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MR. BIG (usa) - Lean Into It (1991)






Label : Atlantic Records
Sortie du Scud : 26 mars 1991
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 46 Mins





En 1989, la sortie du premier album d’un tout nouveau "supergroup" avait agité les colonnes de la presse Metal internationale. L’association d’Eric Martin (Artiste estampillé AOR à la voix de velours), Pat Torpey (ex STAN BUSH, TED NUGENT & IMPELLITTERI), Billy Sheehan (ex TALAS et surtout DAVID LEE ROTH) et Paul Gilbert (ex RACER X) se concrétisait au travers d’un album solide, gorgé de Hard à tendance Rock, qui ne tombait jamais dans la démonstration et savait se montrer inspiré. Des morceaux tels que « Addicted To That Rush » ou encore « Blame It on My Youth » avaient fait mouche et touché bien des admirateurs grâce à la technique haut de gamme de ces musiciens doublés de compositeurs plutôt convaincants.
Sorte d’antithèse parfaite de M.A.R.S (MacAlpine, Aldridge, Rock, Sarzo, autre conglomérat d’instrumentistes émérites responsables d’un très vilain LP de technique pure en 1986, Project : Driver, produit par l’inévitable Mike Varney, responsable des rencontres débouchant sur la création de…MR BIG !), car mettant leur potentiel au service des morceaux et non l’inverse, MR BIG laissait planer un gigantesque espoir en incarnant enfin un groupe d’individualités notables capables et efficaces.

Leur second effort était donc grandement attendu par le public et la presse, et le panégyrique était même prêt à être servi sur un plateau. On se plaisait déjà à songer à un album définitif, sorte de Nouveau Testament du Metal moderne, avec force préceptes et commandements à mettre en pratique pour accéder à l’Eden des décibels. Manque de bol, ce qui nous fut déposé sur la table du festin ressemblait plus à un très honnête album de Hard-Rock qu’à une gargantuesque marmite d’inspiration multiple. Et vous savez le pire ? C’est que c’est exactement ce que le public voulait !

Car quand on se retrouve face à un all star cast, on a toujours tendance à garder en mémoire les meilleures performances, les plus spectaculaires. Au cinéma, on se remémore plus volontiers Le Jour Le Plus Long ou La Tour Infernale que Dr T And The Women… Tout simplement parce qu’on a le malheur d’attendre quelque chose de larger than life, alors que bien souvent, les protagonistes/créateurs souhaitent simplement se faire plaisir et/ou séduire…Et il y avait matière à séduction dans ce Lean Into It et sa pochette iconographique très ironique (Accident ferroviaire survenu en 1895 à Montparnasse disponible en carte postale…Clin d’œil au public français ?). Mais son défaut principal - toujours selon les critiques – était son côté trop « lisse », trop « pro », trop middle of the road. Il est vrai que le caractère spontané « jeune chien fou » de Mr Big, l’album, avait disparu de ce second LP, beaucoup plus réfléchi, mature. Avec des compositions calibrées la plupart du temps pour les radios ou le live, Lean Into It draina son lot de détracteurs déçus de la tournure des choses. Et pourtant…Quel savoir-faire !
Il est vrai qu’à l’instar d’Alice Cooper sur Trash, D’AEROSMITH sur Pump, ou de Bon Jovi sur Slippery When Wet, MR BIG fit appel sur ce LP a des compositeurs extérieurs, des vieux routards du tube, des cadors du sur-mesure pour tuner FM. Au premier rang, André Pessis, pas vraiment le physique d’un jeune premier, mais un sens inné de la mélodie qui s’incruste. Compositeur pour Bonnie Raitt, Huey Lewis, Tim McGraw, Waylon Jennings, Journey, The Dead, Ratdog, Southern Pacific, Glenn Medeiros, ou encore Ann Wilson (est-il indispensable que je continue?), il offre à MR BIG sa participation sur pas moins de quatre titres, dont le tube romantico-heavy « Just Take My Heart », qui connaîtra une belle carrière dans les charts. L’incontournable Jeff Paris (Deux LP recommandables en solo dans les années 80, Race To Paradise et Wired Up, mais aussi la moitié de « Crying » et « One Night Alone » sur le premier album des amazones de Vixen) leur lègue « Lucky This Time » et collabore sur le Groovy « Road To Ruin », David Grahame épaule quant à lui Eric pour la conception du méga tube de l’album, l’inaltérable, l’inoxydable « To Be With You », qui finira numéro 1 du Billboard…Et pour finir, n’oublions pas Jim Vallance (là, je vous renvoie direct à son site perso, sinon la chronique se transformera en roman tant la liste de ses collaborations ressemble au bottin du 75…) qui co-signe « Never Say Never », un autre moment fort du CD.

