EXUMER (de) - Fire & Damnation (2012)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 6 avril 2012
Pays : Allemagne
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 34 Mins
Oui je sais, c’est frustrant de ne pas avoir sa chance. De ne pas connaître son grand jour pendant sa prime jeunesse et de se voir souffler les bougies sous le nez par un faux ami moins méritant. On a salement envie de lui écraser le gâteau de la reconnaissance sur la tronche et de se barrer avec les cadeaux.
Mais on prend la plupart du temps son mal en patience, ou alors on quitte la pièce, la tête basse et la mine défaite, sur d’avoir pourtant fait ce qu’il fallait.
Revenir pendant le bal commémorateur ? Pourquoi pas, c’est une solution. Mais il faut bien choisir son smoking. Le bon nœud papillon. Et se la jouer sobre, cool, profil bas, pour mieux abattre ses cartes. Ou tout simplement prouver une fois de plus son talent, sans surjouer, pour convaincre l’assistance qu’ils ont décidemment été un peu durs.
C’est le principe du come-back, désespéré ou non, vain ou pertinent.
Voilà vingt cinq ans, une bande d’Allemands allumés (mais ne l’étaient ils pas tous à l’époque ?) sortait son dernier album studio, Rising From The Sea. Album monstrueux, animés de vocaux inhumains, d’accélérations subites et de guitares assassines. Il fut précédé en son temps par un Possessed By Fire tout aussi lumineux, mais un peu moins hargneux. La bande de chevelus au line up plus qu’instable finit par jeter l’éponge en regard de luttes intestines ingérables en 1990, et d’étiquette SLAYER apposée par des journalistes en manque de raccourcis faciles et de formules à l’emporte pièce.
EXUMER
Dans la cohorte des fans du groupe, il y a toujours eu trois factions. Les fans de Mem V Stein (bassiste chanteur sur Possessed By Fire), les fans de Paul Arakaki (bassiste chanteur sur Rising From The Sea), dont je fais partie, et ceux qui n’ont jamais pu choisir.
Avec la sortie de ce Fire & Damnation, les premiers seront comblés, les seconds un peu déçus mais contents quand même, et les derniers seront satisfaits de toute façon.
Et ils auront raison de l’être ! Car loin de céder aux sirènes de la mode ou d’un pathétique jeunisme ridicule, EXUMER a choisi la meilleure voie, en revenant sur le devant de la scène avec ce qu’ils savent faire le mieux, un Thrash survitaminé mais cohérent.
Et ce nouvel album contient, tout comme ses deux illustres prédécesseurs, son lot de morceaux bien méchants, bâtis sur des riffs simples mais efficaces, propres à séduire tout fan de Thrash pur 80’s qui se respecte. Car EXUMER a toujours été le plus américain des groupes européens, même si parfois son optique mélodique pouvait le rapprocher d’un DESTRUCTION, ce qui est encore le cas avec un titre comme « Vermin Of The Sky ».
EXUMER n’a pas non plus perdu son habitude de privilégier les tempi rapides, qu’ils soient francs ou à contre temps. Et ce qui pour les uns pourra paraître comme une désagréable linéarité restera pour les accros une marque de fabrique indispensable. Car quand le quintette se la joue lourd, comme à l’occasion du break de « The Weakest Limb », l’impact n’en est que plus important. C’est d’ailleurs un des meilleurs titres de l’album, qui est cela dit au passage de haute volée. Notons aussi que la vitesse d’exécution reste très raisonnable. Nous sommes ici entre gens de bonne compagnie. Impossible d’ailleurs à l’écoute de ce morceau de ne pas penser à EXODUS, bien plus qu’à SLAYER !
Et même si la voix de Mem peut parfois être franchement limite (le pont de « A New Morality », mais bon, comme je l’ai dit, j’ai toujours été fan des intonations bien démentes d’Arakaki…), il se révèle être toujours un sacré frontman, menant ses troupes d’une main de fer et de lignes vocales vindicatives. Gageons que les tournées consécutives à la reformation du groupe depuis 2008 ne sont pas étrangères à cette assurance.
Et comme le groupe respecte en plus la sacro-sainte tradition du LP d’une demi-heure, tout est quasiment bon… Si l’on excepte quelques redites, des riffs parfois un peu recyclés (mais de bonnes intonations Hardcore sur « Crushing Point »), Fire & Damnation reste un excellent album, s’achevant sur des guitares que Holt et Hunolt n’auraient certainement pas reniées (« Tribal Furies »), et nous ramenant à la grande époque des sorties Thrash pléthoriques et héroïques des années 80.
Il eut été fort dommage de ne pas exhumer ce groupe (Ok, je sors…), car il nous prouve qu’en 2012, il n’a rien perdu de son impact et de sa fougue, vingt cinq ans après ses derniers méfaits. Certes, la jeune génération aura peut être du mal à comprendre mon enthousiasme (WARBRINGER et THE HAUNTED sont passé par là entre temps…), mais les nostalgiques des cavalcades et autres intensités bien velues qui nous faisaient dresser les cheveux sur la tête quand nous avions quinze ans sauront de quoi je parle.
Ajouté : Jeudi 09 Août 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Exumer Website Hits: 8432
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