Après "Songs For A Dying World", leur troisième album sorti l'année passée (le premier chez Silverdust Records) dans lequel ils arrachaient notre âme sans concession, on retrouve les Allemands de END OF GREEN pour un nouvel opus étourdissant, véritable carte postale en provenance des profondeurs de la folie qui réside dans la vie de tous les jours.

Avec "Last Night On Earth", ils abandonnent derrière eux toutes les conventions établies et s'enfoncent un peu plus dans leurs racines tout en prenant le risque de passer un nouveau cap et donner une dimension supérieure à leur engagement. Bien sûr, cet album n'est pas vraiment destiné à rendre joyeux son auditeur. Il est en fait abordé d'une manière plus malveillante, cynique et profonde que tout ce que le groupe avait l'habitude de montrer jusque-là. END OF GREEN se sert de sa propre dépression en l'enveloppant de mélodies efficaces et intenses et en répondant aux questions dont personne ne veut vraiment. Manifestement, les séjours vécus par les cinq membres du groupe dans le côté obscur de leur esprit semblent être utiles à cette démarche et s'avèrent d'une manière quelconque attirants.

Après un début d'album relativement calme, suivi dans la foulée d'un cri écorché introducteur, on vacille tout le long des neuf morceaux les uns mieux posés, habillés et ficelés que les autres entre voix claire, voix plus grave qui souligne l'aspect gothique d'un TYPE O NEGATIVE, voix nasillarde à la Mike Patton ("Dying In Moments") et voix plus poussée sur les refrains ("Evergreen"). Les titres sont accrocheurs à l'envi, "Demons", "Tragedy Insane" et "Highway 69" (à l'envergure d'un PARADISE LOST époque "One Second") sortant d'un poil (de bouc rouge d'un des membres du groupe) du lot. "Queen Of My Dreams", ballade Jerry Cantrellienne de neuf minutes et "Emptiness/Lost Control" de onze minutes à l'outro exclusivement au piano, coupe et ponctue respectivement l'album par leurs plages d'une langueur monotone (ah ah ah !) et hypnotisant ainsi que d'une mélancolie apaisante.

Entre Dark Metal et Gothic Rock, END OF GREEN fait donc preuve d'une extrême habileté pour sonner à la fois de manière poignante et hédoniste. Et "Last Night On Earth" se présente comme un voyage à travers cette fameuse dernière nuit sur Terre après laquelle rien n'est plus, et de façon irréversible, comme avant. A écouter tout de même avec modération car, tout en passant plaisamment dans l'air ambiant, ce disque peut lasser à la longue et l'overdose peut survenir plus tôt que prévue.