LO! (au) - Look And Behold (2011)
Label : Pelagic Records
Sortie du Scud : 26 septembre 2011
Pays : Australie
Genre : Hardcore / Sludge
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 39 Mins
Le 10 juillet 2011, un accident de train fait 53 morts et 250 blessés au nord de l’Inde. Alors quand je lis que « le son dépoli et abrasif de LO! est à l’image d’un train qui déraille », permettez-moi de penser que le public indien trouvera la comparaison d’un goût douteux. D’autant que le Metal n’a pas de beaux jours devant lui dans cet immense pays, à l’image des échauffourées qu’a provoqué l’annulation récente d’un concert de METALLICA. Mais les australiens de LO! s’en préoccupent-ils vraiment ? Tout laisse à croire que non, puisque ces derniers insistent dans leur entreprise de démolition de masse avec Look And Behold, un premier full-lenght qui semble avoir l’ambition d’affranchir la scène extrême australienne aux yeux de ceux qui pensent qu’elle ne tient qu’aux prouesses de THE BERZERKER. Ces quatre mecs nous viennent donc de Sydney, proposent un Hardcore stéroïdé, bruyant et dépressif dont les multiples expérimentations ne sauraient trahir un besoin certain d’innovation et une démarcation d’avec leurs compatriotes studieux d’AIRBOURNE.
Un premier indice m’a tout de suite confirmé cette sensation d’avant-gardisme annoncé, c’est la durée des chansons. Quand une piste longue de 8 minutes succède à une autre qui dure à peine 89 secondes, on imagine assez facilement que ce disque sera varié sur les autres points capitaux. « Abrasif », le son de LO! l’est, assurément ! Après une courte intro, « Deluge (Carnivorous Flux) » explose au visage du petit public. Loin de moi l’idée de m’engager également sur le terrain des comparaisons cyniques, surtout après un début d’année 2011 marqué par la tragédie nucléaire de Fukushima, mais quelle autre image serait plus appropriée ? Il ne m’en vient pas pour la simple et bonne raison que les australiens ont la main lourde au niveau des ambiances chaotiques et spectaculaires. Défigurer l’auditeur, lui crever les tympans, chercher l’assourdir, c’est l’objectif annoncé de ce groupe. Et pour ça, ils s’y prennent avec subtilité. Adrian Griffin n’est pas le style de batteur qui enchaîne les bpm pour vous faire imploser la boite crânienne, non ! Ses frappes minutieuses en mid-tempo vous endorment, vous détendent et c’est là qu’il cartonne ses cymbales comme des lames qui vous transpercent. Apocalyptique à la manière d’un CROWBAR, massif à l’image d’un MASTODON et torturé comme un bon NEUROSIS, voyez un peu les ingrédients du succès. Et le pire dans tout ça, c’est qu’aucune composition n’est apte à se détacher des autres, car elles n’ont aucun corps, aucune structure. Entre riffs Noise, pauses brumeuses, claviers névralgiques, chant râpeux ou interludes Lounge, LO! rassemble le côté free-stylé d’IWRESTLEDABEARONCE avec le sérieux et le l’antipathie d’HELLMOUTH. Avec sa guitare, Carl Whitbread fait des miracles, jouant sur des bases techniques solides, teintant sa prestation de psychédélisme et offrant un dialogue poignant avec son chanteur en final de « Moira Kindle ». Insaisissable, inestimable, ce Hardcore, qui n’en est pas vraiment, est à l’image de ce qu’on attend des formations exotiques, c'est-à-dire qu’il est aux antipodes des groupes de Hardcore conventionnels qui officient au somment de leur scène, qu’elle soit européenne ou américaine.
Avec Look And Behold, LO! est le nouveau joueur qui change déjà les règles du jeu. Peut-être encore trop ancrée dans la réalité, cette sortie prendra probablement de la valeur en même temps que ces mecs planteront d’autres jalons dans une terre fertile. En attendant, on s’en contente en espérant secrètement qu’ils pousseront le bouchon encore plus loin au prochain coup, pour qu’on puisse avoir vraiment matière à parler de potentiel artistique.
Ajouté : Mardi 15 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Lo! Website Hits: 8596
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