Amen mes frères. A PLEA FOR PURGING n’est plus. C’est d’autant plus triste que cette fin d’été 2012 aura été la dernière occasion de voir le charismatique et imposant Andy Atkins sur scène. Et dans le genre bonne bouille, on peut difficilement faire mieux. Cette formation américaine de purs beaux gosses a donc splitté et qu’on soit clair, c’est une perte. Le Metalcore américain est plus ou moins en perte de vitesse cette année et la raison est mathématique. Plus y a de groupes, plus y a d’idées, plus y a d’albums et plus y a de bonnes raisons de s’en détourner. Cependant, A PLEA FOR PURGING c’était particulier. Pas vraiment le haut du panier, mais pas loin. Son Metalcore compact aura été un exemple au cœur même d’une scène où tout se ressemble. Ces gars avaient du caractère et de la personnalité. Ils l’avaient exprimé sur deux albums avant d’atteindre avec ce qui sera l’objet de ce papier, le maximum de leur potentiel artistique. Retour donc sur The Marriage Of Heaven And Hell sorti en 2010, qui précède une ultime banderille du nom de The Life And Death Of A Plea For Purging dont nous parlerons plus tard.

Trois années après A Critique Of Mind And Thought, une seule après Depravity, les Nashvillois ont donc trouvé l’équilibre le plus instable qui soit entre productivité et efficacité. Trois albums en trois ans, on aurait pu craindre qu’Andy Atkins et les siens ne s’essoufflent. Surtout Andy en fait. C’est tout l’inverse. Prenant aux tripes, fort de ce son de guitares très proche de MESHUGGAH (« Golden Barriers »), The Marriage Of Heaven And Hell rivalise de puissance et d’explosivité. Avec un véritable pro du Metalcore aux manettes (Joey Sturgis, ATTACK ATTACK, WE CAME AS ROMANS, EMMURE, THE DEVIL WEARS PRADA), on ne pouvait pas s’attendre à autre chose qu’à un album qui sonne comme toute les plus grosses productions Metalcore actuelles. C’est un fait. La seule différence, c’est qu’A PLEA FOR PURGING a réalisé dans l’écriture de ses morceaux, dans leurs arrangements, dans leur exécution, un travail de sape monumental qui lui donne deux fois plus de volume. Ce n’est pas un album classique, même s’il s’en rapproche. Les Américains ont foi en leur Metalcore comme ils ont foi en Dieu et ça s’entend. Les breakdowns, les mosh parts sont aux premières loges de cette œuvre très regroupée. C’est imposant, costaud mais pas idiot. Que ce soit sur « And Weep », « Finite » ou « Shiver », on distingue très facilement la profondeur abyssale dans laquelle s’engouffre le groupe. On a très vite peur que The Marriage Of Heaven And Hell s’achève comme il a commencé, dans la cacophonie, sans qu’il n’y ait rien de consistant au milieu. Là encore, mauvaise pioche. Quelques vocaux clairs, œuvre de Matt Montgomery (FOR TODAY) viennent détendre l’atmosphère sur « The Wall » sans qu’on puisse parler d’omniprésence, ce qui est toujours plaisant. Majoritairement, c’est le chant très âpre et profond d’Andy qui vient se coller sur des guitares aux motifs proches du Djent. Mais il y a aussi de belles surprises. Je pense principalement à « The Jealous Wings », une superbe ballade-core qui commence dans la brume avec une voix enfumée et vaporeuse, un peu à la Steven Wilson avant se déboucher sur un refrain atmosphérique très pur et lunaire. Une guitare sèche vient s’incruster, un petit mid-tempo sympa rythme le morceau et c’est tout l’album qui prend une nouvelle tournure. Une étoile filante vient de le traverser. A l’instar de MARTYR DEFILED qui pondait avec « Archae » une piste en total décalage avec son disque granuleux, A PLEA FOR PURGING réalise avec cette création un contrepied parfait alors que la cérémonie de mariage est sur le point de s’achever. On entr’aperçoit alors ce petit bout de paradis promis dans le titre de l’opus, majoritairement dominé par l’enfer.

Plus jamais on n’entendra A PLEA FOR PURGING jouer avec cette excitation et ce feu dans le regard. The Marriage Of Heaven And Hell est un disque de Metalcore plus qu’abouti. Il peut s’inscrire comme une référence à l’heure où ce genre de compliments est de plus en plus rare à lire. En 2010, il était un grand pas en avant. En 2012, il l’est toujours. Puisse ce disque continuer à être intemporel, au moins pour quelques années encore. C’était leur dernier coup de maître. La suite des évènements sera d’un acabit pour le moins dramatique.