hors-concept. Tout n'est pas forcément lié au concept mais tout est travaillé. Si les gens ne perçoivent pas ça, ce n'est pas grave. Si les gens ne lisent pas les paroles, ce n'est pas grave. Ce que nous on en retirera, et là je parle bien au futur, c'est que quand tout sera fini, quand le groupe se sera arrêté, quand on aura 70 ans, quand on aura un regard rétrospectif, on pourra se dire qu'on aura bien bossé. On s'est vraiment fait chier, pour tout. C'est sûr qu'en 1996, on ne pouvait que faire moins que maintenant, sur tous les aspects. Parce que le concept était moins développé, parce qu'on savait moins bien faire, parce qu'on n'avait pas d'infographistes, etc… A chaque époque, on essayait de faire du mieux qu'on pouvait, creuser les choses au plus profond, aussi bien sur le livret, le visuel, la musique que les paroles et même si les gens ne le perçoivent pas, nous on le saura. Chacun ira aussi profond qu'il veut aller. Celui qui écoute juste la musique s'arrêtera au superficiel. Celui qui écoute la musique et qui lit les paroles, ce sera plus profond et ainsi de suite avec le visuel. Et celui qui revient sur tout ça et qui cherche, il verra qu'il peut creuser, creuser et creuser et peut-être qu'il creusera encore plus loin que ce qu'on aura fait. Mais en tout cas, on essaye de donner une profondeur. La comprendra qui pourra.
MI. L'album s'ouvre avec « We Are Inhumate » qui semble clamer haut et fort « on n'est pas morts, on est toujours là, gonflés à bloc ». Est-ce que c'est une réponse à des personnes qui pensaient INHUMATE sur le déclin voire à l'agonie ?
Fred. Indirectement, je suis obligé de te dire oui. Je ne peux pas rentrer dans les détails parce que ça ne regarde personne mais quand nous, on dit « we are INHUMATE » en répète, s'ensuivent des discussions dans lesquelles en disant ce « we are INHUMATE », on pense à certaines personnes. Parce que nous avons une vie de groupe. C'est beaucoup d'aléas et dans ces aléas, il y a des forces négatives. Il y a des gens qui ont voulu nous enterrer plus tôt que prévu et ces gens là, on leur dit ça ! Après, je ne suis pas là pour dénoncer qui que ce soit. Je pense que c'est une évidence pour tout le monde, c'est pareil pour tous les groupes donc évidement qu'on le dit à certains, évidement qu'il y a une forme de fierté, évidement qu'on n'est pas encore morts.
MI. On l'a déjà longuement évoqué avant mais j'aimerais que tu résumes l'idée qui a motivée le morceau « Cendres » qui est non seulement le morceau le plus long de l'album, mais aussi celui qui ressemble le plus à un morceau entre guillemets classique, avec ce rythme plus accessible… ?
Fred. C'est très difficile à expliquer. Comme dit, il est né on ne sait pas trop comment, sur un rythme de batterie, je ne sais plus très bien. Je ne sais pas comment il est sorti mais petit à petit, il s'est agrégé. On ne l'a pas répété beaucoup, seulement quelques fois, puis on l'a laissé tomber pendant des mois puis finalement on s'est dit qu'on allait le mettre sur l'album. On l'a ressorti, il ne ressemblait plus au premier. On l'a rejoué deux ou trois fois mais jamais de la même façon, réenregistré au local mais impossible de le rejouer pareil. Et même en l'enregistrant au studio, on n'était pas sûrs qu'il sonne bien. Il y a quand même ce côté improvisé. On ne fait pas de l'impro, on n'est pas des jazzmans donc voilà, c'était un moment très délicat. Puis finalement, au mixage, tout le monde a braillé dessus, c'est-à-dire nous quatre plus l'ingé-son. On a enfin réussi à le foutre de l'autre côté de la cabine (rires). Il a poussé sa petite gueulante et il a fait un bon mixage. Finalement, il a réussi à en faire quelque chose. Je peux difficilement en dire plus.
