CRIPPER (de) - Devil Reveals (2009)
Label : SAOL (Service for Artist Owned Labels) / H'Art
Sortie du Scud : 22 juin 2009
Pays : Allemagne
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 46 Mins
Dire que les Allemands tissent depuis toujours un lien particulier avec le Thrash Metal revient un peu à reconnaître leur supériorité dans le domaine. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il existe le « Big Three of Teutonic Thrash Metal ». Aucun autre pays européen ne peut se vanter d’avoir vu naître trois des plus gros groupes de Thrash au monde et forcément, ça suscite des vocations. CRIPPER fait partie de la deuxième vague. En compagnie d’HATRED, de LOST WORLD ORDER et d’autres canassons, ce combo saxon (comprendre : originaire de Basse-Saxe) a surement vu trop grand en constatant l’ampleur prise par le pourtant modeste Infernal Overkill. Ou comment devenir une légende en partant de rien. Pas découragés par le médiocre Freak Inside de 2007, nos teutons se sont vite remis d’aplomb en proposant dans la foulée un deuxième album au titre évocateur : Devil Reveals. Et l’enchainement est beaucoup trop soudain pour avoir l’air spontané.
Cet album, il symbolise exactement ce qu’il faut faire si on veut vite se noyer dans la fosse à purin. Déjà que le Thrash Metal souffre du relifting récent orchestré par les MUNICIPAL WASTE et consorts, il vaut mieux en avoir une belle paire entre les cuisses pour espérer marquer les esprits avec un Thrash qui n’est ni old-school, ni revival. La musique de CRIPPER, c’est juste un navire fantôme maintenu au-dessus de la ligne de flottaison par on ne sait quelle grâce divine. Plutôt que de sombrer et d’engloutir avec lui ses trésors, Devil Reveals laisse la chance à ses auditeurs de mettre malencontreusement la main sur le magot. Emmené vocalement par une charmante demoiselle dont les intonations éructées très masculines font vite débander, CRIPPER a ce fait de jeu pour arme principale. On remarque instinctivement le chant hybride de Britta Görtz et c’est une bonne surprise, même si on ne pourra s’y raccrocher trop longtemps, faute d’inventivité. Là où le bat blesse, c’est au niveau de la créativité. Il y a peu de temps, je suis tombé sur un groupe qui s’appelait HATRED. Son Thrash n’était pas le plus original qui soit, mais sa relative créativité combinée à une exécution parfaite a suffi pour faire de leur album un des meilleurs de l’année. Je ne vous cache pas que j’avais le même espoir pour CRIPPER, mais l’incohérence dans laquelle évolue Devil Reveals me laisse de glace. Ce Thrash Metal est volatile, inconstant, pâteux. Le riffing très martial, parfois industriel, de la paire Christian-Jonathan est d’un classicisme écœurant. Passée l’énorme intro « Helix », d’un groove remarquable, on verse dans une musique aux tempos galopants que rien ne semble pouvoir arrêter. C’est justement cette folle intensité, rehaussée épisodiquement de solos poussifs, que je dénonce. Plutôt que de concentrer ses efforts sur la musicalité, nos Allemands semblent beaucoup plus préoccupés par la vivacité de leur Thrash Metal. Très peu de pauses, très peu d’espaces, tout va finalement trop vite pour qu’on puisse apprécier l’œuvre dans sa globalité. Ecoutez « Kids Killing Kids » puis écoutez « I Am The Pit ». Vous me direz ensuite si CRIPPER n’est pas capable de grandes choses. Aussi incroyable que ça puisse paraître, après avoir prouvé par A+B que leur disque était perdu dans sa rigidité, le groupe nous pond un « I Am The Pit » de derrière les fagots, aux rythmiques dansantes et à la légèreté jubilatoire. L’honnêteté, c’est aussi de reconnaître que Devil Reveals amortit légèrement sa chute dans les derniers instants avec un « FAQU » bien pensé et un « Hysteria » anormalement travaillé.
Mais ce regain d’intérêt aussi soudain que trompeur ne saurait masquer trop longtemps une fatale réalité. CRIPPER, par le biais de son deuxième album, n’a jamais été en mesure de nous mettre le canon sur la tempe. Son Thrash Metal est beaucoup trop banal et bourré de poncifs pour qu’on s’y arrête plus longtemps. Je vois désormais d’un œil moins impatient le très beau digipack qui trône sur mon bureau. Il est le nouvel effort de CRIPPER. Il s’appelle antAGONIST. Et à coup sûr, il ne saurait être autre chose qu’un nouveau départ.
Ajouté : Mardi 23 Octobre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Cripper Website Hits: 8968
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