BLOCKHEADS (FRA) - This World Is Dead (2013)
Label : Relapse Records
Sortie du Scud : 21 janvier 2013
Pays : France
Genre : Grind
Type : Album
Playtime : 25 Titres - 39 Mins
Evoquer et aborder BLOCKHEADS en tant que simple groupe revient à une vulgarisation du Grind. Je m’y refuse, préférant le terme d’institution, même si ces mecs, d’une simplicité sans égal préféreraient l’humilité de qualificatifs moins bling-bling. Et pourtant, il arrive un moment dans la vie d’un groupe où l’on ne peut plus se cacher. C’est le cas de BLOCKHEADS. Avec (seulement) cinq albums en plus de vingt ans de services (le mot sévices aurait également été approprié), les Lorrains sont devenus la référence francophone en matière de Grind engagé, talonné mais jamais égalé par les tout aussi excellents TREPAN’DEAD, INFEST, UNSU, NOLENTIA et mes petits chouchous de chez RATBOMB. Leur actualité est désormais dépendante de ce This World Is Dead, un nouvel opus qui offre des perspectives d’avenir encore plus radieuses que celles entrevues après la sortie de Shapes Of Misery, il y a de ça sept ans. Car qu’on se le dise, BLOCKHEADS marche sur l’eau. On savait déjà la France très forte matière de Grind mais on ignorait qu’elle possédait dans ses viscères des ressources d’énergie capables d’illuminer les mégalopoles du monde entier. Ce cinquième bébé est un concentré de sueur, de sang, d’arguments et de bruit. Une bombe qui deviendrait vite punitive placée entre les mains de Mokhtar Belmokhtar.
Enregistré depuis déjà une année en compagnie de Jérôme de MUMAKIL mais mixé avec du retard, This World Is Dead se sera fait attendre. Et ce contretemps va jusqu’à infirmer les propos d’un certain Louis XVIII qui a déclaré de son temps que « l’exactitude est la politesse des rois ». Nous tenons ici un contrexemple parfait. Quant au contenu, vous vous doutez bien qu’il est pourri de l’intérieur. Avant d’en lancer l’analyse, j’aimerais commencer par évoquer le son de cet album. BLOCKHEADS a en effet choisi d’abandonner les productions « métalliques » de leurs derniers efforts pour revenir a quelque chose de plus direct, plus sale, plus Grind. D’aucuns diront que c’est un retour aux sources. Permettez-moi de différencier l’aveu de l’évolution. On l’a dit, sept longues années se sont écoulées depuis Shapes Of Misery. Avec ça, des cheveux blancs, du bide mais aussi un renouvellement d’idées, peut-être de mentalité. Sur fond de maturité musicale, les Français savent toujours où ils vont. Je vais vous épargner les discours interminables sur le fait que ça va vite, que c’est bourrin, que ça tue, que ça envoie le pâté parce que tout ça, c’est un pléonasme aussi pénible à vivre que des hémorroïdes. Par contre, je ne saurais camoufler plus longtemps la notion de plaisir qu’on prend en écoutant cet album. Il y a quelque chose de trop viscéral là-dedans pour être malhonnête. C’est plus que du Grind, c’est une philosophie, une doctrine qui ressasse encore et encore les préceptes old-school des NASUM, NAPALM DEATH et du mythique World Downfall de TERRORIZER. Et on écoute cette homélie, presque religieusement, scotché par la puissance vocale de Xav, par l’hystérie des riffs de Fred et la vélocité d’une section rythmique solidement tenue par la doublette Erik / Nico. La démence impressionnante de « This World Is Dead » contrecarre avec le semblant de groove entendu sur « All These Dreams… », l’implication de « Pro-Lifers » et les sept minutes pachydermiques de « Trail Of The Dead » qui, si vous tendez bien l’oreille, reprend peu ou prou l’intro de « Deindividualized », histoire de dire que la boucle est définitivement bouclée. Ces quelques aspérités rendent This World Is Dead discrètement inégal tout en étant compact et complet, en plus d’être, du haut de ses 39 minutes, l’album le plus long jamais écrit par BLOCKHEADS, juste devant Human Parade (38 minutes) et très loin devant les trois autres.
Arrêtez dès maintenant de vouloir lui chercher des noises, vous n’y trouverez que du Noise. This World Is Dead est un modèle pour cette nouvelle génération qui bouillonne d’impatience et de revendications. Après vingt ans, les BLOCKHEADS sont toujours capables de ce genre de prouesses qui sont au Grind français ce que Zlatan est au PSG : indispensable. On est libre d’aimer ou pas ces différents personnages, de critiquer leurs choix, mais jamais sans un profond respect pour la figure qu’ils représentent aux yeux de milliers de passionnés. Le genre de chose qu’on ne pourra plus jamais leur enlever. Et encore moins à BLOCKHEADS.
Ajouté : Mardi 19 Février 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Blockheads Website Hits: 9512
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