POSSESSED (usa) - Seven Churches (1985)
Label : Roadracer Records
Sortie du Scud : 1985
Pays : Etats-Unis
Genre : Genèse Du Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 39 Mins
Alors que l’on parle de plus en plus de retour aux sources, de bouffe bio, des vertus d’une hygiène de vie saine et d’un comportement moins misanthrope et plus tourné vers le communautarisme, il est bon de se souvenir que certains ont envoyé chier toutes ces belles théories bien avant nous.
Alors que les plus sensibles se remettent à peine des premières attaques en règle du Thrash, et commencent juste à apprécier les finesses de compositions de METALLICA, tout en continuant à vomir sur VENOM, HELLHAMMER et autres BATHORY, un groupe de flingués ricains décide de pousser le schmilblick un peu plus loin, histoire de voire si les mégères de Washington vont réussir à faire tenir leur brushing encore cinq secondes.
Inutile de tourner autour du pot (dans lequel pas mal de monde à déjà molardé !), Seven Churches est au Death Metal ce qu’Apocalyptic Raids fut au Black Metal. Une source d’inspiration intarissable, tant au niveau musical que visuel. POSSESSED a tout mis de son côté pour se faire étriller par le mainstream et la critique, de la pochette à queue fourchue (il faudra un jour m’expliquer ce que vient foutre le lettrage «chinois » du titre de l’album ici !), aux clous et autres flots de sang régurgités en back cover, mais surtout, une musique hermétique, violente à l’extrême, et de fort mauvais goût.
Jeff BECERRA anticipe à lui tout seul tous les futurs brailleurs de micro atteints de gastro-entérites carabinées, et inutile de chercher plus loin où Chuck SCHULDINER à trouvé son inspiration vocale. Et les shreds démoniaques de Larry LALONDE et Mike TORRAO ont du résonner plus d’une fois dans les esgourdes d’un certain Trey AZAGTHOTH, qui en sur-abusera quelques années plus tard dans son MORBID ANGEL si fortement inspiré au niveau guitares et rythme frénétique de ces précurseurs de l’outrage.
Inutile de chercher le moindre gramme de finesse chez POSSESSED, tous les morceaux qui constituèrent ce monstrueux Seven Churches ne furent composés que dans l’optique d’aller plus vite que son voisin, et de brailler plus fort en portant des tenues de scènes encore plus tape à l’œil. S’il n’y avait eu la splendide production de Randy BURNS, l’album serait bien vite retombé dans les travers de ses contemporains bruitistes, en servant une soupe innommable et inécoutable. Mais la clarté du son permet d’apprécier la régurgitation de bout en bout, avec ce titre d’intro qui doit encore en faire frissonner plus d’un, « The Exorcist » (merci Mike OLDFIELD, même pas crédité pour l’intro !), qui plante le décor encore mieux qu’une vierge blonde sodomisée devant une vieille église.
Difficile d’extraire un morceau plus qu’un autre, tant ils semblent former un ensemble homogène entièrement dédié au malin, même si la subjectivité me pousse à mettre en avant « Satan’s Curse » et « Evil Warriors » pour leur petite touche d’anticipation sur tous les débordements cacophoniques à venir.
Et bien sur, ne pas mentionner « Death Metal » tiendrait du blasphème, tant il incarne le signal du départ un peu en avance pour la meute de fous furieux qui débarqueront un peu plus tard (1987 pour Scream Bloody Gore de DEATH, 1989 pour Slowly We Rot d’OBITUARY et Altars Of Madness de MORBID ANGEL).
Alors rendons à César ce qui est à César. On peut considérer que le premier DEATH fut le réel point de départ du Death Metal, dans sa forme définitive, et plus facilement assimiler POSSESSED à du Thrash plus jusque boutiste que toutes les formations de l’époque, mais cela serait vraiment trop injuste pour ces quatre musiciens qui en débridant complément leur imagination et leur agressivité ont libéré une bête qui n’avait pas fini de semer la mort et la désolation.
Ni plus ni moins que l’équivalent en plus malsain du Reign In Blood de SLAYER, un an avant l’heure, Seven Churches renvoyait Hell Awaits dans les cordes, tant le chant de BECERRA suintait la méchanceté et la perversion.
Après deux albums moins cultes mais tout aussi bons, Beyond The Gates et The Eyes Of Horror, POSSESSED rejoindra l’enfer et BECERRA finira cloué dans un fauteuil roulant. Larry LALONDE s’en ira dans BLIND ILLUSION avant de former PRIMUS avec son compère CLAYPOOL.
Mais nous sommes nombreux à nous rappeler qu’un beau jour de l’année 1985, un groupe nous avait cloué au sol avec un volume sonore inédit pour l’époque, et rarement égalé depuis.
De toutes façons le bio c’est trop cher, et le communautarisme c’est chiant, faut se prêter sa brosse à dents. Moi je préfère la barbaque bien saignante, tout seul dans mon salon.
Pas vous ?
Ajouté : Dimanche 19 Avril 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 13001
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