GHOST BRIGADE (fi) - Until Fear No Longer Defines Us (2011)
Label : Season Of Mist
Sortie du Scud : 19 août 2011
Pays : Finlande
Genre : Death / Doom Metal Mélodique Progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 58 Mins
Isolation Songs a été un album phare dans la carrière du groupe, celui qui a vraiment révélé son potentiel, et lui a apporté la reconnaissance. Ayant reçu un accueil dithyrambique, et pléthore d’invitations pour tous les gros festivals d’été, ainsi que l’occasion d’ouvrir pour leurs confrères d’AMORPHIS, en 2010, GHOST BRIGADE a clairement été propulsé en pleine lumière. Cependant, un succès aussi rapide a également ses inconvénients. Désormais, l’on place encore plus d’attentes derrière ce nouvel album, Until Fear No Longer Defines Us, au vu du talent que le groupe a su confirmer.
Débutant avec « In The Woods », titre acoustique original, demeurant paisible, mais qui aurait sans doute mieux fonctionné en fin de parcours, le disque laisse immédiatement transparaître une production plus claire. Avec des sonorités plus brutes et une réduction de l’aspect atmosphérique, les sections d’arpèges, de nouveau constituant l’intro de plusieurs titres, émeuvent bien moins qu’elles le devraient. Aleksi, qui s’occupait des claviers, a donc une participation pratiquement inexistante au sein des morceaux. L’on note, quand même, « Chamber », qui s’avère, à l’exception du chant, une piste purement Post-Rock, au travers de ses schémas rythmiques allégés et ses nappes aériennes discrètes. Néanmoins, l’ambiance générale se fait grave, marquée par des riffs sombres prononcés, mais dénués de profondeur émotionnelle, en dépit du rajout de violoncelle sur le final attristé du groovy « Torn ». Car si la basse manque à l’appel les premières minutes, elle ne reste pas longtemps dans l’ombre à se contenter de vibrations anodines. Janne s’impose, par exemple, en dépeçant le riff malsain de « Breakwater », plage massive et rugueuse, à l’image de la peur tapie au fond de chacun. C’est aussi une piste qui met en avant le côté plus sombre et Doom des Finlandais.
Les alternances continuelles entre ce type d’ambiance et les sections placides portées par les arrangements clairs (cymbales, arpèges, tom alto) sont toujours de la partie. L’on essuie donc, avec plaisir, les variations efficaces des contrastes, tranchant dans le vif les passages intimistes. Des actions dominées des riffs grondants, mais familiers, du duo de guitaristes, comme le montre « Clawmaster », avec ses lignes convenues, très proches de l’album précédent. Il faut savoir, également, que les compositions ont été simplifiées pour pouvoir être jouées sur scène. Cela n’empêche pas Wille et Tommi de greffer des leads de qualité et des riffs poignants, qui transcendent la rythmique emballée, tout comme le superbe solo qui vient sublimer « Grain ». Même si, les apports mélodiques semblent avoir été mis en retrait par rapport aux instruments ; et, par conséquent, se veulent parfois moins marquants.
En outre, l’on ne ressent clairement plus la même hargne à travers le chant extrême. Des vocaux hurlés qui paraissent trop souvent retenus vis-à-vis des capacités de Manne. Heureusement que l’harmonie entre sa voix et la tonalité prenante des leads produit toujours son moment de ravissement. Et, bien que pas assez extériorisés, il arrive, qu’au détour de « Cult Of Decay », les vocaux se fassent abyssaux, magnifiant un titre déjà très réussi de par la collaboration fructueuse de ses cordes. Cependant, malgré quelques bons refrains, le niveau ne surpasse pas ce que le groupe présentait il y a deux ans. Peut-être que la prédominance de la voix claire en est responsable ? Le frontman conserve son organe à la beauté aérienne, mais ne cherche guère à nuancer ses propos et tente, en compagnie des leads, de partager des émotions auxquelles l’on n’est pas forcément réceptif. A l’instar de « Divine Act Of Lunacy » qui ne se démarque que par son solo de batterie et son splendide refrain, l’alchimie entre le chant de Manne et l’instrumentation n’est pas des meilleures, et laisse parfois les morceaux se perdre en une monotonie rythmique dérangeante. Et, effectivement, le dynamisme est moins présent au sein des pistes, empêchant aussi les cordes de convaincre à chacune de leurs envolées. Un ménagement des structures qui en devient frustrant. Bien que Veli-Matti évite les accélérations de la cadence, stagnant sur des mid et low tempo, il sait se montrer imposant (« Traces Of Liberty »). L’album se conclut sur « Soulcarvers », une de ses pièces maîtresses, où la voix suave et désenchantée de Manne se termine en hurlements provenant des tripes, tels qu’on les aurait voulus sur les autres titres.
GHOST BRIGADE affiche toujours un talent de composition de haut niveau et le démontre au travers des différents agencements d’ambiances présents sur les pistes. Des sections intimistes et aériennes, aux escarmouches souvent vigoureuses, le groupe parvient même à surprendre, par moments. Néanmoins, l’attente qu’avait créée Isolation Songs pour ce nouvel album - l’espoir de retrouver la magie de la sortie de 2009 propulsée à un niveau impensable - peine à être comblée avec Until Fear No Longer Defines Us, qui se contente de jouer dans une cour majoritairement connue. Si les Finlandais affichent une écriture bien pensée, l’exécution est moins réussie. La disparité des contrastes efficients que le groupe avait mis en place ne permet pas à ces nouveaux morceaux, essentiellement portés par le chant clair, de convaincre totalement, que ce soit émotionnellement ou musicalement.
Ajouté : Vendredi 14 Octobre 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Ghost Brigade Website Hits: 9014
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