MI. Est-ce que vous avez déjà eu un retour du public sur ce titre particulièrement ? Est-ce que vous avez déjà eu affaire à quelqu'un qui vous aurait dit « tiens, INHUMATE, votre dernier album est bien par contre y a ce titre là en plein milieu qui fait bizarre » ?
Fred. Je crois qu'une seule personne pour l'instant nous en a parlé mais sans rentrer plus dans les détails. Faut dire aussi que l'album est sorti il y a à peine un mois. On en a vendu quelques uns mais on n'a pas beaucoup de retours. C'est comme les chroniques, pour le moment on en a deux. C'est assez long…
MI. Vous avez fait une démarche promo particulière pour cet album ?
Fred. Ouais. Par contre elle était hyper restreinte. Pour te donner un exemple, à l'époque d'Ex-Pulsion mais surtout Growth, c'était 500 disques promos que j'envoyais. Je passais parfois plusieurs heures à la Poste avec des piles immenses de disques qui partaient au quatre coins du monde. Ça me coûtait des centaines de francs. Maintenant, la démarche promo, c'est dix disques. La sélection a été faite à partir d'une liste de ceux que je connais. Il y a aussi ceux qui demandent. Dans ce cas-là, je vérifie la crédibilité mais je dois avouer qu'il y a vraiment très peu de demandes…
MI. Ca ne passionne plus à ton avis ?
Fred. Je pense que les gens ne sont pas habitués à recevoir des disques physiques. Tout le monde attend que le disque soit en ligne ou disponible en streaming. On en revient à l'éthique. On ne fera jamais ça. On a mis cinq titres en écoute. Tôt ou tard les titres apparaitront sur YouTube. Y a un mec qui mettra tout en ligne. C'est très bien mais de nous mêmes, on ne le fera pas. Ceux qui veulent chroniquer le disque n'ont qu'à le demander. S'ils le demandent, on leur enverra un vrai album et s'ils ne le demandent pas, ils n'auront rien et puis c'est tout ! Ça me semble vachement important d'envoyer le disque complet. On fait un album, c'est une étape dans l'heptalogie et chaque étape est marquée, non seulement par la musique mais aussi par tout ce qu'il y a autour. On travaille tout. Les citations du livret ont été discutées en répètes. Nous avons tous donné notre accord. Certaines citations sont restées pendant six mois avant de partir à la poubelle. Tout est discuté, il n'y a pas que la musique. Les gens limitent toujours un groupe à la musique. Très bien mais nous, c'est plus. INHUMATE c'est avant tout quatre personnes. Ça c'est important. On parlait tout à l'heure de changement de guitariste. Quand David est parti, ça a été très dur. Qu'est ce qu'on fait ? On arrête ? Damien est arrivé et c'était vraiment le miracle. Il a collé parfaitement au truc tout de suite. Il n'y a pas eu d'embrouilles. Si Damien n'avait pas collé, je crois que le groupe s'arrêtait. Chez nous, tout est discuté, tout est démocratique. Rien n'est fait de façon imposée. C'est arrangeant pour un tas de choses, notamment les quatre ans entre les albums, voire six ans s'il le faut. Pour certains groupes, la priorité c'est faire des concerts. Si machin est malade, si machin bosse, on remplace machin pour pouvoir faire le concert. Chez nous, on ne remplace pas. Si machin est malade, on annule. Tant pis si c'est le plus gros festival. La priorité c'est le groupe, on s'en branle du festival. C'est quoi l'avantage du festival si tu y joues avec un remplaçant ? Tu vas vendre 100 disques ? Cool. Bah nous on ne vendra pas 100 disques mais quand on se déplacera, ce sera tous les quatre. Ce ne sera pas avec un remplacent. C'est notre état d'esprit et c'est vachement important pour nous. C'est à l'image d'un disque. Tout est discuté, de la musique à la police d'écriture. Tout est important et on ne va surement pas envoyer un lien pour le son s'il n'y a pas la pochette avec. C'est totalement ridicule.
