OCEAN (FRA) - Ocean (1981)
Label : Barclay
Sortie du Scud : 1981
Pays : France
Genre : Rock Dur et Inoxydable
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 32 Mins
La fin des années 70 et le début des années 80 ont vu l’émergence d’une nouvelle scène Rock française, dont les leaders furent incontestablement TRUST, TELEPHONE et WARNING. En 1981, les premiers ont déjà sorti 2 albums, dont le fumant Répression, et lâchent la même année Marche Ou Crève, et sa tournée marathon, les seconds peuvent s’enorgueillir de trois sorties, dont le furieux Au Cœur De La Nuit en 1980, et la bande à Rapha et Christophe ont fait sauter les esgourdes de pas mal de fans avec leur album éponyme.
Autant dire que la crise relativement bien installée, et le chômage qui pointe le bout de son nez dans les cités ne sont pas propices à des bluettes pour adolescentes en mal de love story (« La Boum » est toujours bien présente dans les mémoires !).
Au même moment, un autre combo volontaire sort son troisième album, aussi emprunt de rage que les autres, OCEAN.
Formé en 1974, et fort d’un excellent album paru en 1976, God’s Clown, très influencé par le Hard-Rock de l’époque (LED ZEP, BLACK SABBATH) ainsi que la scène progressive (KING CRIMSON, YES), OCEAN, lui aussi signé sur une major (Barclay), nous jette à la face un vinyle impeccable, bien plus irréprochable sur la forme et sur le fond que bien des cadors cités plus haut.
Un son phénoménal permettant d’apprécier tous les titres dans un confort optimal, il devient alors inévitable que le gang va lui aussi faire péter le tiroir caisse.
Et à l’écoute des neuf morceaux qui jonchent ce LP, il faut reconnaître qu’il y en a pour tous les goûts.
Ca démarre très fort avec « Aristo » et sa basse menaçante, et lorsque les guitares entrent en jeu, on ne peut ignorer une certaine ressemblance avec le Heavy européen, DEF LEPPARD en tête. Les lyrics revanchards se teintent des revendications de l’ère socialiste, et vogue la galère…Un titre haut en couleurs qui ne détone pas par rapport au reste des groupes français.
Même son de cloche avec « A Force De Gueuler », et son riff d’intro en ré que n’auraient pas renié les AC/DC. Le texte très Rock aurait très bien pu être signé de Bon SCOTT, avec son hymne aux concerts et à la folie des soirées dédiées à la sueur et l’énergie.
On continue dans le binaire bon ton, et « Attention Contrôle » très rebelle, rappelle dans le fond « Métro, C’est Trop » de AUBERT avec pour toile de fond une rythmique lourde et sans compromis.
« Qu’on Me Laisse Le Temps » casse un peu la structure avec son côté commercial et son chant aux sonorités très BALAVOINE. Chanson qui aurait d’ailleurs pu figurer sur les premiers albums de Daniel, avec ses vocaux mi-louvoyants mi-tendus, le tout posé sur un refrain qui explose, avant de revenir à un couplet aux cordes étouffées. Un moment fort de l’album, qui aurait certainement pu permettre au groupe d’accéder au grand public.
Mais « Rock n’Roll » résonne, et le texte lorgne encore du côté des poncifs du genre, appuyé une fois de plus par une ligne de basse épaisse qui s’agite lors d’un refrain/profession de foi qu’on ne peut contester.
Un titre basique, mais à écouter attentivement, ne serait ce que pour apprécier un solo d’anthologie qu’aurait pu jouer Nono.
« Berceuse » et son titre très trompeur sonne comme une douce récréation malgré l’évidente pêche qui l’anime, mais c’est surtout du côté des lyrics qu’il faut fouiller, car ils sont magnifiques d’ironie et de méchanceté gratuite.
« Louise » renoue avec la tradition du deux temps (pas celui des mobylettes !), et prend des allures de chanson d’amour urbaine, un peu dans la veine des DOGS, ou de STOCKS. Blues Rock sympathique au refrain contagieux (qui ressemble à s’y méprendre au « Same Ol’ Situation » de MOTLEY !), certainement le titre le plus attachant, quoique le plus faible du lot (« Quand elle enlève ses bas, je deviens fou », ça c’est du texte !).
Mais pas le temps de s’attarder, car l’album doit finir comme il a commencé, sur les chapeaux de roue, et si l’injonction du titre est révélatrice d’une réelle demande de la part du groupe, on n’a pas vraiment envie de les contredire ! Ainsi, « Dégage » clôt l’album de la meilleure façon qui soit, avec un Rock teigneux, prémices des futurs ATTENTAT ROCK, et plus proche de WARNING qu’il aurait paru au premier abord.
Las, après une tournée passant quand même par Bobino et Le Palace, OCEAN sera lâché par sa maison de disques (Polygram venant de racheter Barclay, et effectuant un grand ménage dans les contrats ne gardera pas OCEAN, incapables de négocier un bon deal de par la fatigue imputable à la tournée), et sortira un 45T en 1983, « Spécial Polar » avec Farid MEDJANE (futur…TRUST !), puis un petit dernier en 1986, « Juste Au Bout Du Désert » qui n’aura plus rien à voir avec le Hard-Rock…
Restent des albums impeccables, et une vraie réussite avec cet LP (parfois appelé Ocean III), qui avait su mêler authentique hargne et potentiel commercial digne.
Ajouté : Mercredi 22 Avril 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 10753
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