N'en déplaise aux fans d'HYPOCRISY, cela fait maintenant quelques années que PAIN n'a plus rien d'un vulgaire side-project dans l'esprit et le portefeuille de son créateur. Délaissant volontiers le groupe de Death qui l'a fait connaître, Peter Tätgren préfère actionner la planche à billets tous les 2 ans, quitte à tomber dans la redite et le remplissage. Et il faut bien l'avouer, depuis le très décrié Cynic Paradise ça commence à se voir comme la cellulite sur les cuissots de Loana. Pas idiot, notre auteur-compositeur-interprète-producteur-businessman semble bien décidé à redresser la barque avec une nouvelle livraison taillée pour réconcilier le public d'HYPOCRISY avec PAIN. On peut toujours rêver...

Trop commercial, PAIN ? Allez, on vire les reprises pop et les petites mélodies faciles en forme de ringtones.
Trop de remplissage ? Sélection drastique des morceaux : 9 pas plus.
Bon ça va pas nous faire un album de Brutal Death mais cette petite cure d'austérité a quand-même porté ses fruits : on peut enfin écouter un album de PAIN sans avoir à dégainer sa télécommande toutes les 5 minutes pour zapper les daubes. Bien sûr, certains titres sont meilleurs que d'autres, mais aucun n'est mauvais et tous ont leur propre identité. "Let Me Out" ouvre l'album sur une tonalité vaguement Heavy-Speed où l'on pourra voir des réminiscences de la collaboration avec la chanteuse de NIGHTWISH sur Cynic Paradise. Déconcertant au début, ce titre se révèle finalement une bonne entrée en matière. On trouve ensuite les PAIN-songs habituelles, taillées pour les stades et les radios. Mention spéciale à "Fear Of The Demons" qui sort l'artillerie lourde avec une belle efficacité. Puis vient "Dirty Woman", petite fantaisie hard-rock rafraichissante où Peter enfile le marcel de Bon Scott pour une étonnante performance vocale. "We Want More" revient ensuite aux recettes habituelles et donne l'occasion à Peter d'exprimer une fois de plus sa vision très pessimiste d'une société courant droit à sa perte. Il aura fallu attendre le 7ème titre pour trouver une ballade, signe d'une évidente volonté d'aller au charbon. Et c'est tant mieux. De toute manière, les ballades, sans être mauvaises, ne sont pas le point fort de cet album. D'ailleurs, comme pour s'excuser de tomber dans cette (très relative) mièvrerie, Tätgren a judicieusement intercalé le bien nommé "Monster" entre les deux ballades; un titre aux couplets Death pas si éloignés d'HYPOCRISY.

S'il ne révolutionne pas le genre, You Only Live Twice permet à PAIN de revenir dignement sur le devant de la scène. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher l'absence d'une ou deux véritables bombes qui mettent tout le monde d'accord et une durée un peu limite. A ce sujet, pour ceux qui veulent prolonger l'expérience, il y a l'édition collector contenant pas moins de 9 titres supplémentaires sur un deuxième CD. Au menu, un inédit largement au niveau de ce qu'on trouve sur l'album, 4 remixes techno pré-pubères constituant la négation parfaite des mots "art" et "musique", et 4 lives très honnêtes tirés de la tournée de 2009. Ce brave Peter prouve ici qu'il assure en live et qu'il possède l'âme d'un vrai gentleman : "Do we have any girls in the audience? We've got a song for you... This one is called... Bitch!"