Dans la bataille 100% germanique RAMMSTEIN / OOMPH!, on peut dire que le combat à tourné au KO en faveur de Till et sa bande. Ils ont d’abord conquit l’Europe, puis les Etats-Unis, puis le monde. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de Tanz Metal, il n’y a pas photo, RAMMSTEIN occupe la première place au podium, et il est même difficile de suggérer le nom des seconds pour qu’il apparaisse dans un quelconque référendum.
Dommage.
Car les deux sont indissociables, et complémentaires.
RAMMSTEIN, c’est la provoc’, le sexe, le stupre. OOMPH! la séduction, la moiteur, le versant dansant. L’un n’a pas lieu d’être sans l’autre, comme si on se contentait de coucher avec une femme sans la prendre dans ses bras avant.
Rendons justice.
Quatrième Best-Of dans la carrière de OOMPH!, ce qui en dit long sur leurs intentions. Mais la différence de Truth Or Dare est son application dans la langue de Shakespeare. Et je serais tenté de dire que c’est bien, mais plutôt pas bien. Je m’explique.
Se concentrant majoritairement sur ses trois dernières livraisons, OOMPH! propose ainsi à son public un peu de diversité, tout en s’ouvrant au marché international. Ce qui en soit constitue un semi aveu d’échec. RAMMSTEIN n’a pas eu à diluer sa force germanique dans la douceur des sonorités anglo-saxonne pour mettre le monde à genoux, et c’est tant mieux.
Mais Truth Or Dare n’en constitue pas moins une formidable voie de traverse pour s’immerger dans le monde si surprenant du trio.
Les nouvelles versions sont la plupart du temps vraiment fidèles aux originaux, toutefois les textes divergents parfois un peu, ce qui, ne le cachons pas, n’est qu’une digression mineure. En effet, pas le moindre inédit à se mettre sous la dent, je pensais les allemands un peu plus généreux.
Au rayon petit plus qui tue, l’adjonction de voix féminines fameuses (Sonja Kraushofer sur « Brennende Liebe », Sharon Den Adel sur « Land Ahead », Marta Jandova sur « Traümst Du ») donne parfois un relief supplémentaire, ou du moins une patine différente à des morceaux dont l’ambiance initiale était plus « dure ».
Mais pour le reste, nous sommes en terrain balisé, pas de surprise, c’est le monde de OOMPH!, avec son savant mélange de Tanz Metal machinal et d’EBM organique. Ce qui est plus gênant, et c’est une impression que l’on a depuis quelques années, c’est que le groupe ressemble de plus en plus à une combinaison entre un JESUS ON EXTASY et KMFDM, perdant de fait son identité de départ, pour devenir plus abordable. Cette impression est renforcée par la sortie de ce Best-Of qui n’a donc pas eu l’effet escompté. Et sa réussite en demi-teinte vient fortement étayer ce jugement.
A force de vouloir accentuer son côté commercial à grands coups de refrains mélodiques et d’effets de manches au niveau des arrangements et de la production, le groupe a laissé sur le bord de la route son emprunte ADN, au point parfois de sonner comme MARYLIN MANSON ou SPINESHANK.
C’est vraiment ce qu’il ressort de cette compilation selon moi en tout cas.
Alors OK, ça reste du OOMPH!, donc de la qualité, mais le tout est devenu tellement mainstream qu’on se détache petit à petit.
Ou sont passés les Sperm et autres Unrein, si uniques, si séduisants ?
Alors oui, on ne peut pas reprocher à un groupe de vouloir évoluer, mais l’évolution forcée sous de mauvais desseins ressemble plus parfois à une stagnation, voire une dépréciation.
Cela dit, pour tous les néophytes, Truth Or Dare restera un bon album pour danser en se secouant la tête dans tous les sens.
Ce qui n’est déjà pas mal.