CANNIBAL CORPSE (usa) - Torture (2012)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 13 mars 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Brutal Death Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 44 Mins
L’Apocalypse selon CANNIBAL CORPSE, chapitre un ; verset deux.
Et CANNIBAL CORPSE acheva d’achever les dernières forces résistantes. Au sommet de son art et après deux grosses décennies d’un règne qui serait épuisant pour le plus doué des monarques, qui peut encore s’élever contre cette domination sans partage ? Tout n’a pas été facile. Il y a eu des hauts, des batailles épiques qui aboutissaient à des bains de sang victorieux, des têtes tranchées, de la tripaille sur le carrelage et un sourire en coin. Il y a eu des bas, des défaites cuisantes, des tirs de Panzer qui ont résonné comme des claques-doigts. Mais après tout, n’est-ce pas le simple reflet de la vie ordinaire d’un groupe extraordinaire ? Chacun aimerait laisser de lui la meilleure image au moment d’envisager le trépas. Alors CANNIBAL CORPSE nous fait grâce de quelques lignes de son testament. Torture. Il n’en fallait pas plus. Un douzième album, un énième coup de tocante. Un chapitre de plus ou de trop pour certains, un twist final ahurissant pour d’autres. Comme de coutume, chacun verra midi à sa porte.
Concernant votre serviteur, avaleur consentant de Brutal Death depuis le berceau, ne cherchez plus. Le charme opère comme il n’a jamais opéré. Ce n’est pas faute d’avoir cherché ce qui pouvait clocher, surtout après la discrète consécration Evisceration Plague qui s’inscrivait dans une forme de suprématie peinarde. CANNIBAL CORPSE a toujours été un groupe pantouflard. Oui mais voilà, Torture, et je n’ai pas peur de le dire, est probablement un de leur meilleur album. Bien sur, aucun ne surpassera la froide boucherie perpétrée au lendemain des nineties mais la sombre performance de ces mecs forge le respect le plus total. Vince Locke est sorti de son coma artistique pour nous pondre enfin une pochette digne de leur standing. Grand bien lui en a pris puisque cette renaissance illustre avec une précision rare ce que sera cet album. C’est une prise de conscience plus qu’une prise de risques. De toute façon, quand on sait leur aptitude à se risquer hors de leur petite chaumière rustique, le suspens ne dure pas longtemps. Alors autant en mettre plein la vue par un autre moyen. Leur nouveau credo ? Moins de technicité, plus de ruralité. Un retour en arrière combiné à une avancée moderne, un son tout en lourdeur façon Kill qui explose sous les riffs nerveux de Rob et Pat. Et puisque les classiques ne meurent jamais, autant leur faire la plus entière confiance. C’est justement après avoir écouté les deux premiers morceaux, « Demented Aggression » et « Sarcophagic Frenzy » et après avoir tiré cette première conclusion qu’intervient « Scourge Of Iron ». Comment dire ? Si Evisceration Plague et Kill manquaient de variations rythmiques, ce titre comble à lui tout seul des années de passivité à ce niveau. Un mid-mid-mid-down tempo oppressant, flegmatique et charnu qui aura au moins le mérite de faire passer SIX FEET UNDER pour un groupe inspiré et technique. Rarement une composition de CANNIBAL CORPSE ne se sera autant démarquée au cœur d’un album. L’enchainement avec l’ultra-vivace « Encased In Concrete » et son intro branlette-de-manche se passe de commentaires. Voilà que les ricains font dans le contraste… On aura vraiment tout entendu. Corpsegrinder s’éclate, vocifère de sa voix la plus tonitruante mais trouve toujours un fin équilibre entre l’accessible et l’inaudible. Mazurkiewicz poursuit sa pénible rédemption et donne un peu de baume au cœur à ceux qui pensaient qu’il s’était fâché avec son talent. Entre l’ambiance très « film d’horreur » de « Followed Home Then Killed », les gesticulations amusantes de « Caged… Contorted », les spasmes horrifiants de « Rabid » et le final plutôt old-school de « Torn Through », n’en jetez plus ! CANNIBAL CORPSE nous adresse simplement une nouvelle déculottée que seuls les ânes bâtés s’obstineront à ne pas reconnaître comme telle.
On peut utiliser tout un tas de superlatifs pour parler de cet album et de ses géniteurs. La réponse la plus précise viendra en musique, car plus que jamais ce terme transpire d’exactitude. Torture est définitivement un disque réussi et il y a bien longtemps que les new-yorkais auraient dû sortir quelque chose de ce calibre. Ça leur aurait probablement évité de passer pour des fainéants finis. Mais quel beau retour de bâton ! Mes amis, chérissez vos vies, chérissez vos proches, profitez de l’espoir naissant car il se pourrait bien que demain soit un jour sans. En attendant, on fera durer la torture.
Discographie Complète de CANNIBAL CORPSE : Eaten Back To Life (Album - 1990), Butchered At Birth (Album - 1991), Tomb Of The Mutilated (Album - 1992), The Bleeding (Album - 1994), Vile (Album - 1996), Gallery Of Suicide (Album - 1998), Bloodthirst (Album - 1999), Gore Obsessed (Album - 2002), The Wretched Spawn (Album - 2004), Kill (Album - 2006), Evisceration Plague (Album - 2009), Torture (Album - 2012)
Ajouté : Mardi 17 Avril 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Cannibal Corpse Website Hits: 15176
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