Généralement, lorsque l’on achète un album d’AOR, on s’attend à une floppée de titres mélodiques, d’envolées lyriques et radiophoniques, histoire de faire le plein de musique positive pour l’hiver. Ca parait facile comme ça, mais attention, comme de nombreux autres styles musicaux, celui-ci ne supporte pas la médiocrité. A savoir que les harmonies faciles, les morceaux mielleux envahis de clavier furent légion et ont à travers l’histoire constellé de mauvais albums uniquement destinés à appâter le gogo romantique. C’est un travers que l’on retrouve souvent chez les groupes US (même les plus grands sont tombés dans le piège, de REO à JOURNEY en passant par FOREIGNER), mais qui, heureusement, ne fait pas partie de la panoplie nordique.
Et c’est justement de Suède que viennent les membres de ELEVENER, oui, la patrie d’EUROPE, celui de The Final Countdown, et justement, When Kaléidoscopes Collide le premier LP d’ELEVENER avait quasiment les mêmes défauts, à savoir un son synthétique assez pénible.
Mais pour ce second effort, le quintette à redressé la barre, et place aux guitares, aux morceaux estampillés Rock, et aux ballades tout sauf mièvres.

Les esprits chagrins iront bien sur chercher l’affiliation JOURNEY, monstre irremplaçable et porte drapeau du genre qui nous concerne, mais comment éviter la comparaison, aussi réductrice soit elle…
Alors qu’il faut plutôt aller fouiner du côté de BAD HABIT, voisins de ELEVENER, et maîtres es équilibre entre mélodies et puissance pour trouver une ressemblance quelconque. La voix de Pierre Wensberg n’est d’ailleurs pas si éloignée que ça de celle de Bax Fehling, et cette alternance de moments doux et d’accélérations Rock est aussi un point commun entre les deux combos suédois.

Alors parlons donc de Symmetry In Motion (le nom du groupe et le titre de l’album sont quand même trompeurs, on pourrait légitimement s’attendre à écouter le LP d’un groupe de Metal progressif….) je vous prie, mais pour en dire quoi ?
Que c’est un album aux morceaux calibrés, aux harmonies millimétrées, dont l’interprétation sans faille ne sert pas de paravent à une exécution stérile de hits préparés à l’avance, mais représente bien l’application mise en exergue par cinq musiciens impeccables, jouant une musique qu’ils ressentent, et qui finit par en être transfigurée.
Les tubes ne manquent pas à l’appel, et comme à chaque réussite flagrante dans le petit monde de l’AOR, on a l’impression démente d’écouter un Best Of tant chaque morceau est une merveille à lui tout seul. Entre les condensés d’énergie hautement alimentés en mélodies superbes (« Just As I Thought » qui lui sonne vraiment JOURNEY, « Hypnotized » et son refrain imparable, le nerveux « Never Would I », le presque Heavy « Tearing me Down »), et les ballades tout sauf coulantes ( Le très DARE «Dare To Love » et ses percutions bienvenues, la fausse blue song « Heal Me » et son doux parfum d’intro à la WHITESNAKE), ce qui donne donc au final un LP quasi sans faille pour les fans du style.

Les autres useront du sempiternel argument frelaté « Ouais, c’est bien, mais on a l’impression d’avoir entendu ça mille fois », que je ne me fatiguerai pas à contredire.
Car si Symmetry In Motion ne propose effectivement aucune idée vraiment novatrice, il se permet d’aligner onze titres sans temps mort, avec des harmonies travaillées et tout sauf téléphonées. Le savoir faire suédois en quelque sorte.
Donc, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire si l’Adult Orientated Rock est votre tasse de thé. Achetez Symmetry In Motion, car il n’y a vraiment aucune chance que vous le regrettiez !