MI. J'aimerais revenir sur vos performances scéniques et plus particulièrement sur Christophe. Est-ce qu'il se fracasse toujours le micro sur le crâne ? D'où lui est venue cette idée qui est devenue une marque de fabrique scénique pour INHUMATE ?
Fred. Alors n'étant pas Christophe, je ne pourrais pas te répondre sur le fond. Mais je crois qu'il avait vu une fois le chanteur de RAMMSTEIN qui se frappait le front avec le micro. Il a trouvé ça pas mal et il a décidé de faire pareil sauf que lui, au lieu de donner un coup, il a choisi d'en donner plusieurs. Quitte à être extrême, autant être extrême jusqu'au bout. On lui a dit plusieurs fois que ce n'était pas une obligation, qu'on pouvait être INHUMATE sans le frapper de micro. C'est lui qui a toujours voulu le faire. Il le reconnaît. C'est sûr que ça a joué sur notre image. Il suffisait que Christophe passe dans des concerts en tant que spectateur et il rencontrait des gens qui lui faisaient ce geste. Ces derniers temps il le fait moins parce qu'en ce moment, il passe un concours. Peut-être qu'il va bosser l'an prochain donc fatalement il sera obligé non pas de lever le pied mais de lever le micro (rires). Je ne sais pas si c'est un bien ou si c'est un mal mais en tout cas, il a remarqué une chose, c'est qu'avec le temps ça saignait moins. Il y avait de la croûte qui se formait. Ce que l'histoire ne dit pas, c'est s'il y a des morceaux de micro qui se baladent dans son crâne (rires).
MI. J'ai aussi remarqué que Christophe se marrait beaucoup sur cet album, il s'esclaffe souvent alors est-ce que c'est un signe de la bonne humeur ambiante qui règne au sein d'INHUMATE ?
Fred. Il y a une bonne humeur, c'est absolument obligatoire. Je crois que les rires sont sardoniques. Ce sont des rires malsains. Il y en a beaucoup sur « Freaks ». Ce sont les rires de la folie. Quand on est tout au fond du malsain, dans les pulsions, on extériorise certaines pulsions. Des pulsions de mort, des pulsions sexuelles, des pulsions qui touchent au tabou. Peut-être que ce rire vient de là. Toutes ces choses là ressortent sous une forme ou sous une autre et ensuite, elles sont retransformées en positif. Ça c'est important. Toujours du positif. Même s'il se fracasse le micro, même s'il saigne, il ne faut pas le voir comme une rédemption ou comme un Christ en souffrance. C'est toujours du positif même si c'est difficile à comprendre avec le sang. INHUMATE retourne le négatif en positif et ce rire, même s'il peut-être sardonique et malsain, il faut aussi le tourner en positif.
MI. Tu as dit en 2004 que votre mission était d'aider les plus petits que vous. Vous faites désormais figure, non plus de pères mais de grands-pères après 20 ans d'activité alors justement, quel est votre regard sur le renouvellement de cette scène Grind par le biais de groupes comme INFEST ou plus localement, RATBOMB ?
