RAYGUN REBELS (de) - Bring Me Home (2011)
Label : SAOL (Service for Artist Owned Labels) / H'Art
Sortie du Scud : 10 juin 2011
Pays : Allemagne
Genre : Glam Rock
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 41 Mins
C’est sûr, si les pompistes étaient tous vêtus de bas-nylon et de jupettes écossaises, faire le plein par les temps qui courent serait un peu moins douloureux. L’interprétation de cette pochette ne devrait pas poser beaucoup de problèmes : les quatre rockeurs de RAYGUN REBELS sont sur le chemin du retour au bercail après une tournée triomphale, soudain, le coup de la panne. Par chance, ils croisent le regard aguicheur de la pompiste sexy, ils la font tourner à l’arrière boutique dans un gang bang que Marc Dorcel aurait adoré filmer et repartent chez eux après une énième incartade de vrais rockeurs sans tabous, bien à l’ancienne. Mais quand la réalité dépasse la fiction, les lignes du scénario en deviennent totalement réversibles. La panne sèche, elle est seulement musicale. Et si je consens volontiers à endosser le costume de pompiste, je ne serais pas aussi sensuel avec nos petits allemands qui ne méritent avec ce Bring Me Home pas moins que la castration chimique.
Non contents de traiter la gent féminine comme du bétail dans leurs textes, les rebelles s’expriment dans un Rock & Roll qui a plus de trente ans de retard. Ce groupe teuton affiche une sérieuse contradiction, car tout se joue sur leur image de faux-vrais bad-boys. Musicalement, la pauvreté d’un répertoire Glam Rock qui a vu un nombre impressionnant de pénis perforer ses multiples orifices n’est pas sujette à grande littérature. Ce qui l’est, c’est l’image qu’ils véhiculent, puisque nos amis, sans avoir jamais offert le moindre album auparavant, sont à créditer de passages prestigieux au Whisky A GoGo ou au Johnny Depp’s Viperroom hollywoodiens. Pour s’y montrer sans doute. Pas pour défendre une musique qui ne saurait faire mieux que fond sonore rythmé pour discussions éméchées. Dépliant la panoplie la plus complète du rockeur fou qui sort de quarante années passées dans un congélateur, Danny Raygun nous assomme avec son compère Dom Raygun d’un riffing facile d’accès, faussement endiablé et maquillé comme une voiture volée. Le premier cité y pose des vocaux séniles et monocordes. C’est d’autant plus inquiétant pour un mec qui fait la trentaine à tout casser. Entre la balade romantico-hypocrite « Goodbye » qui œuvre à grands renforts de « je n’ai jamais voulu te faire de mal mais je dois te dire au revoir, ne pleure pas » qui précède la groovy « I Want You » disant texto « tu es vilaine, tu es une pute mais je te veux », samples pornos à l’appui, les RAYGUN REBELS souffrent au mieux d’un sévère dédoublement de personnalité. Tout ça est joué avec trop de suffisance, trop de certitudes et sans vraiment d’humilité. La production est sans relief, d’une fadeur à se couper la langue ce qui n’améliore pas vraiment la prestation du quartet. Ces mecs en finissent par passer pour des ringards prétentieux, et j’en suis assez désolé pour eux. Par contre, il faut leur laisser la piste éponyme, longue de sept minutes, qui montre enfin un RAYGUN REBELS sous son meilleur jour, tirant le meilleur d’un VAN HALEN et l’accommodant à sa sauce, avec solo plutôt convaincant et ondes positives en bonus. Visiblement, ils étaient impatients de rentrer à la maison. Et nous, plutôt contents que l’expérience s’achève, puisque ce premier album s’oublie aussi vite qu’il s’écoute. Et pour un groupe qui a composé sa musique avec la volonté qu’elle nous reste en tête longtemps, on peut parler d’un échec cuisant.
J’espère que ce disque, objectivement plus que moyen, fera redescendre les allemands de leur piédestal. Le Rock & Roll, avant d’être une source jaillissante de strass et paillettes, de drogue et de sexe, d’alcool et de grosses voitures, c’est avant tout une musique. Et je pense que les grands groupes ayant auparavant officié dans le genre ont parfaitement réussi à combiner les deux, qu’ils s’appellent GUNS N’ ROSES, MOTÖRHEAD ou ZZ TOP. Preuve que l’un ne va pas sans l’autre. Serait-il idiot de leur reprocher d’avoir oublié ce détail ?
Ajouté : Mardi 15 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Raygun Rebels Website Hits: 8024
|