NUCLEAR ASSAULT (usa) - Game Over (1986)
Label : Combat Records
Sortie du Scud : 1986
Pays : France
Genre : Genèse du Thrashcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 36 Mins
Lorsque l’on parle de fusion entre le Thrash et le Hardcore, le premier album qui vient à l’esprit est le fameux Crossover de D.R.I. Peut être justement à cause de son trop fameux titre.
Et a tort.
Tout ça parce que D.R.I écumait la scène Hardcore depuis déjà des années et qu’ils avaient acquis à la force du poignet et de performances live brûlantes une réputation plus qu’honorable. La reconnaissance par la connaissance. Dommage.
Mais les vrais pionniers viennent d’ailleurs…Et d’avant surtout.
Considérant que Crossover de D.R.I est sorti en 1987, et que Game Over de NUCLEAR ASSAULT le précède d’un an, on peut donc affirmer que ces derniers sont les véritables « inventeurs » du style.
Alors on peut gloser bien sur, et dire que les BLACK FLAG à cette époque flirtaient déjà avec le mélange des genres. Mais à force de fondre le Metal dans le Hardcore, ils avaient fini par ne plus jouer ni l’un ni l’autre.
On pourrait aussi parler de l’album éponyme de CARNIVORE, sorti la même année. Mais non, trop lourd, trop bâtard, trop méchant et vulgaire.
Et pas assez impliqué surtout.
Mais revenons à nos moutons.
Dan LILKER, sorte de caniche géant préposé dès sa naissance à faire de la pub pour Head & Shoulders, s’ennuie ferme dans son groupe d’origine. Il est vrai qu’ANTHRAX, aussi furieux soient ils, sont désespérément Thrash Metal, et de surcroît, fun. Pas bien méchant tout ça.
Alors, après une escapade en compagnie de ses comparses Scott et Charlie, renforcés par le taré notoire Billy MILANO, Dan se rend compte que la fusion de la puissance du Thrash et de la vitesse et de l’implication politique et écologique du Hardcore lui sied à merveille.
Alors, conjointement avec John CONNELLY (qui, coïncidence troublante…ou pas, avait aussi fait partie d’ANTHRAX !), il décide de fonder un nouveau combo fusionnant les deux genres pour ne plus en faire qu’un.
Et de cette union, naquit Game Over, le premier « véritable » album de crossover Thrash/Hardcore…
Et on ne peut pas dire qu’ils nous ont pris en traître, car dès l’intro, ça galope ! « Live, Suffer, Die », un bon résumé de la vie ma foi ! Speedcore comme il faut, avec cette rythmique qui colle aux basques comme un contrôleur des impôts !
Comment recenser un par un les brûlots qui jonchent cette galette…Entreprise vaine dès le départ, mais je dois admettre quand même que certains titres méritent une attention particulière.
Si la structure générale des morceaux respecte un code bien précis, qui consiste la plupart du temps en une première approche Heavy qui dégénère vite en furia Thrash (« Cold Steel, « Betrayal »), ou bien une attaque linéaire modérément Speed plus proche des us et coutumes du Hardcore (« Sin », « Stranded In Hell », « Vengeance »), on trouve quand même quelques exceptions notables.
« Radiation Sickness » est ainsi la plus Thrash du lot avec son tempo très chaud, embrasé qui plus est par le chant très habité de John. Une pépite !
« Nuclear War » est quant à elle totalement Heavy, et assez révélatrice de l’optique qu’adopteront les NUCLEAR un peu plus tard, à l’occasion de sorties telles que Survive, ou plus encore, Handle With Care. Mais si les piqûres futures auront l’effet d’un très faible anesthésiant, en 1986, on était plus proche de l’assommoir à éléphant !
Et comment passer sous silence les deux private jokes que sont « Hang The Pope » et « My America ». Le premier, authentique hymne Speedcore aura laissé beaucoup de traces chez les fans et sur les routes, avec son rageur « Hang The Pope, Hang him with a fuckin’ rope ! ». Ca a au moins le mérite d’être drôle !
Non ? Et bien la fausse profession de foi nationaliste qu’est « My America » vous contentera sans doute plus, avec son ironie à peine déguisée.
Tout ça pour en arriver où me direz-vous ?
A « Brain Death », LE morceau de choix de Game Over.
Débutant comme une ballade à la SCORPIONS avec ses guitares acoustiques nostalgiques, il s’emballe bien vite pour atteindre les cimes de l’agression contrôlée. Atypique avec ses sept minutes au compteur, ce morceau développe toutes les ambiances qu’on est en droit d’attendre d’une rondelle de ce calibre. Et après un pont Heavy qui s’étire sans jamais lasser, grâce aux nombreuses variations que lui insufflent les musiciens, on repart de plus belle et la machine s’emballe avant de stopper net.
Quel dommage que le gang n’ait jamais réussi à reproduire cet exploit…
Et en parlant un tant soit peu des lyrics, une fois de plus, le groupe se plaçait en marge de son époque, et évoquait les risques de la menace nucléaire, l’écologie, et la survie de la race humaine, soit un discours plutôt positif, à cent lieues de la démonologie de bas étage, en vogue à cette période. Intelligents vous dites ?
La suite de la carrière des NA fut moins glorieuse. Ils réussirent presque à réitérer cet exploit grâce au mini LP The Plague, ils parvinrent à rester au premier plan avec le bon Survive, firent illusion sur quelques excellents titres de l’anodin Handle With Care (dont le monstrueux « Critical Mass », un des meilleurs morceaux de Heavy Thrash jamais composés), et puis plus grand-chose.
Dan Lilker, toujours friand de brutalité nouvelle s’en ira fonder le très Grind BRUTAL TRUTH, laissant ses anciens amis le bec dans l’eau. Avant de se reformer il y a quelques années pour un live, puis un nouvel album intitulé Third World Genocide. Comme quoi les convictions politiques de gauche les titillent encore.
Mais rien ne saurait approcher de près ou de loin cette flamme extraordinaire qui faisait briller Game Over comme une centrale nucléaire en pleine nuit.
Comme quoi, lorsqu’on ressemble à un caniche géant, on peut vraiment avoir du flair parfois.
Ajouté : Samedi 28 Août 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Nuclear Assault Website Hits: 13885
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