Fred. Pour revenir au début de la question, sur l'aide aux petits groupes, effectivement je l'ai dit et on l'a fait. Pendant 10 ans, on a organisé des concerts à la Laiterie. 10 ans sur lesquels on a gagné une ou deux fois de l'argent. Toutes les autres fois, on en a perdu. Je renvois tous les gens qui nous regardent de traviole à aller consulter grind-your-soul.com. Ils se rendront compte qu'à chaque concert organisé, on a toujours fait jouer un groupe local. Toujours. Et quand je dis groupe local, c'étaient parfois des lycéens, des petits jeunes. Certains ne nous ont même pas remerciés et à ma connaissance, ils n'existent plus. Donc oui, on a toujours aidé les petits groupes, les locaux. On a toujours joué dans ce sens là. Par contre, ça fait quelques années qu'on a levé le pied. On se fatigue. Nul n'est éternel et nul n'est irremplaçable. Quant à la relève, certains groupes mériteraient vraiment d'avoir une reconnaissance. Ça me fait vraiment chier. Des groupes comme INFEST ou TREPAN'DEAD, des groupes dans notre sillage qui viennent 10 ans après nous et qui malheureusement, n'ont pas la reconnaissance qu'ils devraient avoir. On a essayé d'aider TREPAN'DEAD comme on pouvait. On leur a trouvé des plans compiles il y a quelques années. Maintenant c'est plus dur et ça me fait vraiment chier pour eux. Pour RATBOMB, oui d'accord mais ils sont encore un peu jeunes. Tout ce que je leur souhaite, c'est d'arriver à maintenir le cap encore quelques années et d'arriver au moins au niveau TREPAN'DEAD / INFEST. Après, ça rejoint des choses que j'ai du mal à saisir. Comment on peut expliquer que nous on en soit là et que le décollage est plus dur pour TREPAN'DEAD qui sont quand même présents depuis plus de dix ans ? J'ai l'impression qu'ils ont du mal à décoller. Je ne me l'explique pas bien.
MI. Toi qui es impliqué dans cette scène, est-ce que tu ressens un renouvellement, un regain d'intérêt pour ce style musical ?
Fred. Ca c'est très difficile à dire, à cause de l'explosion des réseaux sociaux et de l'ouverture sur le monde qui abattent les frontières. Un jeune qui va sur Internet et qui cherche du Grind tombera aussi rapidement sur un groupe colombien que sur le groupe du village d'â côté. Du coup, si le groupe colombien l'attire plus, il ne fera pas l'effort d'aller écouter le groupe du village voisin. Il y a quelques années, quand on cherchait de la musique, du moins avant les réseaux sociaux, on allait voir ce qu'il se passait dans le coin, dans sa ville, son département, sa région. Ça faisait un petit peu de public pour les groupes locaux. Maintenant tout est noyé. C'est con. Est-ce qu'il faut revoir la promotion ? Je pense. Peut-être refaire un travail de promotion régional. Il faut dire aux groupes qui se précipitent sur Facebook dès leur création pour dire « moi j'existe » d'aller faire un peu de promo dans la ville d'à-côté, dans la région. Il y aura toujours des auditeurs, ça ne changera pas. Des mecs qui écoutent du Metal, du Grind, il y en aura toujours. Faut juste aller les chercher et ça c'est dur.
MI. Tu étais à l'époque assez virulent envers la scène Metal au sens large, la presse, tout ce qui est considéré comme commercial. Quel est ton avis là-dessus aujourd'hui, avec toutes les évolutions technologiques qu'il y a eu entre temps ?
Fred. moi les magazines ne font pas leur boulot. Un journaliste est là pour faire de l'investigation. Faire de l'investigation pour moi c'est rechercher et ce n'est pas être le porte-parole des labels. Si le magazine devient un encart publicitaire à longueur de pages, je ne vois pas l'intérêt. C'est comme ça que ça se passe. Je continue à être virulent. Ceci dit, c'est comme l'histoire du Hellfest, si on nous propose une interview dans un magazine, je ne la refuserai pas. Après, faudra pas me dire « ouais, tu les critiques mais tu acceptes aussi ». Bien sûr, je prends la promotion. La promotion est toujours bonne à prendre mais en revanche, on ne paiera pas. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que quand un groupe est interviewé, le label a de son côté acheté une page de pub. C'est comme ça et ceux qui disent que ce n'est pas vrai se trompent. C'est toujours comme ça. Il n'y a pas d'autre alternative, ça n'existe pas. Si les magazines faisaient de l'investigation, ce serait très bien. Ce que je trouve un peu dommage, c'est que les webzines qui ne sont pas tenus par la publicité ne fassent pas plus d'investigation. Suivez mon regard, VS pour ne pas le citer. C'est sûr qu'ils laissent la parole au groupe de Goregrind du fin fond de l'Ouganda. C'est bien, il a sa chronique, bravo mais en même temps, VS, entre le 1er juin et le 15 juillet, il vit autour du Hellfest. C'est très bien, il faut soutenir le Hellfest, c'est vraiment très bien mais bon, ça rejoint cette vision de la musique qui n'est pas la mienne.
