SAW (FRA) - Bipolarity (2010)
Label : Klonosphere
Sortie du Scud : 2 avril 2010
Pays : France
Genre : Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins
On n’arrête plus la Klonosphère ! Et c’est justement parce qu’elle a pris beaucoup d’ampleur et qu’elle s’est installée durablement dans le paysage Metal français en prenant sous son aile des groupes comme KLONE, TREPALIUM, MEMORIES OF A DEAD MAN ou HYPNO5E qu’on ne parle du premier album des Vendéens de SAW que deux ans après sa sortie. On pensait que les autres labels parviendraient à s’aligner. Peine perdue. Il est désormais trop tard pour la rattraper et c’est avec un sentiment très respectueux qu’on constate que peu importe les années, la qualité a toujours été un leitmotiv pour la Sphère. SAW, ça vient donc de Vendée et ça a sorti en 2010 un premier album du nom de Bipolarity. Il porte d’ailleurs très mal son nom, puisque ne s’orientant pas seulement sur deux pôles, mais sur une multitude. A tel point que « Metal » sera l’étiquette qui collera le mieux à cette musique.
J’ai longtemps réfléchi. Metal moderne ? Death / Thrash technique ? Neo Metal brutal et progressif ? Va te faire foutre. C’est du Metal ! Et en plus, il est vachement sympa. Marchant sur les traces de ses ancêtres français, HACRIDE et GOJIRA pour ne pas les citer, SAW évolue dans un univers musical un peu barré, qui n’a pas vraiment de frontières et qui peut pousser le bouchon assez loin dans les expérimentations. La base est Death Metal, c’est un fait ! Et même s’il est complètement mollasson et truffé de cadences hachées qui évoquent MESHUGGAH (« Beware Of The Sunlight »), il reste stylistiquement proche de certains classiques. Dans les voix, qui tirent sur la corde Hardcore. Ou dans les guitares, qui balancent certains riffs absolument pachydermiques, à défaut d’être mathématiques. Et c’est tant mieux. Parce que les rares fois où SAW s’aventure dans les sables mouvants estampillés Mathcore, c’est loin d’être une réussite (« Set Our Hollow White »). On préfère les Français incisifs, accrocheurs, avec un groove certain dans les guitares (« Perturbed »). Ça n’arrive pas super souvent, mais quand ça te tombe dessus, c’est que du bonheur. Exemple avec l’interlude instrumentale « Odonata ». Pourquoi Diable ce motif planant n’a pas fait l’objet d’une chanson entière ? Voilà une idée qui aurait relevé la barre ! Parce que plus Bipolarity avance, plus on a le sentiment de passer à côté de quelque chose de grand. Il manque un petit truc à ce disque. Ce n’est pas une âme, ça ne semble pas être de l’originalité non plus. C’est un déclic, une étincelle. Capable d’envoyer quelques minutes de pure folie, l’opus retombe inexplicablement dans certains travers sans qu’on puisse bien identifier la raison de cette perte de vitesse soudaine. Peut-être leur musique est-elle trop calculée, trop prévisible, pas assez spontanée et ce, en dépit des apparences. Alors qu’on se dit qu’il démarre enfin (« Imperfect World »), voilà qu’il rétrograde (« Colors And Shapes »). C’est frustrant pour l’auditeur, qui a souvent l’occasion d’entendre des refrains très bien pensés et une exécution tatillonne. Mais Bipolarity s’oublie, pêche par excès de confiance et au final, nous laisse en plan avec ce mauvais sentiment d’inachevé et de gâchis.
En dépit de dispositions honorables, SAW peine à convaincre. Artistiquement, c’est encore flou et ça n’aide pas l’auditeur à se repérer. Des groupes comme TEXTURES demeurent inclassables mais diablement plus accrocheurs. Avec Bipolarity, les Vendéens nous ont donc offert un premier effort généreux mais qui a traversé le ciel comme une étoile filante, la faute à de nombreuses hésitations et approximations. On aimerait retenir que le positif, mais ce serait mentir par omission. Il reste cependant à SAW toute une vie pour renverser la vapeur et rattraper les 16 millions de mentions « j’aime » qui honorent le compte Facebook de son pendant cinématographique. On leur souhaite.
Ajouté : Mercredi 19 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Saw Website Hits: 7504
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