KILLBODY TUNING (ch) - 47°0'40.00''N / 6°42'20.00''E (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 30 mars 2012
Pays : Suisse
Genre : Post-Rock / Metal expérimental
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 44 Mins
Chroniquer une B.O de film, c’est peut-être bien une première sur Metal-Impact. Et c’est d’autant plus une expérience intéressante qu’en fin de compte, personne ne se douterait au premier regard que cet album ait pu servir à musicaliser un moyen-métrage noir et intense, comme le sang qui recouvre ses protagonistes. Son nom ? « Dernière Chasse ». Réalisé par Julien Humbert-Droz et offrant aux spectateurs des atmosphères violentes et des visions chocs, cette œuvre visuelle singulière avait évidement besoin de son alter-ego musical. Ce sont les Suisses de KILLBODY TUNING qui ont alors été nommés responsables de la bande-son. Et, oh surprise, alors qu’on s’imaginait déjà prendre un mur de Metal gras et dégoulinant en pleine poire, cliché comme une B.O de Ronny Yu, les Suisses prennent tout le monde à contre-pied avec une musique douce et vibrante, en rupture complète avec les images barbares du film. Après une première démo parue en 2008 sous le nom « The French Hunter », ces garçons prennent donc de l’altitude avec 47°0'40.00''N/6°42'20.00''E.
Ces coordonnées nous emmènent directement vers un chalet du petit village suisse de La Chaux-du-Milieu, lequel à sûrement une place prépondérante au sein du film. Mais assez parlé de ça ! Place maintenant à l’expérience musicale. Alors pour commencer, j’aimerais savoir si vous avez déjà acheté une bande-originale de film parce que vous avez vibré sur votre siège de cinéma ? Je ne parle pas de la B.O de « Shrek » ou de « Kung-Fu Panda », mais de B.O composées et signées Hans Zimmer ou Klaus Badelt. Pour ma part oui, et sans les images, ça perd de son sublime. C’est exactement ce qui se passe ici. KILLBODY TUNING œuvre dans un registre planant, aérien, doucereux qui embrasse différents mouvements parmi lesquels le Post-Rock, le Metal et la musique d’ambiance. Pour ce groupe qui est déjà repassé sur des compos de Philippe Léotard, l’exercice semble facile, presque naturel. Pour l’auditeur, c’est un peu différent. Il ne devra pas chercher dans ce disque une claque de technicité mais plutôt un lâcher de papillons. Les créations du quatuor possèdent toutes des structures complexes et impalpables. Des riffs mélodiques, brumeux qui se détachent de toute logique musicale, suivant simplement le gré des envies les plus fluides. Une batterie éthérée, comme manœuvrée par un pantin désarticulé et aucun mouvement de voix, si ce n’est quelques envolées féminines pour un album à 90% instrumental. Voilà de quoi est fait 47°0'40.00''N/6°42'20.00''E. Il est clair que c’est difficile, très difficile d’entrer dans cet univers si singulier. A l’image d’ALKALYS, KILLBODY TUNING conduit sa barque dans un registre dépourvu de codes et de bon sens. Tout s’écroule sans crier gare, tout est instable, tout est fantomatique. Pourtant, c’est une incroyable quiétude et sérénité qui se dégagent de cet opus. Et malgré ça, comment faire pour se laisser baigner entièrement de ces sonorités vaporeuses ? La réponse est simple ; avoir beaucoup d’imagination. Car amputé de son pendant visuel, cet album a vraiment peu de valeur. Les fans de Metal bien fait pourront éventuellement se retrouver autour du final de « Muswell Hill », le moment le plus intense de cette rondelle. Autrement, ils devront se contenter de rythmiques modérées et de mélodies cérébrales, une bien maigre consolation.
Enregistré par Jonathan Nido (THE OCEAN), 47°0'40.00''N/6°42'20.00''E bénéficie d’une production au top du top, avec des instruments clairement distincts et beaucoup de relief dans le son. Suffisant pour faire adhérer plus de monde au projet ? J’en doute. En tout cas, écouter ce disque sans avoir pris connaissance de « Dernière Chasse » au préalable est une belle boulette. Son seul mérite sera finalement d’introduire KILLBODY TUNING dans la cour des grands et d’attirer l’attention de l’auditorat sur la réalisation de Julien Humbert-Droz. Pour le reste, il manque trop d’éléments pour apprécier l’objet brut.
Ajouté : Lundi 03 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Killbody Tuning Website Hits: 7170
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