MI. Imagine maintenant que je suis un jeune chanteur d'un groupe de Metalcore et que je vienne te proposer un featuring sur un titre avec plein d'effets électro, du chant clair, des solos. Serais-tu plutôt hostile ou plutôt ouvert à ce type de discussion ?
Fred. Je refuserai. Mais pas parce que c'est un groupe de Metalcore ou je ne sais pas quoi. Simplement parce que je ne sais pas chanter (rires) !
MI. Et si on te demande de garder ta basse ?
Fred. Ouais, si on me le propose, pourquoi pas ? Ce n'est pas rédhibitoire. Christophe a fait des trucs avec des groupes de Techno. Je ne suis pas fermé dans ce sens là, il n'y a pas de raison. Aucun de problème vis-à-vis de cela même si j'aime pas du tout.
MI. Vous étiez il y a un an en pleins préparatifs de votre tournée cubaine. Peux-tu nous en dire plus sur cette expérience et nous raconter les moments marquants que vous avez vécus là-bas ?
Fred. Alors Cuba, oui, je pourrais aussi en parler pendant trois quarts d'heure (rires). Expérience marquante, oui, tout à fait. Déjà, c'était notre première tournée. Ça faisait 20 ans qu'on existait, on n'avait jamais tourné et c'était la première fois qu'on partait ensemble, à 4, pour 10 jours de vie commune 24h/24. Ensuite oui, c'était une tournée extraordinaire parce que c'était Cuba. Tout le monde a à peu près les images d'Epinal en tête. Nous avons eu la chance d'arriver là-bas dans un milieu contestataire. Car à Cuba, le Rock est un milieu contestataire. A tel point qu'il y a 4 ou 5 ans, le gouvernement a créé une institution au niveau du ministère de la culture qui s'appelle l'Agence Cubaine du Rock, qui a été instaurée et mise en place complètement pour le Rock, car ils sentaient qu'il y avait une pression au niveau de cette musique dans l'île qui pouvait mener à des révoltes ou des bouleversements sociaux. Il y avait une telle pression qu'ils ont créé ce truc là, spécialement pour le Rock. Et c'est grâce à cette Agence Cubaine du Rock qu'un français a pu mettre en place des tournées de groupes Metal sur l'île de Cuba. On a eu cette chance de pouvoir débarquer et d'être noyés dans ce milieu contestataire. On n'est pas arrivés comme des touristes français qui vont à Cuba, on est arrivés comme des musiciens contestataires dans un milieu contestataire. Du coup, les rockeurs cubains nous parlaient d'égal à égal, sans crainte de la censure. Là-bas, c'est juste incroyable. Je vais te raconter une expérience vécue. On marche dans la rue et on croise deux personnes qui s'arrêtent et qui se mettent à nous parler à toute vitesse. « Vous êtes français ? Nous on adore la France, on aimerait beaucoup y aller mais c'est très dur chez nous donc on se contente d'apprendre le français ». Beaucoup de Cubains apprennent le français aux Alliances Françaises le soir après le boulot parce que c'est gratuit. Et ils y vont par plaisir. Je ne connais personne en France qui apprenne une langue par plaisir mais là-bas c'est comme ça. Vu qu'ils n'ont aucun droit, quand il y a un droit, ils le prennent. Donc ils apprennent le français et ce couple nous arrête, discute avec nous à toute vitesse. Ils parlaient à 100 à l'heure en regardant toujours à droite et à gauche. Ils voulaient savoir un tas de choses sur nous et tout d'un coup la femme nous dit « bon, on va vous laisser parce que je suis sûr qu'on est en train de regarder ce qu'on fait et mon mari a fait de la prison alors on va vous laisser, merci la France, blablabla » puis hop, ils disparaissent. On a donc croisé deux personnes qui étaient folles de la France mais qui n'osaient pas parler à cause des représailles. C'est juste incroyable. On est en 2013, on l'impression