UNA BESTIA INCONTROLABLE (sp) - 10-11-12 (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2012
Pays : Espagne
Genre : Punk Hardcore Psychédélique
Type : EP
Playtime : 7 Titres - 22 Mins
Dans la série « j’accumule les découvertes improbables », j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui UNA BESTIA INCONTROLABLE, groupe qui nous vient de la belle ville de Barcelone.
Avec en son sein d’anciens membres de DESTINO FINAL, GLAM, ATENTADO et CROSTA, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce nouveau combo au nom assez prédestiné ne joue pas une musique facile d’accès…
Et les mots me manquent pour la définir justement.
Les rares sites en faisant mention, utilisent l’étiquette multiple « Hardcore, Punk, Noise, Psychedelic ». Raccourci multiple et facile ?
Non, pas vraiment. Et c’est même assez pertinent.
De prime abord, après deux ou trois écoutes, on ne sait quoi penser. Un son très sourd, étouffé, faisant la part belle aux toms et à la basse, mixant les guitares très acides en arrière, et offrant un chant à la limite de l’asphyxie, qui compresse un ensemble déjà très hermétique.
Des chansons aux structures très aléatoires, semblant issues de l’enregistrement de répètes, pas vraiment Punk, un poil Hardcore, très puissantes, voire assourdissantes, une rythmique barbare et primitive, des riffs simplistes…
On pourrait, dans un accès d’impatience, classer la bête incontrôlable au rayon des joyeux trublions qui n’ont trouvé que le bruit comme exutoire. Certes, ce serait un réflexe assez naturel au regard du caractère assez inécoutable de leur musique.
Mais.
Les choses ne sont pas si simples. Car en faisant défiler les pistes, en s’imprégnant de cette atmosphère si particulière, on finit par être hypnotisé, pas lobotomisé attention, car à tout moment votre libre arbitre vous permet d’appuyer sur la touche stop, mais plutôt conditionné, et surtout, ouvert. Perméable aux émotions très brutes dispensées par cette œuvre.
Et au bout d’une dizaine d’efforts successifs, une similitude vous frappe.
Le sentiment d’avoir déjà entendu ça quelque part, il y a très longtemps.
Même climat très froid, voire glacial, même rugosité, même tendance à privilégier les motifs simples, récurrents et redondants, même énormité et imperfection du son. Et la mémoire fait alors son travail. Et vous emmène du côté de l’Angleterre, Birmingham plus exactement.
1986 ?
Oui, vous y êtes.
Hatred Surge. NAPALM DEATH. Avant les déflagrations Grind et l’explosion Crust.
En effet, 10-11-12 a bien des points communs avec l’Anarcho-Core pratiqué par les Anglais au milieu des années 80.
Cela m’a plus particulièrement frappé à l’occasion de « A Les Seves Mans », au délicieux et chaotique parfum de « So Sad », titre cauchemardesque qu’on retrouvait sur la démo de ND. Même emphase Proto-Punk gothique, comme si les JOY DIVISION se heurtaient à CRASS ou DISCHARGE.
Bien sur, cet EP des Espagnols n’est pas un démarquage total de Hatred Surge. Et des morceaux comme « De Dia » et ses six minutes de Dark Ambient suffisent à le prouver.
Mais on y retrouve la même rage sourde, la même urgence, la même froideur qui fige le sang. Il reste encore des choses à peaufiner bien sur, mais le produit fini à des allures de condensé d’une expérience inaliénable, de vécu incontestable, de révolte immédiate et justement… Incontrôlable.
Pour la plupart d’entre vous, habitués à un confort d’écoute optimal, 10-11-12 vous semblera abominable, de par son approche unique du Punk Hardcore, et de par ce son si spécial qui écorche les tympans, bien au-delà de la fin de l’album.
Mais pour peu que vous fassiez un effort de résistance, vous y retrouverez les ingrédients ayant servi à la préparation de grandes œuvres nihilistes.
Et puis, les Espagnols ne vous prendront pas par surprise. Avec un nom pareil, qui plus est totalement adapté à la musique, vous aurez plus qu’une indication, un avertissement.
Mais il y a des barrières que l’on doit franchir même sans autorisation.
Ajouté : Jeudi 29 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Una Bestia Incontrolable Website Hits: 10230
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