CONVERGE (usa) - All We Love We Leave Behind (2012)
Label : Epitaph Records
Sortie du Scud : 9 octobre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Punk Hardcore
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 39 Mins
Bon là, il va falloir y aller avec des pincettes… Les fans de CONVERGE n’étant pas réputés pour être très ouverts ni tolérants à la critique, je m’expose et j’ose avec cette chronique.
Ma caution ?
Je suis fan moi aussi, et depuis le début.
Pour cette façon si personnelle de jouer le Hardcore. Pour cette réputation sans tâche, pour le label Epitaph, pour ce chant, ces guitares effilées comme des rasoirs, cette rythmique bancale et explosive.
No limit ?
Oui, c’est possible.
Mais j’ai connu le Hardcore dès les années 80 aussi… MINOR THREAT, les DK, NOMEANSNO, les BAD BRAINS, AGONSTIC FRONT, BLACK FLAG et j’en passe… Les DI’s aussi, GANG GREEN, mais bon, je ne suis pas venu ici pour dresser un glossaire exhaustif, vous les connaissez aussi bien que moi.
J’ai toujours vu en CONVERGE un pendant excité et incontrôlable des REFUSED. Moins politisé certes, moins foncièrement Garage, mais avec la même énergie créatrice, le même désir de faire bouger les choses. Et dire que ce All We Love We Leave Behind les fait bouger salement est un doux euphémisme.
Soyons clair, et dès maintenant.
La cuvée 2012 de CONVERGE est sacrément bonne. Meilleure que celle de 2009 (Ax To Fall, assez décrié par les addicts), mais, car il y en a un, peut être un ton en deçà de la pierre angulaire Jane Doe, paru il y a onze ans. Il faut dire que cet album est souvent érigé en postulat définitif par la fanbase.
A juste titre ?
C’est possible.
Avec cet album, les américains voulaient revenir à quelque chose de plus direct, de moins alambiqué, de plus, in your face. Produit dans le studio perso de Kurt Ballou à Salem, All We Love We Leave Behind est donc fidèle à une démarche, presque une éthique. La sincérité, l’efficacité. Le retour aux sources.
Et c’est là aussi une réussite incontestable.
Avec cette production enrobée mais claire, qui met en relief la rythmique en gardant la sècheresse des guitares, CONVERGE frappe fort et net, et termine l’année 2012 en beauté. De quoi faire le plein de morceaux courts et concis, entrecoupés de plus longues digressions qui aèrent l’ensemble.
Un peu DILLINGER dans cette façon de laisser parfois la place à l’atmosphère par rapport à la puissance, sans toutefois la mettre complètement de côté dans ces moments là (ce qui les différencie de la bande à Ben), CONVERGE privilégie l’agression bien sur, mais une fois de plus sans tomber dans le chaos, toujours pile à la limite.
Toujours aptes à créer cette tension maladive (le terrible et éprouvant « All We Love We Leave Behind », avec sa mélodie tirée comme un élastique prêt à rompre), tout en conservant intact cet art de la dissonance hyperactive (l’entrée en matière épileptique « Aimless Arrow »), du pamphlet core venimeux et assommant (« Tresspasses » et sa double grosse caisse étouffante), CONVERGE réussit une fois de plus à garder cet équilibre fragile entre tradition (le très DILLINGER justement « Tender Abuse » subtil mélange de fragrances Mathcore des années 2000 et d’une lourdeur initiatique des années 90) et avancée (« Empty On The Inside » que n’aurait pas reniée un Ben Weinman moderne fricotant avec Scott Kelly), qui les caractérise à merveille.
Car CONVERGE, ce sont bien sur ces sonorités écorchées et tragiques (le quasi incontrôlable « Sparrow’s Fall », qu’aurait pu chanter un Roger Miret sous acides, « Vicious Muse » et son intro Punk à souhait, « Shame In The Way », lourd comme une chape de plomb), ces digressions pluri directionnelles labyrinthiques (« Sadness Comes Home », mi plombé, mi charge héroïque, « Glacial Pace », froid et presque Indus, le title track déjà abordé…), mais surtout, cette façon de toujours passer entre les gouttes et ainsi éviter la redite, et ce, malgré un style extrême ne tolérant aucune approximation.
Alors, de là à dire si All We Love We Leave Behind est leur meilleur album… Je ne prendrai pas ce risque. Et puis, quelle importance…
Car si Jane Doe peut encore selon certains fans conserver cet honneur, il faut admettre que le CONVERGE 2012 est une excellente cuvée qui ne décevra personne. Il prouve que ce groupe unique fait maintenant partie des légendes, au même titre que DEP, NEUROSIS, et tous les autres terroristes bruitistes se moquant de la bienséance comme de leur premier jeu de cordes. On imagine déjà la boucherie live à laquelle on va assister, ces nouveaux titres rejoignant les anciens dans une setlist à présent inattaquable.
La violence fait partie de la vie de tout le monde, comme CONVERGE fait partie de la notre. Le coup de gueule régulier contre l’injustice, le silence, et la résignation.
Eux ne sont pas prêts à poser le genou à terre.
Ils ont encore le bras tendu, le poing levé vers le ciel, et la main sur le flingue. Et soyez sûrs d’une chose.
Ils tireront toujours les premiers.
Ajouté : Jeudi 29 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Converge Website Hits: 12418
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