Platine. C’est le maître mot.

Mais MR BIG, malgré tous ces éléments qui pourraient laisser croire qu’ils s’étaient vendus au Dieu show business sans aucun remord, assurait quand même l’essentiel, à savoir des morceaux personnels et créatifs. En premier lieu (et avec Pessis en soutien), le furieux carton d’ouverture « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song) », échevelé en diable, véritable brûlot Heavy de première bourre, durant lequel Sheehan et Gilbert se la tire à grands coups de soli à la perceuse. Il fallait y penser…
« Green Tinted Sixties Mind » qui exhale un doux parfum de nostalgie, nous ramène aux douces mélodies des 60’s, épaulée par un clip superbe et une intro de Paul inoubliable. Certainement le meilleur titre du lot, et très révélateur des capacités du sieur Gilbert d’écrire lui aussi des chansons de très grande qualité.
« My Kinda Woman », mid tempo assez plombé mérite aussi votre attention. C’est classique mais si bien ficelé qu’on se laisse prendre au jeu.

Mais bien évidemment, comment parler de Lean Into It sans consacrer quelques lignes aux ballades de rigueur…Nous avons déjà brièvement abordé le cas de « To Be With You », mais il convient d’en dire plus. Il est de notoriété publique que les groupes de Hard Rock en général excellent dans le domaine de la blue song qui fait fondre les cœurs…MR BIG ne fait pas exception à la règle, et sort l’argenterie en cette occasion, ainsi que les guitares acoustiques, pour accoucher du hit qui rejoindra au firmament des grandes eaux du Metal les classiques que furent « Still Loving You », « Every Rose Has Its Thorn », « Crazy » ou autres «Never Say Goodbye »…
« Just Take My Heart » n’est pas en reste avec son refrain emphatique et son intro délicate. Elle ne grimpera pas plus haut que la seizième place du Billboard, mais c’est déjà une réussite qui satisferait bien des groupes. L’album lui, restera à peu près au même niveau et sera numéro 15 du Hot 200. Joli.

Mais vous pouvez vous intéresser à tous les morceaux, car ils en valent la peine. Certes, ils sentent le professionnalisme, le peaufinage de studio, et parfois, ça sent même un peu le pilotage automatique (« A Little Too Loose » en est la meilleure illustration), mais l’ensemble constitue une jolie réussite qu’on se plait à réécouter depuis 20 ans, des souvenirs touchants ou brûlants plein la tête. Il fut d’ailleurs un des derniers succès du Hard Rock classique avant la déferlante Grunge, et Bump Ahead, son successeur ne devra le salut commercial qu’à sa brillante reprise du « Wild World » de Cat « Yusuf Islam » Stevens. Alors non, le feu d’artifice attendu n’eut pas vraiment lieu, et nous eûmes droit à un simple et joli feu de cheminée entre potes à la place.

Mais parfois, une musique simple et honnête fait l’affaire.



Ajouté :  Mercredi 07 Mars 2012
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Mr. Big Website
Hits: 9464
  
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