d'être sous la Guerre Froide et chez eux, c'est encore un peu cet état d'esprit, cette espèce de chape qui appuie sur les gens et qui bloque les libertés. Autre exemple, un jour après un concert, on était dans une espèce d'agence culturelle et il y a un petit cubain qui vient me voir et qui se met à me parler. Même discours, il apprend le français et parle en regardant par-dessus son épaule. « Ah vous êtes français ? Ah c'est super la France ! Le patron ici il ne veut pas que je vous parle. Il sait que j'apprends le français mais il ne veut pas que je parle aux Français. Mais moi j'apprends quand même et des fois, quand y a personne autour de moi, je regarde sur Internet. On n'a pas le droit mais j'apprends des trucs, c'est les gros mots ! Moi je connais plein de mots, salope, pute, on n'a pas le droit d'apprendre mais moi j'apprends ! Tu connais tout ça ? Je connais encore mieux, je connais même le verlan. Tu sais ce que c'est le verlan ? ». Il avait les yeux qui brillaient, il était tout excité (rires). « Le verlan, c'est à l'envers, quand tu parles à l'envers. Verlan, à l'envers. Moi je connais keuf, ça veut dire flic, comme keuf la police. Je connais meuf ». Il m'a sorti des mots que je ne connaissais même pas (rires). Ah le délire. Ça c'est Cuba. Tu discutes avec un mec comme ça et quand tu y repenses, tu te dis « putain mais j'ai vécu quoi là ? Allô, je suis où ? Sans déconner, c'est quoi ces gens ? ». C'est juste incroyable. Enfin voilà, ça s'était Cuba. Et LE groupe cubain s'appelle COMBAT NOISE. C'est un groupe de pur Death Metal, type années 90. Ça fait 15 ans qu'ils tournent avec leurs gros ventres, leurs cheveux jusqu'au cul et tout. Je discute avec eux et le chanteur, celui avec les cheveux jusqu'au cul, le mec, son boulot en dehors de la musique, c'est chanteur dans un chœur de chants traditionnels cubains. Ce mec là a fait 10 fois le tour du monde. Son truc, c'était de faire des vocalises je sais pas où, au Japon, en Russie, en France, en Amérique du Sud et quand il rentre à Cuba il fait de grosses voix Death Metal. Le truc de fou. C'était IN-CRO-YABLE. Ils sont vraiment surmotivés. J'ai rencontré des gens là-bas à qui j'ai envoyé des promos d'Ex-Pulsion en 1997 sous forme de CD et il a fallu plusieurs mois aux mecs pour transposer le CD en cassette. Le CD, ils ne savaient pas quoi en faire, ils n'avaient pas le lecteur. C'était dingue. Ce mec connaissait Ex-Pulsion, il connaissait les titres. Il voulait qu'on joue tel ou tel titre alors que ce sont des titres qu'on ne joue plus depuis 15 ans (rires). Le monde s'est arrêté là-bas, il est figé. L'extrême commercial, ça passe. METALLICA, SLAYER, SEPULTURA, KORN ils connaissent mais en dehors de ça, il faut vraiment passer au fin fond de l'underground. Entre les deux ils ne connaissent pas. Les groupes de frange moyenne, ça ne passe pas la frontière. C'est vraiment curieux comme monde. Le seul grand groupe qu'ils ont vu sur l'île, c'est SEPULTURA. C'est le seul groupe qui a joué une fois à Cuba. Et encore, c'est parce que SEPULTURA a fait la demande d'aller jouer là-bas. C'est le seul groupe qu'ils ont vu. Aucun Cubain n'a vu SLAYER, aucun n'a vu METALLICA, sauf ceux qui ont pu aller à l'étranger mais ils sont très rares. Et SEPULTURA en allant là-bas ont laissé leurs enceintes. Donc on a joué sur les baffles de SEPULTURA qui ont été données à l'Agence Cubaine du Rock. En 15 jours, on a trouvé deux fois Internet. C'est revenu à la louche à 5€ la demi-heure, ce qui fait 1/6 de leur salaire moyen donc évidement, pour le Cubain de base, Internet ça reste de l'ordre du fantasme. Par contre ils ont des fanzines, ça ça continue.
