Quelle serait votre réaction si, à l'achat du dernier Super Mario Bros sur Wii, vous réalisiez que la bande-son originale est en fait un savant mélange de breakdowns et de pig-squeals ? Hein ? Que diriez-vous ? Que Monsieur Iwata a perdu la raison ou que WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER n’a que ce qu’il mérite ? Probablement un peu des deux. Je reconnais que j’ai attendu le jour où j’écrirais enfin pour le combo allemand depuis la nuit des temps et c’est un honneur que d’accomplir ce devoir aujourd’hui. Vous l’aurez compris ou pas : WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER est mon groupe favori. Bien sûr, pour décrocher ce précieux sésame, il fallait que les heureux élus jouent dans la catégorie Deathcore. Mais pas n’importe lequel. Pas celui qui enchaine bêtement les blasts et les breakdows mais celui qui parvient à vous faire frissonner de l’intérieur grâce à de savantes combinaisons Electro, des brisures rythmiques orgasmiques, des mélodies enfantines et une réputation de petits branleurs impétueux.
Deux ans après Das Monster Aus Dem Schrank, c’est le grand retour pour le duo (qui visiblement, n’en est plus un) avec Der Tag An Dem Die Welt Unterging, un deuxième full-lenght qui fleure bon le Popcore qui a fait leur réputation. Habituée à reprendre des comptines allemandes comme « Alle Meine Entchen » ou « Backe Backe Kuchen », la formation labellisée MySpace revient avec les mêmes intentions et le concept de la fin du monde pour fil conducteur. Dès « Der Anfang Vom Ende », on retrouve les samples électros pétillants et les riffs tranchants qui me font bouillonner de plaisir. WBTBWB est décidément le meilleur groupe qu’il m’ait été donné d’entendre ! Non seulement, les petits allemands sont adroits avec leurs instruments et à l’aise dans leurs pompes, mais chacune de leur composition possède ce sublime motif artificiel venu d’une autre planète. Les guitares, en dépit de l’apparence festive et pubères, sont très sombres et pessimistes (« Alptraumsong »), peut-être en adéquation avec le thème de l’album ? Der Tag An Dem Die Welt Unterging regorge d’atmosphères pesantes, de breakdowns chaotiques, de grunts porcins. La voix de Tobi, penchant parfois vers le Black offre une plaisante sensation de diversité. Une plage comme « Der Kleine Vampir » également, avec ses effluves Deutsch-rap. Les morceaux sont plus étoffés que sur l’opus précédent, la production est de qualité. Dans un feeling délirant, WBTBWB livre une parodie d’ULTRA VOMIT édulcorée avec « Oh Mama Mach Kartoffelsalat » (« Oh, Maman fait de la salade de pommes de terre ! ») qui s’introduit au bon souvenir de MARILYN MANSON et s’achève en envolées popisantes. Le duo vocal Marci / Tobi est juste grandiose et s’octroie une aisance incroyable. C’est une « Das Ende » très technique qui vient boucler la boucle et qui propulse mes protégés sous les feux de la rampe. C’est mérité ! Je pense que comme BETRAYING THE MARTYRS chez nous, ils ont du en baver avant de se faire applaudir. Ils se sont heurtés à un mur d’incompréhension, de critiques, de radoteurs old-school et de terroristes de la new-school.
On croit bien souvent que ce n’est qu’une mode. Qu’a force d’inventer des combinaisons loufoques, le Deathcore se tire lui-même une balle dans le pied. Que son espérance de vie diminue au rythme exponentiel des groupes qui voient le jour. Mais WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER est au-delà de tout ça. C’est probablement une mode. Mais au jour d’aujourd’hui, c’est le meilleur représentant de cette nouvelle génération qui prône le partage autour d’un pit, le défoulement musical et l’esprit de fraternité qui réunit les emo-kids. Après tout ça, il ne vous reste plus qu’à accepter, fataliste, la réalité des faits : le beurre se mariera à jamais sur vos tartines matinales comme WBTBWB avec mère Core. C’est ça la nouvelle génération ! Et je suis fier de l’aimer !