ARCHAIOS (do) - Out Of The Shadows… (2006)
Label : Just More
Sortie du Scud : 2006
Pays : République Dominicaine
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 46 Mins
C’est parfois marrant les préjugés que l’on peut avoir sur les groupes au vu de leur seule origine et du genre qu’ils pratiquent. Par exemple, ARCHAIOS. Ils viennent de République Dominicaine, et jouent du Death Mélo. Encore un groupe où l’on sent tout de suite qu’on va passer un moment éprouvant, avec des compositions banales et une production très pauvre. Ça se saurait s’il y avait un bon groupe là-bas, surtout avec juste une petite quinzaine d’actifs. Et puis ce n’est pas leur statut de référence dans leur pays - parce qu’ils existent depuis 1994 et n’ont pas flanché - qui va contraster cette opinion puisque, dans les faits, Out Of The Shadows… est leur premier album en douze ans. Allons-y, passer un long moment en ces terres inconnues.
L’on remarque rapidement que les compositions sont supérieures à la moyenne ; il se pourrait bien que les Dominicains aient des choses à raconter. Et leurs textes, c’est Rubén Cruz qui se charge de les interpréter en une prestation qui se révèle classique, mais pourtant pas monocorde, évitant ainsi l’ennui dès les cinq premières minutes. Le chant est growlé, très dense, et l’on sent que le frontman tente de le nuancer et y insuffler ses émotions. Malgré sa voix d’outre-tombe, ses lignes ne sont pas trop mises en avant, masquant quelques imperfections probables. Qui plus est, les vocaux ne sont pas excessivement agressifs, mais offrent néanmoins la teneur adéquate pour accompagner l’instrumentation. Il faut dire qu’entre les riffs grondants, et envolées de double pédale débridées (« Escape From Insanity »), où Rubén a l’occasion d’user de vocaux caverneux, le chant n’est pas spécialement privilégié au sein des compositions. Ce qui n’est pas forcément un défaut, étant donné que les pistes sont entièrement capables de se valoir rien que par leur instrumentation, à l’instar de « Eternal Bleeding ». Pour preuve, il n’y a pas de refrain réellement marquant dans Out Of The Shadows…, néanmoins, l’on retient davantage l’aspect mélodique des guitares.
Le chant est tout à fait pertinent, voyons voir la section rythmique. La qualité de la production est assez surprenante et plus que correcte pour ce à quoi l’on s’attendait, même si elle manque de profondeur et ne permet pas vraiment à la basse de briller. Aldo Germán parvient tout de même à donner une dynamique aux morceaux, en compagnie d’un batteur totalement capable. Entre percussions guerrières, accélérations thrashisantes, roulements de toms, et blast beats rageurs, Johandy Ureña utilise toutes les possibilités offertes par son instrument pour accoucher de jeux captivants et efficaces, contribuant au côté professionnel de l’album. Constamment actif et évolutif, il mène une rythmique puissante et travaillée, s’occupant de divertir par des schémas volatiles et dépravés (« The Traveller (At The Necropolis) Part I »), même s’il n’est pas exempt de plans convenus tels que le support du growl sur des blasts venimeux. Malheureusement, l’album démarre en trombe mais possède son lot de morceaux plus génériques, tels que « Life Deceiver » qui, en dépit de sections appréciables, reste assez banal, avec un jeu de guitare sans trop de feeling.
Ce qui n’est pas le cas de « Into The Light », dans une veine typiquement Death Mélo suédois old-school. Le titre est maîtrisé et très bon, même si peu original, et le groupe parvient à lui redonner une âme certaine. Tout y est, des leads entraînants à la rythmique vaillante, en passant par les vocaux abyssaux, et les démonstrations mélodiques de brio. Car ce sont bien les six-cordes qui dévoilent pleinement le talent de la formation. Le jeu est rapide, et les riffs déchiqueteurs s’assurent l’appui des percussions claquantes. Plus entraînantes sur certains titres comme « Agonizing Soul », les guitares conduisent aussi une mélodie épique. Toutefois, le point primordial est la grande présence de solos de haut niveau. Eric Cruz et Joel Solano font preuve d’un talent non négligeable pour créer des compositions avec de la substance. Le duo shredde à cœur joie, sans jamais ennuyer tant leur maîtrise est humble et bien intégrée aux pistes. Il arrive même qu’ils assaillent plus de la moitié d’une plage, offrant un moment agréable de par la fluidité des exécutions (« Silent Killer »). Par ailleurs, à l’image de « Gothic Belief », ou bien « In Times… », quelques orchestrations, à la manière d’un orgue, étayent l’intérêt des jeux plus classiques des cordes, dont la dextérité rappelle CHILDREN OF BODOM ou IN FLAMES. Même la traditionnelle partition acoustique, portant ici des intonations ibériques, est présente. L’on pourrait cependant reprocher cette abondance de solos, bien qu’infaillibles, donnant parfois des lignes manquant du feeling appréciable du disque.
Finalement, ARCHAIOS se fait un plaisir non mesuré à infirmer les préjugés premiers pouvant découler de leur description. Le groupe déploie un Death Metal Mélodique, certes peu original, et un peu redondant sur la fin, mais exécuté avec passion. Les compositions respirent des jours glorieux du genre, avec une production tout de même correcte, et une emphase sur les guitares mélodiques qui ne se contentent pas de virtuosité pour leur égo - ce qui permet alors d’offrir un vrai moment de plaisir aux nostalgiques. Les Dominicains s’affichent ainsi comme une formation avec un réel potentiel, et méritant amplement d’être connue des amateurs du son suédois.
Ajouté : Mercredi 01 Février 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Archaios Website Hits: 9710
|