A anniversaire exceptionnel, cadeau exceptionnel. Et pour fêter dignement ses 25 ans de carrière, les légendes vivantes du Hardcore newyorkais, j’ai nommé SICK OF IT ALL, n’ont rien trouvé de mieux que de réécrire les codes du savoir-vivre. Car en général, ce sont plutôt les invités qui offrent un présent à leur hôte, et rarement l’inverse. Mais pour l’occasion, et à l’image d’une carrière vieille d’un quart de siècle, le groupe continue de n’en faire qu’à sa tête avec Nonstop, un très beau best-of qui retrace avec précision vingt-cinq années de sueur, d’engagements, de combats mais surtout vingt-cinq années de Hardcore, au sens le plus noble du terme. La symbolique numérique aurait voulu que Lou Koller et sa petite troupe sélectionne pour nous vingt-cinq titres d’une discographie qui en compte cent-trente-six, rien que sur les neuf full-lenghts parus entre 1989 et 2010. On se contentera de vingt morceaux, triés sur le volet et réenregistrés pour l’évènement, une décision que peu de groupes osent prendre quand leur carrière leur offre la légitimité de sortir un best-of.

Alors quid de Nonstop ? Difficile d’émettre un jugement sur un tel disque, surtout avec tout le respect que celui-ci impose. Le premier fait d’arme concerne ici le choix des morceaux. On remarque clairement que SICK OF IT ALL a pris son pied à rejouer ses vieux titres en studio, puisque les albums les mieux représentés sont Blood, Sweat And No Tears (1989) avec dix chansons, Built To Last (1997) avec quatre et Just Look Around (1992) avec trois. Au final, seule « Relentless » parue sur Life On The Ropes (2003) symbolise le SICK OF IT ALL du nouveau millénaire. Certains y verront une façon de dire que maintenant, la boucle est bouclée. J’y vois surtout un moyen de faire découvrir à son nouveau public ses travaux passés, remis au goût du jour. On peut effectivement contester le choix de réenregistrer des tubes comme « Injustice System », sachant que la production old-school de 1989 était aussi ce qui faisait le charme de ce Hardcore. Ce best-of, au niveau de sa production, sonne comme n’importe quel album de 2011, mais est-ce vraiment une surprise avec Tue Madsen aux consoles ? Aussi, SICK OF IT ALL en a profité pour retoucher au passage quelques chansons, notamment « Just Look Around » en lui donnant plus de groove ou « Pushed Too Far » avec un jeu de basses plus aiguisé. Mais là où la presse est unanime, c’est quand il s’agit de dire qu’à bientôt cinquante balais, ces musiciens véhiculent la même hargne, la même pêche qu’à leurs commencements. Une énergie permanente et contagieuse, qui se répand aussi bien sur les pistes longues et qui sont plus ou moins passées à la trappe comme « Never Measure Up » que sur les concentrés de violence urbaine pures et célébrissimes que sont « Ratpack » ou « Busted ». Mon seul regret est l’absence de « Step Down » bien sûr, mais aussi de l’excellente « Death Or Jail » qui introduisait en 2010 l’increvable Based On A True Story.

Les fans de SICK OF IT ALL auront de quoi s’en mettre plein les oreilles avec ce best-of qui n’a aucun problème de crédibilité. Loin d’être un coup purement commercial (DEATHSTARS, si vous me lisez…), il est le résumé le plus intense qui puisse être fait de leur imposante carrière. De la pochette, clin d’œil amusant à leur premier EP éponyme paru en 1987, aux chansons qui le composent, Nonstop est déjà un indispensable. Et si SICK OF IT ALL n’avait jamais existé, et si MADBALL n’avait jamais existé, et si AGNOSTIC FRONT n’avait jamais existé, apprécierait-on le Hardcore actuel de la même façon ? C’est en repensant à ce lien de cause à effet qu’on apprécie d’autant plus le nom choisi pour ce best-of… avec l’illusion qu’effectivement, le New-York Hardcore est éternel.