STRATOVARIUS (fi) - Polaris (2009)
Label : Edel France / VS Music
Sortie du Scud : 18 mai 2009
Pays : Finlande
Genre : Renaissance du Phoenix
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 56 Mins
Qui donnait cher de la peau de STRATOVARIUS il y a encore quelques mois ? Après les dérives de ces dernières années et des blagues de potache indignes de figurer dans une édition illustrée de Mein Kampf pour enfants, des algarades à n’en plus finir entre les membres du « groupe », il est clair que la côte des finlandais était retombée comme un soufflet raté.
D’un statut de leader du Heavy symphonique et progressif européen, STRATO était passé à celui de gag, d’arlésienne un peu comme GUNS ou HELLOWEEN au milieu des 90’s. La question était de savoir si il restait aux nordiques une porte de sortie, histoire de disparaître discrètement, ou bien de revenir au premier plan avec leur splendeur d’antan.
La réponse fut légale, et le combo qui résiste à tout même au froid se scinda en deux, avec Timo qui partit voguer vers de nouvelles aventures au sein de REVOLUTION RENAISSANCE, laissant à ses ex comparses le soin de faire résonner le nom de son ancien groupe de par le monde.
Mais sans son poumon, dans quel état de santé allait-on retrouver le commandant en chef des forces progressives nordiques ? Moribond ? A bout de souffle ? Sans créativité ? Transfiguré ?
Je suis sur que vous attendez la réponse avec impatience, alors je ne vais pas vous faire languir…
Mettons d’abord les choses au point avant d’aller plus loin. Je ne suis pas, loin s’en faut, un fan de STRATO. Je connais leur discographie, j’étais là quand le premier album est sorti, mais mis à part l’excellent Infinite, je n’ai jamais véritablement fondu pour leur musique, aussi réussie et inventive soit elle.
C’est donc une opinion extérieure à laquelle vous aurez droit, objective, dénuée de tout sentimentalisme intempestif.
Et en tant que focalisateur zéro, je dois vous avouer que je considère Polaris comme un excellent album, peut être même le meilleur de Jens et sa bande. Analysons pourquoi je vous prie.
Premièrement, le groupe n’a pas changé de style. On retrouve toujours les composantes qui ont fait son succès, de la voix chaude et particulière de Timo Kotipelto aux lignes de clavier volubiles de Johansson, en passant par la batterie surpuissante de Jörg Michael. Les mélodies sont bien sur plus qu’omniprésentes, et un hit tel que « Forever Is Today » saura vous rappeler au bon souvenir de « Freedom » ou « Hunting High And Low ».
Les morceaux ont été extrêmement travaillés, et les arrangements multiples ne sont pas là par hasard. Le formidable diptyque « Emancipation Suite » reste un modèle de composition intelligente, avec sa confrontation de tempi lourds et de riffs oppressants et d’harmonies douces et hypnotisantes.
D’ailleurs, STRATOVARIUS a ouvert la réserve d’influences, et l’album possède de fait une aura toute nouvelle, un peu moins « bonne humeur » que d’habitude. Certains morceaux se font plus sombres, dans l’optique d’un TAROT par exemple, ce qui donne à l’ensemble un cachet plus « gothique », bien que j’exècre ce terme.
A ce titre, le morceau d’ouverture en reste un parfait exemple, et les lignes vocales évidentes laissent une belle place à des chœurs en demi-teinte.
Mais le point fort de Polaris reste le talent dont fait preuve à tous les instants le nouveau guitariste du combo, Matias Kupiainen, qui tricote comme un beau diable, et se montre particulièrement agressif en rythmique, mais terriblement fluide en solo. Une nouvelle recrue de choix, qui permet au groupe de rester en première ligne et de voir venir assez tranquillement.
Les morceaux a consonances assez Pop assurent leur partie commerciale en diable, et on pourrait citer des automatismes comme « Falling Star », ou « Higher We Go » qui respectent la tradition d’antan, tout en se conformant aux nouveaux standards, aidés en cela par une production franchement impeccable et brillante.
Car le son a lui aussi fait peau neuve, atteignant même la perfection dans le genre bien souvent, en compressant la batterie au maximum pour qu’elle n’occupe pas tout l’espace lors des cavalcades rythmiques, et en donnant à la guitare une brillance qui rappelle certaines productions de JUDAS.
Au niveau des surprises, on peut noter des choses assez inhabituelles comme ce « Winter Skies » et sa basse très ronflante, totalement au service d’une compo très oppressante, ou encore le très SENTENCED « Somehow Precious », et son chant posé sur quelques notes de clavier, créant une atmosphère très étrange autant que belle…
Bilan en tout cas très impressionnant pour STRATOVARIUS qu’on n’imaginait pas se relever aussi vite et aussi bien. Ce qu’on aurait pu prendre comme un album de convalescence ou de transition, à la St Anger se révèle être une oeuvre de premier choix, un véritable triomphe, qui consacre un groupe uni, et enfin débarrassé de ses démons.
De là à considérer Timo Tolkki comme unique fautif du naufrage, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. Je me contenterai de saluer la performance admirable d’un groupe qu’on avait enterré trop tôt.
Ajouté : Samedi 25 Avril 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Stratovarius Website Hits: 16045
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