Callejon. Puta. Cabron. Je sens que ça va râler dans le public mais effectivement, dans la foulée d’un Zombieactionhauptquartier très réussi, n’en déplaise à mon ami Wong Li, les furieux coreux allemands de CALLEJON reviennent sur les traces de CALIBAN avec Videodrom, un nouvel album qui, à l’image de toutes les sorties Metal/Deathcore actuelles, à de quoi faire jaser. On leur reprochera d’être trop jeunes, de faire des visuels bien moches, de gueuler un peu trop fort, de manquer de cohésion mais surement pas d’être pétris de talent. Je vais donc, l’espace d’une chronique, me faire l’avocat du diable et défendre chèrement la peau de mes petits biquets qui, il faut l’avouer, m’ont facilité la tâche en trouvant masse d’arguments pour leur défense, sans ironie aucune.

Nous sommes donc confrontés à un disque dont l’artwork est déjà un bon motif de division. Concours de mauvais goût pour les uns, évoquant discrètement le groupe d’Electro français JUSTICE et franchement pas moche pour ma part, saluons unanimement le travail de BastiBasti, chanteur de CALLEJON qui est un graphiste très talentueux, comme l’en atteste ses travaux pour son propre projet mais également pour HEAVEN SHALL BURN et WAR FROM A HARLOTS MOUTH. Une fois la critique d’art passée, projetons-nous sur ce qui nous intéresse vraiment : la musique. Une fois l’intro terminée (électroniquement travaillée, soit dit en passant), « Videodrom » implose dans notre champ auditif. Et les comparaisons qu’on pouvait établir avec CALIBAN s’arrêtent net. Les deux formations n’ont plus grand-chose à voir et évoluent, chacune de leur côté, au sommet de leur art. CALLEJON a nettement progressé depuis son précédent jet. L’insouciance s’est muée en respect des règles musicales. Des refrains structurés, des couplets salvateurs pour un rendu somme toute très à la mode. BastiBasti varie de mieux en mieux sa ligne de chant. Il a acquis une belle tessiture dans ses screams et davantage de profondeur et de sensibilité dans les parties claires (la preuve sur le tube « Kinder Der Nacht »), une des marques de fabrique des allemands. Notre ami chante tout du long en allemand, ce qui pourra en gêner plus d’un, particulièrement ceux qui n’ont aucun goût en matière de musique, puisque le résultat est une vraie réussite. CALLEJON a écrit ici quelques compositions bien nerveuses comme « Lass Mich Gehen » qui tranche avec le côté Popcore de « Dein Leben Schläft » et sa ritournelle entêtante. Un vrai coup de cœur ! Bernhard et Buschy aux guitares ont carte blanche pour s’exprimer et le font avec brio dans des créations romantiques (« Mondfinsternis ») qui tapent dans le mile ! Peut-être suis-je un peu cœur d’artichaut mais c’est exactement ce genre de combo qui m’endurcit au quotidien et qui me détend. Je vous laisse volontiers le fait que les germains peinent un peu à se montrer créatifs, surtout vers la fin en dépit de l’excellente « Sommer, Liebe, Kokain ». Mais c’est inhérent au Metalcore qui n’a jamais été un genre foutrement intellectuel. Au moins, eux sont honnêtes dans leur démarche et même si vous n’avez pas le recul nécessaire pour faire la différence entre CALLEJON et toutes ces formations qui font la même soupe insipide, croyez-en mon expérience, Videodrom à toutes les qualités nécessaires pour justifier ces éloges. « Gott Ist Tot » et ses huit minutes parachèvent le succès et balance entre Hardcore sournois et ballade acoustique à tomber par terre.

Plus que jamais, je suis convaincu que CALLEJON est la meilleure alternative possible à la morosité et à l’énervement. Ils ne sont pas artistes, ni virtuoses mais ont-ils seulement la prétention de l’être ? Sans être inventif outre-mesure, le quintet est parvenu à concentrer l’essence du Metalcore dans une petite fiole fragile du nom de Videodrom. Et ce n’est pas un mince exploit. C’est pourquoi ils méritent toute notre attention. Et notre respect.