Recette pour monopoliser l'attention vitesse flying-V quand on joue du Metal : avancer masqué! Ca peut sembler paradoxal mais la plupart de ceux qui s'y sont essayé ont été récompensés au-delà de leurs espérances. Bon évidemment, je ne garantis pas les chances de succès avec des combinaisons fluo de Teletubbies, mais disons que quatre goules sans visage ni identité emmenées par une espèce de pape-zombie, ça peut le faire! D'eux, on ne sait rien à part leur nationalité (suédois) mais ça ne les empêche pas de faire buzzer la planète Metal depuis environ un an, les uns criant au génie, les autres à l'escroquerie. Alors, y a-t-il quelqu’un derrière le masque ou juste du vent ?
Musicalement, difficile de faire entrer GHOST dans une case. Le satanisme théâtral d’un MERCYFUL FATE, la nonchalance perverse d’un QUEENS OF THE STONE AGE et les refrains ensoleillés des... BEACH BOYS !?!! Voilà tout le génie de ce groupe : faire fonctionner une formule aussi incongrue. Car oui, ça fonctionne, et même sacrément bien! Ecoutez « Ritual » et « Stand by him » une seule fois et vous voilà parti à les fredonner toute la journée. Des tubes, quoi! Là où LORDI jouait de ses costumes pour faire passer un Hard-FM sympa mais réchauffé, GHOST arrive avec une réelle identité musicale. Du neuf avec du vieux, objecteront les sceptiques. Certes, mais rarement des odes au Malin et à la Comtesse Bathory auront semblé aussi cool! Cet album éponyme, c’est une journée de surf à Hawaï suivie d’une veillée sur la plage autour d’un feu alimenté par les poutres de l’église voisine!
Du génie donc... Mais un léger parfum d’escroquerie au demeurant. D’abord, 9 titres dont une intro bidon à l’orgue et une outro instrumentale hors-sujet pour une durée totale de 34 minutes, c’est plutôt léger; tout comme les paroles « Beu-Meu » tellement clichées qu’elles confinent à la parodie. Mais d’ailleurs, n’est-ce pas volontaire ? Enfin, vous l’aurez compris, tout ceci est bien moins Metal que les textes et les visuels le laisseraient penser. On comprendra que nos amis Black-Metalleux aient pu grincer des dents à l’écoute d’Opus Eponymous. Pas assez Metal ? Peut-être... Mais qui a décrété que le blasphème devait obligatoirement se pratiquer sur fond de double grosse-caisse à 300000 bpm et autres couinements de gremlins ? La perversité n’est-elle pas plus grande lorsqu’elle se fait insidieuse ? Imaginez un peu le plaisir de voir votre belle-mère écouter GHOST avec le sourire, pendant qu’elle se prépare pour aller à la messe... Croyez-en mon expérience, rien que pour ça, cet album est une bénédiction!