Un premier album plus que nullissime, un second plus qu’abouti, les THIS OR THE APOCALYPSE savent-ils vraiment ce qu’ils veulent ? Alors entre l’indigeste, le poussif, le minable et l’excellence, la distinction, le fameux, il se pourrait que Dead Years, le troisième et tout nouvel album des Pennsylvaniens apporte enfin quelques réponses bienvenues. Pour ce qui ne connaissent pas encore ce groupe, il faut savoir que leur premier opus, Monuments (2008) n’était pas si monumental et qu’il faisait même dans le Metalcore granuleux. Puis il y a eu une évolution, une prise de conscience, un déclic sur Haunt What’s Left deux ans plus tard. A tel point que je considère toujours cette sortie comme une des mieux agencées de l’année 2010 en matière de Metalcore mélodique. L’évolution était frappante et c’est donc avec un espoir nourri au bon grain qu’on appréhende ce Dead Years à la pochette stupéfiante de laideur.

Hélas, je vais avoir un gros problème avec ce CD. Au lieu de confirmer (ou même d’infirmer) le potentiel pourtant existant du groupe, il ne fait que de botter en touche. Passer un coup de balai sur son passé est une bonne idée. Mettre les gravas sous le tapis en est une moins bonne. Mais à quoi joue THIS OR THE APOCALYPSE ? Le début de Dead Years m’a laissé dubitatif, là où Haunt What’s Left m’avait mis sur le cul. Si « Hell Praiser » n’a pas l’impact que doit avoir une première compo, « Powerhawk » véhicule même de pestilentielles effluves de BRING ME THE HORIZON avec ses lignes vocales bordéliques, superposées, truquées et son jeu de batterie bancal. Je vous garantis qu’avec un tel faux-départ, j’ai chié dans mon froc. Heureusement, les Américains possèdent maintenant l’expérience nécessaire pour remettre de l’ordre dans leurs idées. « In Wolves » rattrape bien le coup avec son refrain agréable bien qu’un peu facile car chanté en chant clair. Enfin ce disque prend une tournure correcte et je dois dire qu’il ne fallait pas plus que ces quelques bonnes idées pour dissiper l’inquiétude ambiante. « Americans » poursuit le redressement avec ses nappes de guitares mélodiques qui rappellent un peu le « Assistant To The Regional Manager » de THE DEVIL WEARS PRADA. Mais comme cet opus n’aura de cesse de rappeler, la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle du lendemain et « Hate The Ones You Love » retombe dans des travers franchement déplaisants avant que ne déboule un final épique. D’une piste à l’autre, on a cette drôle d’impression que THIS OR THE APOCALYSE est dans un bon ou un mauvais jour. Il y a très peu d’ambiances mais beaucoup d’arrangements. Je n’arriverais pas à dire clairement si Dead Years est plus sombre que le précédent, car ils ne donnent aucunes clés pour qu’on puisse voir plus clair dans leur jeu. Mais incontestablement, il s’agit d’une régression, parce qu’aucun morceau de cette galette n’arrive à la hauteur des « Charmer », « Lamnidae » et autres « Toro ». Même la très Heavy « A Damn Moment » qui ressemble à une excellente composition de Metalcore souffre de la comparaison. Plus facile d’accès, moins travaillé mais davantage trafiqué et synthétique, Dead Years est un coup de bambou fatal pour ceux qui espéraient que les fantastiques compositions d’Haunt What’s Left revivent. Sans pour autant atteindre l’inconstance de Monuments, ce troisième bébé a le goût d’un flashback malvenu. J’espérais tant que ce premier opus ne soit qu’un lointain souvenir. Force est de constater que THIS OR THE APOCALYSE se plait à remuer le couteau dans la plaie.

Et quel sentiment prédomine dans ce genre de situation ? Je vous le donne en mille. La déception. Déception parce que ces mecs ont un talent incroyable, qu’ils sont une force de la nature et qu’ils ont déjà prouvé qu’ils sont capables des plus belles prouesses. Dieu sait pourtant à quel point il est dur de sortir un album de Metalcore construit. Ils l’ont fait. Ils ne le font plus. Ils le referont peut-être au prochain. Mais tout ça, on s’en balance. A l’heure où je conclus ce papier, je désespère de comprendre un jour l’énigme THIS OR THE APOCALYPSE.