DO OR DIE. Avec un patronyme qui résonne déjà comme un slogan explosif, on pouvait facilement légitimer l’appartenance de ce combo belge à la mouvance Hardcore. Dans le mille. Formé en 1999, ces mectons ne laissent planer aucune ambigüité sur leurs intentions. Et encore moins avec The Downfall Of The Human Race, un cinquième opus vaporeux qui s’inscrit facilement comme étant le plus sombre et le plus malveillant de leur sympathique discographie, qui compte également quelques compilations, lives et autres maxis. L’autre spécificité de cette sortie, c’est qu’elle remet au goût du jour la question de la pertinence du Hardcore quand il est exécuté avec à sa tête deux chanteurs indépendants. Mais de la part d’un groupe qui a ouvert pour AGNOSTIC FRONT et qui s’est déjà produit au Superbowl Of Hardcore new-yorkais, il ne devrait pas y avoir de problèmes…

Et pourtant, la vie parfois n’est pas si logique. Avec en face de soi un groupe qui est le leader incontesté d’un style dans son pays, on attend toujours forcément un peu plus que le minimum syndical. Mais vraisemblablement, la trajectoire exponentielle de DO OR DIE a du plomb dans l’aile. La faute ne leur est pas intégralement inhérente, elle découle aussi de l’explosion de la mouvance HxC / Metalcore ces dernières années. A force d’entendre régulièrement les mêmes structures, les mêmes filons, un Hardcore couillu qui aurait fait mouche il y a dix ans peine aujourd’hui à provoquer quelques triques. C’est l’amer constat de cet album qui, même s’il ne rivalise pas d’originalité, respecte à la lettre les grandes lignes du cahier des charges. Ça suffira au bonheur de certains, ça en frustrera d’autres. Je fais partie de la deuxième catégorie. Merde, c’est DO OR DIE quand même ! C’est censé être suffisant de dire que leur dernier album est « sympa » ou qu’il « ne casse pas des briques » ? J’en doute. Alors dans sa majeure partie, il est relativement bien écrit, respectant les codes érigés par les pionniers du NYHC et ce, de l’autre côté de l’Atlantique. On retrouve les chœurs scandés chers à SICK OF IT ALL (« Above Monal Men », « I Will Rise Again ») et les roulements de batteries aux limites du Punk. Par contre, on a un peu plus de mal à suivre la cohérence quand les Belges nous pondent des ersatz de Metalcore mélodique (« Two-Faced Bastard », « The Choice Is Yours ») ou quand les voix deviennent subitement gutturales. Il y a certains détails qui marquent sur ce disque. D’ailleurs, ne dit-on pas que le diable se cache en eux ? La production quant à elle est relativement propre même si elle manque un peu de rondeur dans le mixage des lignes de guitares et qu’elle donne trop d’espace à la batterie. Le tout est globalement équilibré mais il en faut peu pour que ça se casse la gueule. On saluera néanmoins la pertinence de ce choix, qui concorde avec l’esprit général d’un skeud qui se maintient de justesse au dessus de la ligne de flottaison, même s’il est plus obscur et moins abordable dans ses structures que ses prédécesseurs. On reste quand même un peu sur notre faim à l’issue de l’expérience, puisque rassasiés uniquement de compositions au mieux carrées et d’un gros tube (« Bury Your Enemy ») malheureusement placé en début de course. Le disposer au cœur de l’œuvre aurait peut-être permis de déclencher un sursaut chez l’auditeur et de le sortir de sa torpeur.

The Downfall Of The Human Race est malheureusement construit de choix contestables. Il n’est évidement pas aidé par l’essor pris par le HxC moderne au cours de ces dernières années, mais leur responsabilité sur le caractère médiocre de cet opus ne peut leur être enlevée. D’un disque honorable bâti à la base sur du sang, du cœur et de la sueur, on ne retiendra au final que la platitude et la transparence. Les fillettes grimées en clowns tristes de la pochette font grise mine. Nous aussi.