CROWBAR (usa) - Obedience Thru Suffering (1991)
Label : Goomba Music
Sortie du Scud : 26 septembre 1991
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album (Réédition 2012)
Playtime : 10 Titres - 45 Mins
Parfois, les rééditions, ça a du bon.
Encore faut il que le matériau d’origine soit de qualité, et correctement retravaillé. Sinon, c’est l’anecdote dans le meilleur des cas, le superflu souvent, ou la corbeille directement, pour le pire.
Mais là, la classe, je salue l’initiative.
Car quand SPV se fend d’une remise sur le marché d’un album phare des 90’s, c’est forcément une bonne idée.
Mais il faut dire que j’étais dans de très bonnes dispositions aussi. J’ai vu DOWN live la semaine dernière, alors forcément, retrouver le premier album de CROWBAR, c’est un plaisir qui prolonge le plaisir.
1991.
La sortie de deux albums phares du Heavy Metal. Metallica et Use Your Illusion. Mais aussi la naissance plus confidentielle d’un side project et d’une oeuvre qui allaient pourtant s’inscrire dans la durée.
DOWN, et Obedience Thru Suffering de CROWBAR.
Texas, Nouvelle Orléans. La revanche du Sud sur la Californie, et surtout, un Metal fondu, plus dru, plus viscéral, moins facile d’accès.
Mais comment dire.
Plus, « authentique ».
Las, les anciennes idoles estampillées Metal commençaient à lasser. Et comme dans toute situation cyclique, on allait revenir aux bases. NIRVANA allait remettre l’abrasif au premier plan, tout comme la sincérité, et CROWBAR anticipait la tendance, avec humilité et honnêteté.
Eux, plus que les guitares pimpantes, c’était le pilonnage qui les motivait. Peu importe que la production ne soit pas clinquante, c’était d’ailleurs ça qu’ils recherchaient. Ca, et le souffle torride des anciens. ST VITUS, WITCHFINDER GENERAL, TROUBLE, et le SAB bien sur.
On inventa même un terme pour mieux décrire leur musique et leur attitude. Le Sludge Doom. Aussi stupide que le Grunge bien sur, mais qui avait le mérite de cerner un peu la démarche.
En gros, on reprenait les choses là où les aïeuls les avaient laissées, et on accentuait la lourdeur, la pesanteur, la grosseur du son, et son opacité.
Nous n’en étions pas encore aux délires pachydermiques et funèbres, mais la graine était plantée.
Ce premier effort de CROWBAR est généreux, sombre, difficile d’accès, et non exempt de fautes. Mais c’est ce qui le rend indispensable et si attachant.
On y trouvait déjà tout ce que le groupe allait développer comme idées dans les années à venir, parfois au stade embryonnaire, parfois dans une forme plus aboutie, il est donc indispensable de le connaître sur le bout des doigts pour pouvoir prétendre être un intime du groupe.
Alors certes, il y avait ce son, très froid, ces tonalités, très graves et sombres, ce chant, à la limite de l’incantation. La voix de Kirk est mal assurée, parfois à la limite de la brisure, mais cette apparente fragilité ne fait que consolider un ensemble en équilibre instable, et pourtant si solide sur ses fondations.
Et bien sur cette musique, au croisement des MELVINS, de HELMET, d’UNSANE et même des groupes Sub Pop pourquoi pas.
Emphatique à l’extrême, compact, massif, Obedience Thru Suffering l’est assurément. Et il l’est toujours plus de vingt ans après sa sortie. Il contient bon nombre de classiques du groupe. Il n’est pas l’équivalent moderne de Black Sabbath, les mélodies – mis à part sur certains passages vocaux – en sont effectivement bannies, mais il en reste un miroir déformant, renvoyant une image hideuse, mais terriblement fidèle à la réalité.
On peut aussi y déceler une certaine façon de jouer le Hard-Core à la manière sudiste, dans ces soudaines envolées qui sortent de nulle part (« 4 Walls »), voire y trouver des relents de sarcasmes New Yorkais à la CARNIVORE (« I Despise »).
En gros, ce premier album est une boite de Pandore, qui, une fois ouverte ne se referme jamais. Et surtout, une corne d’abondance pour tous ceux qui, à l’époque, avaient besoin d’authenticité, de moiteur, et de rythmes assommants.
A posteriori, si les routes de PANTERA et CROWBAR se sont croisées, il n’y a rien d’étonnant. Rien d’étonnant non plus à ce qu’en 2012, le nom de DOWN mêle encore ceux de Kirk et de Phil. Même fascination pour le bourbier de l’Amérique, même tendance à puiser à la source, même amour des influences initiales.
Et même souffrance, exprimée peu ou prou de la même façon.
Et si cette réédition vous donne envie de vous plonger dans la musique de CROWBAR, sans jamais vous y être intéressé plus que ça, alors ça valait le coup.
Ajouté : Mercredi 14 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Crowbar Website Hits: 11556
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