MI. Est-ce que c'est une expérience que vous aimeriez renouveler dans un autre pays ?
Fred. On aimerait bien sûr renouveler la tournée. Le problème, ce sont les jours de congés par rapport au boulot. C'est très compliqué. Puis y a aussi le fric. Pour Cuba, on a tout payé. L'avion, l'hôtel et la bouffe. C'était un méga budget pour nous mais on s'est débrouillés. C'est le groupe qui a tout payé. On a aussi été aidés financièrement par les subventions locales. Pour d'autres tournées, il faudrait que ce soit exotique. Ça ne nous intéresse pas de prendre 10 jours de congés pour tourner en France. Il faut qu'on allie l'utile à l'agréable, qu'on rajoute quelque chose qui relève de l'expérience. Une tournée au Japon, en Asie, éventuellement en Russie comme l'a fait INFEST, ça ouais. Ou pourquoi pas aux Etats-Unis pour le côté carte postale. Mais une tournée en France ou en Italie ou en Allemagne, il n'y a pas trop d'intérêt.
MI. Vous êtes également connus pour vous être faits tous seuls, c'est-à-dire en totale indépendance depuis plus de 20 ans avec Grind Your Soul qui vous sert de « label » entre guillemets. Allez vous tenir cette indépendance jusqu'à la fin de votre carrière et quels sont les avantages et désavantages aujourd'hui d'une telle situation ?
Fred. L'avantage, c'est évidement qu'on fait ce qu'on veut, comme on veut et quand on veut. C'est ce qu'on a toujours fait. Cuba, on a décidé d'y aller, on s'est donné les moyens et on y est allé. L'argent n'était pas rédhibitoire pour le coup. C'est une tournée qui est proposée deux fois par an. Tous les groupes peuvent postuler mais en général ils sont freinés parce qu'ils n'ont pas le fric. Nous, grâce à notre système de fonctionnement, quand on veut on peut. Je ne dis pas qu'on fera une tournée pareille chaque année. Mais on a pu le faire et sortir un album dans la foulée. Ce sont quand même des budgets qui sont vraiment très conséquents. Pour l'album, on dépasse quand même les 7000€. Les avantages sont ceux-là. Pour les inconvénients, c'est ce que je disais tout à l'heure, ça nous freine surtout au niveau des gros festivals. On n'y aura jamais accès, on le sait. C'est comme ça. On préfère encore faire des concerts devant 200 personnes alors que d'autres qui ont commencé après nous en feront dans des salles de 10 000. Je me souviens quand on a joué au Fuck The Commerce en 2001, on était plus haut sur l'affiche qu'ABORTED. On les connaissait bien d'ailleurs à l'époque. Maintenant ce sont des méga-stars. Eux ont pris un chemin qui n'est pas le notre. Si on avait pris le leur, on serait peut-être comme eux. Mais on ne l'a pas pris. C'est comme ça.
MI. INHUMATE c'est l'anagramme d'« humanité ». Y a-t-il encore quelque chose d'humain en vous après toutes ces années, après tout ce que vous avez pu voir ?
