CRISTALYS nous propose aujourd’hui sa troisième offrance et, pour qui ne l’aurait pas encore compris, CRISTALYS met son Black Metal au service d’une idéologie identitaire qui mêle le rouge du sang qui coule dans nos veines au bleu de la royauté et au blanc de la pureté pour clamer haut et fort « l’amour des nôtres, la haine des autres », « unité, fraternité, au-dessus de tous », comme le clame l’« Hymne », sous forme de cri de ralliement, qui ouvre Suréminence. Faire l’apologie du patriotisme est-il plus condamnable que celle de la guerre, du suicide, du satanisme ? Libre à chacun d’en juger, mais que personne ne feigne de s’offusquer : la cohabitation entre thèmes sulfureux et Metal, c’est presque une raison d’être. D’ailleurs – et peut-être est-ce là l’effet pernicieux de la chose –, l’auditeur peut bien vite oublier le fond, porté par une forme entraînante, guerrière et galvanisante à souhait.
Leur précédente réalisation, Quintessence Celtique, pâtissait d’une certaine faiblesse au niveau de la prod et de la base rythmique, trop en retrait : autant dire que toutes les réserves sont ici levées et il convient de saluer particulièrement le travail de Wolfsangel (batterie). Pour une démo, CRISTALYS n’a en outre plus rien à envier à certaines productions professionnelles. Jugez plutôt : les Français ont enregistré et mixé au Sound Suite Studio (GREEN CARNATION, CARPATHIAN FOREST, NIGHTMARE…) sous la houlette de Terje Refnes. Arrivé à ce stade, autant dire que ça fait un peu mal au cul de toujours parler de démo, car je n’évoquais que la production, mais il y a aussi le livret, soigné, et le principal : la musique, maîtrisée de bout en bout. CRISTALYS n’hésite pas à proposer des compos dépassant allégrement les six minutes, avec cette aptitude, à l’instar des Belges de ANCIENT RITES, à conjuguer Black, guitares acoustiques (« Kaiser Barbarossa ») et riffs Heavy entêtants (« Gardiens et Conquérants », « Force et Honneur »), voire ici et là quelques breaks à la limite du punk rock (« Gardiens et Conquérants », « Gallus Malleus »). Les nappes de clavier sont bien présentes sur Suréminence et, sans être superflues, ne viennent que renforcer l’ambiance foncièrement épique de l’ensemble. Il n’y aurait d’épopée sans combats, physiques et/ou spirituels et, à ce titre, les blasts sont aussi de la partie (« Parcium Transsalpinarum Wayvoda ») : CRISTALYS entend tout autant convaincre par le glaive que par le verbe, haut et fort de Northail. Avec Suréminence, les Français continuent leur progression musicale. Prochaine étape : une signature sur un label ? CRISTALYS est-il prêt à vendre son âme ? Rien n’est moins sûr, d’autant qu’il l’a déjà vendue : à la défense résolue de ses fiers ancêtres et de ses racines.