The Va’Adian Chronicles du groupe français POLARIS me rappelait vaguement un autre groupe sur lequel je n’arrivais pas à mettre un nom avant de consulter mes archives. Un concept futuriste, un packaging soigné, une tracklist qui annonce la couleur, un artwork de science-fiction, un press-book épais et racoleur, il y a deux ans j’écrivais pour le groupe niçois ANTHROPIA et l’histoire à dormir debout que nous racontait The Chain Reaction (celle d’un amour impossible entre deux robots) m’avait tenu assez longtemps éloigné du Heavy et/ou Power progressif. Alors quand je lis ici que cet album nous narrera une histoire de SciFi se déroulant au 26ème siècle, relatant un règlement de compte entre humains et Va’Adians et que « la vérité et les secrets qui se cachent derrière cette guerre seront finalement révélés », j’ai envie de demander « ça intéresse qui ces histoires ? ». Même les geeks boutonneux feraient mieux de passer à côté de ces fables. Par contre, l’amateur de bonne musique retiendra probablement son attention sur cet opus, qui, il faut l’avouer, est assez bien construit.

Je suis certes extrêmement réfractaire au style qui nous est proposé ainsi qu’aux albums qui n’en finissent jamais, mais je dois dire que POLARIS à le chic pour bien faire passer la pilule. Tout semble avoir été mis en œuvre pour un rendu le plus professionnel et le plus complet possible, et ce malgré le statut d’autoproduction. Le quintet français nous embarque très vite à bord de son vaisseau spatial (ok, elle était facile) et nous propulse haut, très haut, par-delà la stratosphère avec son Heavy Metal couillu et très traditionnaliste. Seuls les claviers de Fabio nous feront parfois rentrer dans des ambiances moins terre-à-terre et plus futuristes. Sinon, excepté les paroles, rien ne laisse paraître du concept ici traité. Je dirais même plus, s’il est sain de corps et d’esprit, le Heavy de POLARIS n’a rien de bien surprenant et se rapproche des grosses pointures que sont GAMMA RAY, RUNNING WILD ou GRAVE DIGGER avec la touche d’exubérance d’un DREAM THEATER. On ne peut pas pour autant dire qu’il est fade, tant ses incessantes variations, qu’elles soient rythmiques, instrumentales ou vocales offrent du coffre et une belle robe à cet enregistrement. Mais parfois, a trop vouloir s’inspirer de ses idoles, on se casse la gueule. POLARIS trébuche à peine. Sur la justesse du chant, à quelques reprise, quand Douchan se prend un peu trop pour son idole Rob Halford ou quand on tombe sur une compo comme « Chaos Unleashed », très accessible, très sombre avec un chant plus graveleux mais qui surprend dans cet océan de solos interminables, de nappes de claviers cybernétiques et de chant emplis de trémolos. Immanquablement épiques, leurs créations tirent parfois un peu trop sur la corde et s’allongent inutilement. POLARIS trouve souvent l’accord parfait mais le surjoue aussi terriblement, ce qui lui enlève de sa crédibilité déjà bien entamée avec les photos promotionnelles. Je passerais sur les 7 minutes d’« Infinity » et les 6 de « Recurrent Dream », les inévitables ballades mièvreuses qui donnent envie de se taper la tête contre une carcasse de Predator mort. Il vous faudra être bien accroché pour tenir le rythme pendant ces 80 minutes de Heavy pur jus, lorgnant fréquemment sur le Power d’un STRATOVARIUS mais c’est l’effort à fournir pour rendre hommage à ces cinq musiciens qui ont voulu aujourd’hui partager avec nous leur goût du travail bien fait.

Ce disque s’écoute avec plaisir et aisance. Pas sûr qu’il fasse le tour du monde mais dans sa structure, dans ses arrangements, dans sa composition, il ne manque aucunement de cohésion. Je ne suis pas un grand expert de Heavy Metal mais il y a des signes qui ne trompent pas. Et je pense que quand on tape du pied, quel que soit le style, c’est de bon augure.