Fred. Mais INHUMATE c'est l'humanité. On représente l'humanité. L'entité INHUMATE, c'est la vie. Quand on est sur scène, l'être INHUMATE qui se créé, c'est la vie. La vie elle est là. L'humanité, la vie, c'est cette explosion de « violence » qui n'est pas vraiment de la violence. On n'espère pas qu'il y ait des blessés. Ces pulsions qui sortent du tréfonds des âmes, c'est ça l'humanité. On représente l'humanité, INHUMATE sera toujours l'humanité. C'est l'anagramme ultime que Damien a découvert par hasard alors que le groupe avait déjà presque 20 ans. Bien sûr, qu'il y a quelque chose d'humain. Tout est humain. Je le disais tout à l'heure, INHUMATE c'est avant tout un rapport humain, des relations humaines. On est tous les quatre et on ne change pas de musicien comme on change de chemise. L'humanité elle est au cœur du concept INHUMATE. C'est absolument indissociable et c'est pourquoi cette anagramme est vraiment pertinente. S'il avait dit autre chose comme « platane », ce n'était pas intéressant (rires). Mais « humanité », ça tombait vraiment pile poil. C'est incroyable de truc.
MI. Donc le choix du nom d'INHUMATE, ce n'est pas pour ça ?
Fred. Non, ce n'est pas du tout pour cela. A la base, on voulait faire un groupe de Death puis comme tous les groupes, il fallait trouver un nom. On ne voulait pas d'un nom qui ait un sens. On voulait un nom qui n'existe pas. A l'époque, c'était Olivier, notre ancien chanteur, qui avait sorti ça. Il y avait le côté « inhumain » et le côté mot fantaisiste mais qui sonne bien, un peu anglais sans être anglais. Et comme ça claquait bien, on a pris ça. Après, interprété comme « inhume your hate, enterre ta haine », c'était pas mal car on s'estime plus positifs qu'autre chose. On est un groupe positif, on n'est pas là pour dire qu'il faut se suicider, que la société est mauvaise. Tous ces discours là, ce n'est pas pour nous. On aimait bien ce côté-là. L'origine c'était juste une question de sonorités, jusqu'à cet incroyable anagramme ! Je n'en reviens toujours pas (rires).
MI. Pour finir, tu as été la première personne interviewée lors de la création de Metal-Impact, c'était en février 2002 donc tu es considéré chez nous comme « le parrain ». Aurais-tu une attention, un mot, pour ton filleul et plus généralement, un avis sur le travail de webzines tels que le notre ?
Fred. Pour mon filleul, bonne chance pour l'avenir, en espérant que la fréquentation suive. Pour ce qui est de mon avis sur le travail des webzines, j'en ai déjà un peu parlé avant. Je pense qu'il faut plus d'investigation de la part de la presse spécialisée. Concernant Metal-Impact, je dois avouer que ça fait longtemps que je n'y suis pas retourné. C'est vrai qu'au début, ça m'avait l'air plus remuant. On en a un peu parlé en off tout à l'heure. Un retour sur le devant de la scène est à espérer. Je pense qu'il doit y avoir un moyen de revoir le fanzinat sur Internet, un moyen de réexploiter ou de renouveler le truc. Comment, je ne sais pas. Peut-être en amenant quelque chose que Facebook n'a pas. Mais quoi, ça c'est la grande interrogation et ça sera aux webzines de trouver la solution. Nous on a trouvé la solution pour l'autoproduction en musique. A chacun de trouver sa solution. Avec plus de 10 ans d'ancienneté, il y a de la matière. Vous connaissez suffisamment bien la scène pour arriver à trouver le truc qui fera que les gens s'intéresseront à nouveau à un webzine comme le votre.
MI. Merci Fred d'avoir accepté cette interview-retrouvailles et d'avoir répondu à mes questions. En souhaitant encore plein de belles choses à INHUMATE au nom du webzine, je te laisse conclure cet entretien comme bon te semble.
Fred. Comme d'habitude, merci, c'est la moindre des choses. Merci pour l'interview, merci pour ton soutien. De toute façon, s'il n'y avait pas un minimum de soutien, on n'en serait pas là. Merci aux lecteurs qui liront l'interview et à ceux qui nous contacteront pour discuter de choses et d'autres.
Ajouté : Samedi 03 Août 2013 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Inhumate Website Hits: 42538
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