FAMILY (usa) - Portrait (2012)
Label : Pelagic Records
Sortie du Scud : 29 octobre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Post Hardcore
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 47 Mins
Brooklyn…
Comme le chantait si bien les BEASTIE BOYS, c’est le quartier en éveil, l’arrondissement dur par excellence, le district où les sentiments les plus exacerbés s’affrontent en permanence…Un peu Detroit pour la froideur et la perdition, ce quartier de haine a vu naître bon nombre de combos torturés, agressifs, inconfortables, qui souhaitaient stigmatiser leur mal être sur une cité urbaine qui ne permettait aucun faux pas, aucune erreur.
Brooklyn, c’est TYPE O bien sur, LIFE OF AGONY, BIOHAZARD, et tant d’autres qui n’ont trouvé d’exutoire que dans une musique âpre, pesante, expression d’une souffrance tangible. Et par extension, c’est aussi New York, mais pas celui de Frankie, celui des bas fonds, celui d’AGNOSTIC FRONT, et d’UNSANE.
Et aujourd’hui, c’est aussi le Brooklyn de FAMILY. Un autre nom qui vient se greffer sur une liste déjà longue. Un autre nom synonyme de puissance, de rugosité, de malaise. Si j’évoquais UNSANE un peu plus haut, ça n’était pas par hasard… La musique de FAMILY est en effet grandement hantée par celle de la bande à Chris Spencer. Même noirceur, même sentiment de gêne, même claustrophobie harmonique. Des guitares qui saignent en premier plan, une rythmique dure et compacte, et un chant écorché, à vif, comme le cœur des concitoyens.
Au niveau du discours, FAMILY, loin de ses comparses définitivement ancrés dans la réalité la plus crue, a choisi de développer une histoire originale. Celle d’une famille aux multiples dysfonctionnements qui se retrouve dotée de pouvoir surnaturels. Il fallait donc au quartette adapter sa musique pour coller de près à ce concept étrange, pour ne pas paraître grotesque, ou juste déplacé.
Et c’est ce qu’ils ont fait.
On retrouve bien évidemment tous les ingrédients propres au Post Hardcore moderne. Ces longues plages étirées jusqu’à l’épuisement, ces éclairs de violence savamment distillés, ce chant si intense, et cette rythmique volatile, le tout enrobé d’une production épaisse, brillante, touffue. Tout est là, c’est une évidence, mais il y a bien plus.
Il y a ce désir de progression, qui nous emmène à croire qu’un genre musical réputé pour son côté compact et répétitif peut évoluer, encore et encore, lorsqu’il est mâtiné d’ingrédients intelligents, et parfaitement distillés.
A l’intérieur de ce Portrait atypique, vous risquez de tomber sur du Rock, des guitares psychédéliques, des arrangements progressifs, et bien sur, beaucoup de décibels, des cris, des coups de caisse claire assassins, une basse surgonflée…Voire même par instants, sur des accalmies presque Pop, sans le côté manichéen ou adouci. Car tous les aspects de la musique de FAMILY sont sombres, étudiés, disséqués pour n’en retenir que la mœlle la plus indispensable à ce récit improbable.
On retrouve par ici un riff à la Tommy Victor qui n’aurait pas dépareillé dans le répertoire de PRONG (« Delphonika »), une rythmique guitare/batterie digne de CHANNEL ZERO (« Bridge & Tunnel »), suivi de dérapages plus ou moins contrôlés comme seuls les MELVINS peuvent nous en offrir, de longues litanies pesantes directement issues du cerveau torturé de MASTODON (« Daddy Wronglegs »), une intro quasi QOTSA (« The Wonder Years »), et ceci n’est qu’une courte liste d’exemples bien loin d’être exhaustive…
L’ensemble de l’album est quant à lui animé de ce souffle vénéneux qui balaie les œuvres de NEUROSIS, CANDIRIA, ce feu à l’odeur persistante de souffre, cette chaleur étouffante qui, de temps à autre laisse passer une légère brise pour mieux nous surprendre et nous laisser de faux espoirs…
Et comme tout concept album qui se respecte, il convient de l’écouter in extenso, afin de bien suivre l’histoire que le groupe a bien voulu nous offrir sur un plateau.
Certes, musicalement, et malgré les quelques libertés prises que j’ai énoncées ci-dessus, tout reste assez balisé et pour l’instant encore un peu timide, mais le talent des musiciens saura bien sur les faire évoluer sous peu vers un travail plus personnel sur lequel les influences encore trop évidentes disparaîtront…
Mais il est sur que ce putain de Brooklyn nous fait respirer l’odeur de ses poubelles, nous offre une vue imprenable sur ses appartements miteux dans lesquels des familles se déchirent, parfois pour le pire… Une ville dont un Portrait fidèle nous est brossé ici…Et qui n’a pas fini de nous donner la nausée…
Ajouté : Mardi 23 Octobre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Family Website Hits: 8978
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