GOD SEED (no) - I Begin (2012)
Label : Indie Recordings
Sortie du Scud : 30 octobre 2012
Pays : Norvège
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 44 Mins
Nouveau venu sur la scène Black internationale, GOD SEED l’est sans vraiment l’être. Issu des cendres encore fumantes de la séparation de GORGOROTH en 2009, lorsqu’ils en partirent, King and Gaahl se sont vus privés de l’utilisation du nom, dont Infernus fut déclaré propriétaire, et décidèrent donc de former une nouvelle entité, de leur propre côté.
Après trois années de préparation, de répétitions et de shows, les voilà donc de retour pour nous livrer la bonne parole, la leur en l’occurrence.
N’ayant jamais été un grand fan de GORGOROTH, je n’attendais pas grand-chose de cette nouvelle hydre à deux têtes, mais en tant qu’amateur de Black de tradition, je me devais de jeter une oreille sur cet effort.
Et grand bien m’en pris, puisque c’est une réussite, et presque complète.
J’éprouve une certaine aversion pour le Black Metal dit « moderne ». Les batteries triggées qui permettent les pires débordements rythmiques nous ramenant à l’âge de la boite à rythme façon MORTICIAN, les riffs convenus, les digressions grandiloquentes, les productions brillantes et épaisses, tout ça, ça n’est pas mon truc. Non, désolé, je suis un vieux de la vieille, un de ceux qui ont commencé l’aventure avec BATHORY dans les années 80, et qu’ils ont continué avec BURZUM, BEHERIT, MAYHEM, DARTHRONE et MARDUK pendant la décennie suivante. Non que je sois contre le progrès, j’avoue particulièrement apprécier Anthems To The Welkin At Dusk d’EMPEROR aux sonorités et arrangements riches, mais la véritable essence du Metal sombre est à chercher ailleurs selon moi.
Chez GOD SEED par exemple.
I Begin, outre son titre humble et pourtant révélateur, est une sorte de garantie. La garantie que la tradition nordique ne se perdra jamais. Ce Black Metal séculaire, profondément analogique et humain, où chaque instrument à sa fonction et son importance, et qui arrive pourtant à répandre une ambiance terriblement poisseuse et malsaine.
Et il suffit à GOD SEED de deux titres, simples, efficaces (sans toutefois manquer de finesse et d’innovation comme le prouvent les dissonances sur « Awake » ou les harmonies maladives dans « This From The Past »), pour nous convaincre que leur départ de GORGOROTH fut une idée pertinente.
Et dès ces deux morceaux passés, l’atmosphère s’alourdit, le climat se refroidit, et « Alt Liv » retrouve la formule magique du MARDUK moderne, celui de Mortuus, qui sait distiller la noirceur avec misanthropie mais intelligence. Une basse claire et menaçante, un chant profond, des arrangements sobres mais inquiétants, tout est là. L’abécédaire du Black Metal de toujours, celui qui se reflète sur la pierre tombale des anciens, sans éprouver le moindre regret de voir l’humanité se consumer d’elle-même.
« From The Running Of Blood », après un démarrage fulgurant, évoque les longues litanies torturées du BATHORY épique, ou même d’un DISSECTION dans ses atours les plus Heavy.
Les invocations lointaines de « Hinstu Dagar », posées sur une mélodie glaciale sont les meilleures garantes de l’héritage inaliénable de la Norvège en matière de lourdeur et de tension progressive.
« Aldrande Tre » n’est au contraire que haine pure, rythme effréné à peine tempéré par un final orgiaque durant lequel le gosier de Gaahl s’enflamme et consume tout ce qui l’entoure.
« Lit » pourrait être un inédit du MAYHEM période De Mysteriis, tant le riff dilué ressemble à ceux que seul Euronymous savait distiller. C’est lourd, presque martial, et étouffant, pour le moins.
« The Wound » multiplie les axes, louvoie entre le mal-être et la souffrance, et brouille les pistes en continu.
Ne reste plus qu’à laisser l’atmosphérique et électronique « Bloodline » refermer le Nécronomicon, sur fond de souffle rauque sur la nuque…
I Begin est une belle promesse de la part de deux renégats qui ne regrettent rien de leurs velléités d’indépendance, et qui avancent crânement sur leur propre route, sans se soucier du reste du monde. Le leur est de toute façon sombre, sans issue, et agencé en forme de piège pour faire choir tous ceux qui font semblant de croire en de meilleurs lendemains.
C’est un album envoûtant, qu’il faut pénétrer avec la foi. Ce sont des morceaux savamment réfléchis, et enregistrés avec conviction, dotés d’une production parfaite, qui sait mettre en avant leurs qualités intrinsèques.
J’attends maintenant beaucoup de GOD SEED, pour avoir ravivé cette flamme en moi.
La flamme d’un bûcher sur lequel viendront périr les faibles et les incroyants. La flamme du Black Metal. La flamme de l’Enfer.
Ajouté : Mardi 30 Octobre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: God Seed Website Hits: 8600
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