Lorsque j’ai glissé ce CD dans ma platine et que le premier morceau a commencé à faire son office, je me suis aussitôt dit, « Mon Dieu, encore un album de Death bien bourrin et sans imagination comme je les déteste ! ».
Et puis, j’ai laissé les titres défiler, et même si je suis persuadé que Servile Insurrection ne révolutionnera pas le genre, il saura se faire une bonne place chez les aficionados du genre.
Sorte de mix diabolique entre un MORBID ANGEL en plus torturé et un SUFFOCATION ultra technique, le nouvel effort de SEVERED SAVIOUR est de ceux qui ont le potentiel pour enthousiasmer, mais qui laissent un arrière goût de regret, tant on se dit que les choses auraient pu être développées autrement.
Les points forts de cette livraison sont sans aucun doute et en premier lieu une précision dans l’exécution véritablement impressionnante, un peu comme si le Lionel de BRAINDEAD avait réussi à dépecer tous les zombies sans se faire une tâche de sang. Les breaks se multiplient à l’envi, et les musiciens sortent des parties véritablement hallucinantes, comme si ils faisaient cuire une simple omelette.
Ensuite, il faut reconnaître que l’inspiration jazz qui domine certaines parties de guitare, ou même des passages instrumentaux entiers (à ce titre, écoutez plutôt « Question », pour son chorus de basse éblouissant, et son final imparable !) donne à l’ensemble une coloration inédite et savoureuse.
Le dernier atout, est bien sur la conviction avec laquelle les membres du combo jouent, et l’efficacité ultime qui se dégage d’une telle œuvre. Ca charcle, ça déboîte, mais ça ne lasse pas trop, et ils ont eu de plus le mérite de se limiter dans le temps afin de ne pas pondre un monolithe de 75 minutes.
Comme illustration de ces trois paramètres, je vous engage à vous envoyer séance tenante « Rewards Of Cruelty » et ses changements de rythme dignes d’un trip sous champis, « Fuck The Humans » pour son break à la Al DIMEOLA inopiné, et bien sur l’indispensable « Fecalphiliac », qui renvoie aux meilleures études classiques de CANNIBAL CORPSE, période Chris BARNES.
Le principal point faible découle directement d’un des points forts justement. On aurait souhaité que ces influences jazz prennent plus de place, et s’intègrent dans leur forme la plus pure, quitte à carrément verser dans le Death-jazz. Alors me direz vous, le propos de cet album étant d’offrir une vraie débauche de décibels propres à étancher la soif d’un fan de CARCASS dans le Sahel, ma remarque n’est sans doute pas très pertinente. Mais je persiste et je signe !
L’autre gros défaut est encore une fois une batterie triggée parfois aux confins du ridicule (c’est manifeste sur un morceau comme « Acts Of Sedition », ou la vitesse de jeu à la grosse caisse et la production lui confèrent des allures d’arrosage automatique, remarque valable aussi pour un des breaks de « Spoils Of War »…), qui ruine parfois un morceau entier par son caractère surréaliste.
Mais ne nous plaignons pas, le but est quand même atteint, et si vous cherchez un bon album de Death barbare mais pas exempt de certaines finesses, alors Servile Insurrection est pour vous.