THE CONTORTIONIST (usa) - Intrinsic (2012)
Label : Good Fight Music
Sortie du Scud : 13 juillet 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 45 Mins
Exoplanet était un noble combat, surement pas vain. De l’avis de tous, ou du moins de beaucoup de monde, l’année 2010 a été zébrée de différents rayons de soleil, parmi lesquels THE CONTORTIONIST, son premier album, son Deathcore progressif stratosphérique lorgnant sur le Djent et le Mathcore, bien loin des conventions. C’était même assez bon pour que quelques âmes négationnistes se réconcilient enfin avec le Deathcore, c’est dire l’exploit surhumain réalisé par ces Indianapolisiens. Encore fallait-il confirmer et de facto, la sortie récente d’Intrinsic, deux ans après ce premier effort enchanteur, va clarifier cette épineuse situation. Pas sûr pour autant que les enseignements apportés seront très rassurants pour ceux qui jubilaient déjà à l’idée d’un Exoplanet 2.0.
La première réponse, elle est apportée au bout de la toute première seconde, quand la voix épurée et mielleuse de Jonathan Carpenter commence à débiter ses paroles mièvres avec un accent à couper au couteau, à se demander si le bestiau est un vrai ricain. On comprend immédiatement, avec cette ouverture qui n’est pas trop casse-gueule, que THE CONTORTIONIST va encore un peu plus purger son Deathcore, au point de le rendre parfaitement limpide et au final, c’est paradoxal, plus vraiment Deathcore. Le point fort d’Exoplanet était justement cet équilibre entre la syncope de riffs convulsifs et la beauté d’arrangements mathématiques et d’ambiances lunaires. Ici, on va avoir besoin d’oublier tout ça et de se concentrer sur une nouvelle symétrie, une nouvelle harmonie. Les Américains ont fait le choix d’adoucir leur jeu, de le rendre encore plus volatil et imprévisible. Les structures Deathcore typiques sont mises au placard au profit de structures stellaires vraiment difficiles à décrypter et dont l’omniprésence est presque dérangeante. Et quand bien même elles sortent de leur geôle, avec cette mine déconfite et livide (« Dreaming Schematics », « Anatomy Anomalies »), ce n’est pas pour rassurer un auditoire déboussolé mais plutôt pour l’enfoncer dans ses angoisses. THE CONTORTIONIST n’a déjà plus en vue ce Deathcore mélodique et planant qui aboutissait sur des compositions du calibre d’« Oscillator » ou de « Light ». Désormais, il faudra faire avec l’omnipotence de passages alambiqués et déstructurés, de séquences proches de la science-fiction, de longues pauses astrales et parfois futuristes et de la voix pincée de Carpenter, qui renie totalement son passé de vocaliste Deathcore. D’ailleurs, c’est simple, si une seule chanson de cet album devait illustrer l’ascension dans la stratosphère de Felix Baumgartner (a.k.a « Le Taureau Rouge »), ce serait « Parallel Trance ». Parce qu’elle symbolise à la fois l’état d’esprit du groupe, toujours partant pour faire un tour dans l’hyperespace, mais également le vide intersidéral de certains passages, qui y sont pour beaucoup si cette œuvre atteint péniblement les trois quarts d’heure. Sans vous mentir, sur ces 45 minutes, une bonne dizaine ne contient aucune matière, si ce n’est des tentatives d’atmosphères qui ne plairaient pas beaucoup à Arletty.
Peut-être avez-vous lu entre les lignes mais si ce n’est pas le cas, j’explicite. Intrinsic est une déception. Pas forcément la désillusion de l’année, mais ce virage antimatière emprunté par THE CONTORTIONIST ne me plait guère. Il manque un vrai tube sur cet album qui ferait qu’on puisse jeter les PERIPHERY, les CYNIC, les AUGURY, les BETWEEN THE BURIED AND ME aux oubliettes en toute sérénité. Il était certes difficile d’arriver après Exoplanet et de prétendre à mieux, mais s’ils avaient prétendu ne serait-ce qu’à une certaine forme continuité, c’aurait été suffisant. Mais là, nos lascars en font vraiment des tonnes et rien n’est plus désagréable que cette sensation de jambes lourdes pour un groupe qui voulait toucher les étoiles.
Ajouté : Vendredi 21 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Contortionist Website Hits: 7710
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